Du 18 au 22 avril 2017, un Antonov An-30B de l'Armée de l'Air russe a effectué plusieurs missions d'observation au-dessus du territoire français dans le cadre du traité «Open Skies» (ou Ciel-Ouvert, en français).
L'appareil, qui opérait depuis la base aérienne 123 d'Orléans-Bricy, était mis en oeuvre par des équipages navigants russes et biélorusses, selon Sergei Ryzhkov, responsable du Centre de réduction des risques nucléaires au Ministère russe de la Défense.
Ces missions d'observation ont une portée maximale de 2 078 kilomètres depuis la base de départ, soit celle d'Orléans-Bricy, située dans le centre de la France.
Elles sont programmées à l'avance et en coordination avec l'Unité Française de Vérification (UFV) de la base aérienne 110 de Creil et avec la Section Ciel-Ouvert (SCO) de la BA 123, qui participent elles-aussi aux vols afin de s'assurer du respect des règles du traité.
L'Armée de l'Air française explique que «l'UFV est chargée de l’exécution des mesures de vérification à l’étranger, ainsi que de l’accompagnement des équipes d’inspection étrangères sur le territoire français».
De son côté, la SCO «a pour mission de participer à la mise en œuvre du traité de maîtrise de l’armement 'Ciel ouvert'». Implantée en permanence à Orléans-Bricy, cette base aérienne «est l’unique lieu d’atterrissage et de décollage des avions étrangers dans le cadre de ce traité».
Dans le courant de la fin du mois de mars et début avril 2017, un C-130H Hercules de l'Escadron de Transport 2/61 «Franche-Comté» a mené plusieurs vols d'observation au-dessus de la Russie.
L'un d'eux, le 31 mars, a eu lieu au-dessus de la base aérienne russe d'Akhtoubinsk, située dans l'oblast d'Astrakhan, dans le sud de la Russie.
Elle comprend de nombreux avions de combat (MIG-31 Foxhound, Su-27 Flanker, Su-34 Fullback, MIG-35, PAK-FA T-50, MIG-29UPG Fulcrum, etc…) qui sont utilisés pour des vols d'essais dans le cadre de l'intégration de nouveaux équipements militaires.
© Jéjé Marco - L'An-30B décolle pour une mission d'observation au-dessus du territoire national français.
Le traité Open Skies, signé à Helsinki (Finlande) le 24 mars 1992 et entré en vigueur au 1er janvier 2002, «vise à favoriser, entre autres, la coopération et la transparence entre les nations», notamment en ce qui concerne les capacités nucléaires.
L'OSCE précise que le traité permet «d'améliorer la compréhension et la confiance mutuelle en donnant à tous les participants, quelle que soit leur taille, la possibilité d'obtenir des informations sur les activités militaires ou autres qui les concernent».
Il comprend 34 pays signataires qui peuvent, en prévenant au minimum 72 heures à l'avance le pays observé, réaliser des missions d'observation non-armées sur tout territoire où l'un des Etats signataire y exerce sa souveraineté (territoire national, eaux intérieures et territoriales, etc…).
Les pays participants ont la possibilité de réaliser «un nombre précis de vols d’observation et à en accueillir un certain nombre également», selon le Ministère canadien de la Défense.
«Les vols d’observation sont sans restrictions, et la 'partie observatrice' doit présenter son plan de vol à la 'partie observée' désignée au moins 24 heures à l’avance», est-il également détaillé.
Le pays qui réalise les missions d'observation utilise soit un appareil de son propre parc aérien, ou la nation observée peut elle aussi proposer un appareil. Toutefois, tous les aéronefs qui réalisent ces missions doivent obligatoirement emporter des capteurs certifiés par le traité.
Pour réaliser ces missions, les pays peuvent mettre en oeuvre «des caméras panoramiques, des caméras à images, des caméras vidéo, des analyseurs infrarouges à balayage linéaire et un radar à ouverture synthétique», utilisables par tous temps, de jour comme de nuit.
Les pays utilisent différents capteurs et aéronefs. Les Etats-Unis mettent en oeuvre un OC-135B Open Skies, tandis que la Russie vole avec un An-30B.
Dans le cadre d'un consortium, la Belgique, les Pays‑Bas, le Luxembourg, le Canada, la France, la Grèce, l’Italie, la Norvège, le Portugal et l’Espagne utilisent eux une nacelle SAMSON.
Dérivée d'un réservoir externe de C-130 Hercules, elle comporte des capteurs et s'adapte sur cet avion de transport à l'emplacement habituel des réservoirs supplémentaires, sous les ailes.
Stockée en France sur la BA 123 d'Orléans-Bricy, les frais d'exploitation «sont partagés en fonction du nombre de vols alloué à chaque pays et de l’utilisation réelle que chacun en fait».
Les 34 pays à avoir ratifié le traité Open Skies sont : le Bélarus, la Belgique, la Bosnie‑Herzégovine, la Bulgarie, le Canada, la Croatie, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la France, la République de Géorgie, l’Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l’Islande, l’Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, les Pays‑Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie, la Slovénie, l’Espagne, la Suède, la Turquie, l’Ukraine, le Royaume‑Uni et les États‑Unis.
© Armée de l'Air - La nacelle SAMSON emportée ici par un C-130H Hercules français alors en mission en Russie.