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La Luftwaffe ne veut pas fournir à la Turquie les données collectées par les Tornado ECR en Irak et Syrie

La Luftwaffe ne veut pas fournir à la Turquie les données collectées par les Tornado ECR en Irak et Syrie

© Bundeswehr / Jane Schmidt - Premier déploiement des Tornado ECR vers le Moyen-Orient.

© Bundeswehr / Jane Schmidt - Premier déploiement des Tornado ECR vers le Moyen-Orient.

Depuis le début de l'année 2016, la Luftwaffe déploie sur la base aérienne OTAN d'Incirlik, en Turquie, six Tornado ECR, un avion de ravitaillement en vol A310 MRTT, et une centaine d'aviateurs au sol, qui assurent le soutien technique et administratif du détachement aérien.

Au-dessus de l'Irak et de la Syrie, les Tornado ECR effectuent uniquement des missions de reconnaissance et l'A310 MRTT se consacre aux missions de ravitaillement en vol au profit des appareils allemands et des aéronefs de la coalition internationale Inherent Resolve.

L'ensemble des données recueillies par les Tornado ECR sont d'abord utilisées par la Bundeswehr, les services de renseignement, et le gouvernement allemand afin de conserver un oeil sur la situation dans la région.

En outre, elles sont aussi envoyées au Combined Air Operations Center (CAOC) de la coalition internationale, situé à Al-Udeid au Qatar, et elles permettent de compléter les dossiers de renseignement qui servent à identifier les objectifs qui seront par la suite frappés et détruits.

Mais si l'Allemagne partage ces informations avec ses partenaires de la coalition internationale, elle ne souhaite pas faire de même avec la Turquie.

En effet, selon les informations du magazine allemand Der Spiegel, rapportées par l'agence de presse Reuters, Berlin ne souhaite pas transmettre les données brutes recueillies à la suite des missions de reconnaissance aux forces armées turques.

Le gouvernement allemand estime que ces données pourraient être utilisées par l'Etat-Major des forces armées turques dans leurs opérations contre les Kurdes et les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkerên Kurdistan), établis sur tout le nord de la Syrie et de l'Irak, et dans le sud/sud-est de la Turquie.

Selon Reuters, l'imagerie collectée lors de ces missions de renseignement ne peut être transmise à Ankara si et seulement si les images ont été épurées et que les données sensibles ont pu être retirées.

Ce n'est pas la première fois que Berlin et Ankara ne s'entendent pas sur certaines questions, et les tensions diplomatiques sont courantes entre ces deux pays.

En juin 2016, le gouvernement allemand a officiellement reconnu le génocide arménien (1 200 000 morts) perpétré entre 1915 et 1916 par le parti des Jeunes-Turcs. A la suite de cette reconnaissance, le gouvernement turc avait alors bloqué la venue de députés allemands sur la base d'Incirlik. 

Plus récemment, les tensions étaient encore vives entre ces deux pays lorsque l'Allemagne a ouvertement et publiquement critiqué les agissements du gouvernement d'Erdogan dans la répression mise en place à la suite de la tentative de coup d'Etat en juillet 2015, alors que 40 militaires turcs qui ont participé à ces actions ont demandé l'asile à Berlin.

Enfin, à plusieurs reprises et dès le déploiement de ce détachement aérien à Incirlik, le Ministère allemand de la Défense réfléchit à engager les appareils de la Luftwaffe depuis une autre base aérienne.

Cela pourrait se faire, selon les réflexions, depuis la base aérienne britannique d'Akrotiri (Chypre) aux côtés des Tornado GR.4 et des Typhoon de la Royal Air Force, ou depuis la Jordanie avec Al-Azraq ou Prince Hassan, où se trouve la Chasse française.