© JACK GUEZ / AFP / GETTY IMAGES - Les débris du F-16I «Sufa» qui s'est écrasé en Israël après avoir été touché par des missiles sol-air syriens.
Le 10 février 2018, la Force aérienne et spatiale israélienne (IAF, Israeli air force) a annoncé dans un communiqué de presse qu'elle venait d'intercepter et de détruire en vol un drone qui venait de pénétrer son espace aérien et qui avait été lancé depuis le territoire syrien. L'appareil a été abattu par un hélicoptère d'attaque AH-64D «Saraf» du 113 Squadron.
Peu de temps après la destruction de l'aéronef, la Force aérienne israélienne a publié une vidéo de l'interception et de la neutralisation du drone. Bien que les images ne soient pas d'une parfaite qualité, on y distingue le drone de conception iranienne Saeqeh. Ce dernier a été officiellement dévoilé au public en octobre 2016, en présence du commandant du Corps des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran (CGRI). Sa conception est basée sur le discret drone Sentinel RQ-170 développé par Lockheed Martin, et dont un exemplaire a été récupéré par les forces armées iraniennes en décembre 2011.
Bien que la technologie qu'il emporte soit certainement d'une inférieure qualité que celle habituellement emportée sur les RQ-170 américains, le drone est toutefois détenteur d'une technologie poussée puisque sur la vidéo diffusée par l'IAF, on aperçoit le tir d'au moins une cartouche de leurre infrarouge.
La seconde partie de la vidéo se poursuit avec des images de ce qui est annoncé comme être de la destruction de la station de contrôle au sol du drone abattu précédemment. A ce sujet, le site The War Zone explique qu'il ne s'agirait pas d'une frappe aérienne effectuée par une bombe GBU classique guidée laser ou GPS. Il s'agirait plutôt d'un armement de type «man-in-the-loop», qui est contrôlé et dirigé vers la cible par un opérateur à l'aide de la caméra intégrée. Cette frappe aurait été effectuée avec un «drone suicide» Harop, qui emporte une charge explosive et va percuter son objectif (voir vidéo du procédé).
Après la destruction de ce drone, «en réponse au drone iranien qui a été lancé sur le territoire israélien et intercepté par l'armée israélienne», la Force aérienne israélienne a procédé lors d'un raid aérien «à la destruction de douze cibles en Syrie, dont trois batteries de défense anti-aérienne et quatre cibles iraniennes faisant partie des forces armées iraniennes déployées en Syrie», explique le communiqué de presse.
Selon Conflict Intelligence Team, la base aérienne syrienne de Tiyas (ou T4), située dans le centre du pays, a été détruire au cours de ces frappes aériennes et est aujourd'hui inutilisable. La tour de contrôle aurait été détruite, ainsi que des drones dont le type n'est pas précisé, une station de contrôle au sol et des bâtiments divers.
De son côté, Air Forces Monthly, détaille que les raids aériens ont frappé le 175th Missile and Artillery Regiment, au nord d'Izra, le 89th Air Defence Regiment de Jabab, une base de missiles balistiques à Al-Kiswah (où se trouvent des militaires iraniens), le 104th Airborne Brigade of the Republican Guard dans la région d'Ad Durayj, le 150th Regiment, au nord d'Aleqain et la 13th Brigade, au nord d'Ad Dimas. Au moins un drone Harop ou Harpy 2 a été utilisé comme une arme anti-radiations contre les installations de contrôle des drones iraniens sur la base aérienne T4.
Pendant les opérations aériennes, de nombreux vols commerciaux civils qui devaient se poser sur l'aéroport international de Tel Aviv Ben Gurion ont été placés dans des circuits d'attente à l'ouest d'Israël, au-dessus de la Méditerranée orientale, en attendant que la situation se calme et que les atterrissages puissent se faire en toute sécurité.
C'est au cours de ce raid aérien qu'un F-16I «Sufa» de l'IAF a été touché par le tir de multiples missiles sol-air SA-3 «Goa», SA-5 «Gammon», SA-6 «Gainful» et SA-17 «Grizzly» d'après les différentes observations des débris de ces missiles, dont des photographies ont été publiées sur les réseaux sociaux après que certains d'entre-eux soient retombés dans des zones habitées, notamment aux abords d'un bâtiment.
Other photos show that at least one missile was launched by another air defense system, the SA-6 Gainful ("Kvadrat") pic.twitter.com/ZesowHpkil
— CIT (en) (@CITeam_en) 10 février 2018
La Force aérienne israélienne n'a pas précisé si un ou plusieurs missiles sol-air avaient directement ou indirectement touché le F-16I, puisque le missile a la possibilité d'exploser au contact avec sa cible, ou il peut se faire exploser à seulement quelques mètres avant d'atteindre sa cible pour que la projection des éclats touche une plus grande superficie.
Quoi qu'il en soit, l'appareil touché a poursuivi son vol avant de s'écraser dans le nord d'Israël. En effet, l'appareil s'est écrasé dans la vallée de Jezreel, située à l'est de la ville côtière de Haïfa et au sud de la grande base aérienne de Ramat David. Cette dernière est occupée par le Squadron 109 «The Valley Squadron», le Squadron 110 «Knights of The North Squadron» et le Squadron 117 «First Jet Squadron». Ces trois escadrons sont tous équipés de F-16C/D Block 30.
Le pilote et le navigateur système d'armes se sont éjectés de l'appareil et ont été récupérés par un hélicoptère Black Hawk à proximité d'une route. Elle a été coupée à la circulation par les forces de police locale afin d'assurer une récupération en toute sécurité et pour protéger le site du crash, qui est maintenant occupé par les enquêteurs de Tsahal. La Force aérienne israélienne a affirmé que les deux aviateurs sont blessés, l'un légèrement tandis que le second plus grièvement. Il a été transporté à l'hôpital pour être soigné.
Mais ce F-16I «Sufa» n'aurait pas été le seul appareil accidenté au cours de cette opération. En effet, selon la chaîne saoudienne Al Arabiya, un F-15 aurait aussi été touché par un missile sol-air, mais l'appareil et son équipage ont réussi à effectuer un atterrissage d'urgence sur une base aérienne.