Si la presse spécialisée, et parfois généraliste, évoque régulièrement les interceptions réalisées par les permanences opérationnelles européennes, il n'en reste pas moins que l'Asie est aussi une partie du monde où les tensions sont relativement fortes.
Celles-ci le sont notamment entre le Japon et la Chine, qui revendiquent chacun les îles Senkaku (sous contrôle japonais), situées en mer de Chine orientale.
C'est donc dans ce contexte relativement tendu que la Quick Reaction Alert (QRA) de la Japan Air Self-Defense Force (JASDF, Force Aérienne d'Autodéfense Japonaise) a dû effectuer plus de 880 décollages sur alerte en neuf mois, entre avril et décembre 2016.
Selon le communiqué de presse diffusé le 20 janvier 2017 par le Ministère japonais de la Défense, les chasseurs japonais ont dû décoller à 883 reprises au cours de ces neuf mois afin d'intercepter des aéronefs russes, chinois, ou taïwanais. Soit une augmentation de 36% par rapport à la même période l'année précédente.
Parmi ces interceptions d'aéronefs en tout genre (bombardier stratégique, avion de combat, avion de patrouille maritime et ISR, etc…) 644 l'ont été pour des avions appartenant à la Force Aérienne de l'Armée Populaire de Libération (ou Force Aérienne Chinoise).
Selon les données issues des statistiques précédentes et récoltées au cours de la même période en 2015, il y a eu, en 2016, 271 décollages supplémentaires contre des aéronefs chinois. Cela représente environ 73% de l'ensemble des interceptions réalisées par les intercepteurs japonais.
La Force Aérienne Chinoise est suivie par l'Armée de l'Air russe, en deuxième position. Durant ces neuf mois de 2016, la JASDF a dû opérer à 231 reprises contre les aéronefs à l'étoile rouge, dont notamment des bombardiers stratégiques Tu-95 «Bear», qui viennent eux-aussi régulièrement faire quelques tours en Europe de l'ouest.
De plus, six autres interceptions ont eu lieu à la suite de l'approche d'aéronefs de la Force Aérienne de la République de Chine, plus connue sous le nom de Force Aérienne Taïwanaise. Enfin, les dernières interceptions se sont déroulées contre des appareils d'autres pays, mais qui n'ont pas été précisés.
Un officiel du cabinet du Ministère japonais de la Défense a expliqué aux médias japonais que si la tendance actuelle ne faiblissait pas, le nombre de décollages sur alerte pourrait rapidement atteindre le chiffre de 1 000 interceptions.
Cela serait un record, dont le dernier a été établi au cours de l'année fiscale japonaise de 1984, en pleine Guerre Froide, durant laquelle pas moins de 944 interceptions avaient eu lieu.
Le Ministère japonais de la Défense a toutefois tenu à nuancer dans son communiqué en expliquant que tous ces aéronefs ne sont jamais entrés au sein de l'espace aérien japonais, mais qu'ils volaient à proximité directe.
Les chasseurs de la QRA japonaise se contentaient alors d'intercepter, d'identifier et d'escorter ces appareils jusqu'à ce qu'ils s'éloignent de l'espace aérien nippon.
Les interceptions des aéronefs chinois ont, dans la grande majorité des situations, eu lieu aux abords des îles Senkaku.
Sous contrôle du Japon depuis 1895, ces huit îles, mais qui sont en réalité cinq îles et trois gros rochers, sont depuis quelques années maintenant le théâtre d'affrontements indirects entre les forces japonaises et chinoises, qui veulent chacune affirmer leur puissance sur cette zone qui présente plusieurs atouts, que ce soit pour la pêche, la récupération d'hydrocarbures, ainsi que l'utilisation des îles comme bases militaires.
Pour rappel, en février 2016, le Japon a déployé vingt F-15J Eagle sur la base aérienne de Naha, dans le sud de la préfecture d'Okinawa.
Cette base aérienne, qui accueille déjà un contingent de vingt F-15J Eagle ainsi que des avions de patrouille maritime P-3 Orion, est située à environ 420 kilomètres des îles disputées par les deux puissances militaires de la région.
Les vingt appareils supplémentaires, habituellement stationnés sur la base aérienne de Tsuiki, dans le sud du Japon, assurent des missions de police du ciel aux alentours de ces îles afin d'y assurer la souveraineté japonaise et de contrer les manoeuvres des forces chinoises qui réalisent de temps à autre des coups de force, avec notamment l'approche à quelques kilomètres des côtes par des navires des gardes-côtes chinois.
Lors de l'arrivée de ces chasseurs sur leur nouvelle base aérienne, Kenji Wakamiya, Vice-Ministre japonais de la Défense, avait déclaré qu'il s'agit ici de «la ligne de front même de notre défense nationale».
© JASDF - Les F-15J Eagle restent l'épine dorsale de la JASDF dans les missions de supériorité aérienne.
La Japan Air Self-Defense Force dispose d'une flotte conséquente de chasseurs de supériorité aérienne, ainsi que des appareils spécialisés dans l'attaque au sol et dans les missions air-mer, contre les bâtiments de guerre notamment.
Selon le rapport World Air Forces 2016 de Flight Global, la JASDF met en oeuvre 62 F-2A et 16 F-2B «Viper Zéro» (spécialisés dans l'attaque air-mer et au sol), 71 F-4EJ et RF-4EJ Phantom II (reconnaissance, mission air-air, attaque au sol), ainsi que 154 F-15J et 45 F-15DJ Eagle (supériorité aérienne).
Si chaque type d'appareil a une mission précise qui lui est assigné, il peut tout aussi bien assurer une autre mission. A titre d'exemple, bien que les F-2A soient des appareils spécialisés pour les missions contre les bâtiments de surface, ils peuvent aussi effectuer des missions de police du ciel.