Actuellement, la flotte des avions de patrouille maritime Atlantique II de la Marine Nationale est fortement engagée pour mener des missions au Moyen-Orient au-dessus de l'Irak et de la Syrie, dans l'ensemble de la bande sahélo-saharienne en Afrique, mais aussi dans le nord de l'Europe, afin de soutenir les forces armées britanniques dans la recherche des sous-marins russes qui s'approchent des côtes britanniques.
En parallèle de ces missions opérationnelles, la modernisation des appareils de la Flottille 21F et 23F s'est imposée afin de pouvoir continuer à assurer les nombreuses missions qui leurs sont confiées. C'est pourquoi, une campagne d'essais en vol a été récemment lancée entre la Marine Nationale, Dassault Aviation, Thales Système Aéroporté, ainsi que plusieurs organes de la Direction Générale de l'Armement (DGA).
© Armée de l'Air - Sur la base aérienne 104 d'Al Dhafra, en 2014, première mission ISR de l'Atlantique 2 au-dessus de l'Irak.
Selon un article de Cols Bleus, le magazine de la Marine Nationale, «en janvier 2016, le détachement Atlantique 2 (ATL2) du centre d'expérimentations pratiques de l'aéronautique navale (CEPA/10S) a participé aux premiers vols de la campagne d’essais de qualification sur l’ATL2 N°2».
Cette campagne d'essais en vol se déroule depuis la base aérienne 125 d'Istres-Le Tubé et elle a pour objectif d'observer et de tester les nouveaux instruments installés sur cet Atlantique II, dont notamment «le nouveau radar Search Master [de Thales Systèmes Aéroportés, NDLR] et le nouvel interrogateur IFF TSA2542», de Thales Communications & Security.
La Marine Nationale affirme que ces nouveaux équipements permettront «d’augmenter significativement [les] capacités de détection» de la flotte des Atlantique II, stationnée sur la base aéronavale de Lann-Bihoué, dans le Morbihan (Bretagne), et que le premier Atlantique II devrait être «mis en service opérationnel à compter de 2020».
Les essais de ces deux systèmes, qui intègreront le prochain standard, le sixième depuis l'entrée en service des ATL 2, sont testés par la DGA Essais en Vol, Ingénierie de Projets, et Maitrise de l’Information, et par le CEPA 10S de la Marine Nationale depuis le 15 février 2016.
L'appareil, qui devait initialement être retiré sur service actif, a finalement été modernisé par Dassault Aviation afin de réaliser l'ensemble des essais du Search Master et de l'IFF, qui doivent s'étaler, selon nos informations, pendant près de cinq mois.
Les modifications portent notamment sur l'installation du «futur Sous Système Radar IFF (SSRI) et son installation d’essais et de mesures», et en ce qui concerne le nouveau radar, cette campagne est, dit-on «novatrice», en raison de l'utilisation de la simulation, notamment pour certains cas de modes de détection.
© Dassault Aviation / C. Cosmao - Les ATL 2 de la Marine Nationale sont actuellement en pleine mutation pour être totalement opérationnel face aux défis du XXIème siècle.
L'utilisation de la simulation est ici utilisée à cause du manque de données réelles, qui sont disponibles uniquement lors de «conditions environnementales précises» et lors de la «présence de cibles d’intérêt».
Les données qui vont être simulées seront alors intégrées aux essais de deux façons différentes. La première option consiste à une simulation hybride, où les ingénieurs vont intégrer des «cibles synthétiques dans des données réelles haute définition de l’environnement», explique-t-on. La seconde option se base uniquement sur de la simulation, mais elle doit toutefois remplir des conditions bien précises. Cette dernière doit pouvoir compter, entre autres, «sur un environnement développé avec des données réelles qui ont été recueillies uniquement durant la campagne».
Dans le cadre des essais de cette campagne, réalisés dans les airs mais aussi au sol, afin notamment de réduire les coûts liés aux heures de vol, l'Atlantique II est confronté à des bouées maritimes, des aéronefs rapides et lents, ainsi qu'à des cibles terrestres, puisque nombre des missions sont réalisées au-dessus du sol africain ou de celui du Moyen-Orient.
Plusieurs vols de quelques heures sont assurés chaque semaine depuis le début de la campagne, qui se déroule notamment sur les sites de la DGA d'Istres, de Cazaux, et de Lorient.
Il est expliqué que cette campagne a pour objectif principal de collecter «une diversité d’échantillons de données HD radar» avec le Search Master dans ses différents modes : Air, Terre, Mer, Imagerie, ainsi que Search and Rescue.
Enfin, l'IFF, deuxième équipement de la campagne à être testé, doit pouvoir livrer l'ensemble de ses données dans les différents modes qu'il propose, afin de pouvoir l'utiliser en opération, ou dans le cadre de nouveaux essais où les résultats pourront être utilisés dans des simulations.
© EMA - Utilisés en Syrie et en Irak, les ATL 2 sont aussi présents au Sahel, afin de surveiller cette vaste zone, dans le cadre de l'opération Barkhane.
Actuellement, les Atlantique II disposent d'un ensemble d'équipements et d'armements bien fourni et efficace. On y retrouve notamment l'Electronic Sensor Mesure (ESM), en bout d'aile, qui détecte les émissions radar à très large bande de veille, le Magnetic Anomaly Detection (MAD), situé tout à l'arrière de l'appareil, et qui permet de détecter des masses métalliques immergées sous l'eau grâce au principe du magnétomètre, et enfin, les ATL 2 peuvent tirer les torpilles MU-90 de 324mm utilisées pour la lutte ASM, les missiles air-mer AM-39 Exocet, contre les bâtiments de surface, ainsi que les bombes guidées laser GBU-12, contre des cibles terrestres, fixes ou mobiles.
A la suite de cette rénovation, les Atlantique II mettront en oeuvre le nouveau système radar Search Master, dont certaines technologies sous issues du Rafale. On y retrouve, selon la Marine Nationale, «un mode d'imagerie, un mode anti-sous-marin innovant, une détection et un pistage automatique, et un IFF (Identification Friend or Foe - Identification Ami ou ennemi) qui permet à l'avion de décoder les IFF des porteurs aériens et de surface». Ce radar est situé sous l'appareil, à l'avant.
Un Sous-système de Traitement Acoustique Numérique (STAN) sera aussi implanté à l'arrière de l'avion, et il permettra de «détecter les cibles sous-marines sur un spectre élargi de fréquences et de contrôler les nouvelles menaces».
Le logiciel LOTI-NG (Logiciel Opérationnel de Traitement de l'Information - Nouvelle Génération) sera utilisé afin «d'élaborer une situation d'ensemble des nouveaux senseurs», tout en mettant en oeuvre les MU-90 et AM-39.
Enfin, la boule électro-optique MX-20 de l'entreprise Wescam sera intégrée sous le ventre de l'appareil et les marins l'utiliseront en opération pour de la détection, de l'identification, et de la classification. Ces trois missions seront assurées grâce aux caméras thermiques, celles de jour en haute définition, et aux senseurs lasers intégrés dans la boule.
L'ensemble de ces technologies seront coordonnées grâce à l'installation d'un cœur tactique à haut débit, qui utilise un réseau local Ethernet, et qui est développé en coopération par Dassault Aviation et DCNS. Enfin, toutes les consoles disposeront d'écrans plats tactiles à haute définition.
(Certains paragraphes de cet article sont issus d'un article du 18 mars 2016 !).