© Armée de l'Air - Un hélicoptère SA330 Puma de l'Escadron de transport 88 « Larzac » lors d'une mission d'entraînement à Djibouti.
Actuellement, l'armée de l'air française a entamé le retrait progressif du service actif de ses derniers hélicoptères SA330B Puma dont le premier exemplaire est arrivé au sein des forces en 1974, il y a 44 ans. Depuis leur mise en service, ces vénérables et iconiques hélicoptères sont utilisés depuis la métropole, l'outre-mer et sur la majorité des théâtres d'opérations où l'armée de l'Air s'est engagée depuis les années 70 pour remplir une large gamme de missions.
Aujourd'hui au nombre de vingt, ces hélicoptères sont encore mis en oeuvre par l'Escadron d'hélicoptères (EH) 1/44 « Solenzara » depuis la base aérienne du même nom (Corse), par l'Escadron de transport (ET) 68 « Antilles-Guyane » depuis la BA 367 de Cayenne, par l'ET 52 « Tontouta » depuis la BA 186 de Tontouta (Nouvelle-Calédonie) et par l'ET 88 « Larzac » depuis la BA 188 de Djibouti. De temps en temps, un ou deux Puma sont également détachés au sein du Groupe interarmées d'hélicoptères (GIH) sur la BA 107 de Villacoublay afin de s'entraîner avec le RAID et le GIGN.
A Solenzara, les 7 Puma sont utilisés pour conduire des missions de recherche et sauvetage, de contre-terrorisme maritime et pour la formation du personnel navigant et des mécaniciens puisqu'est installé sur place le pole « Puma ». En outre-mer, les 5 Puma de Cayenne se chargent de faire de l'évacuation sanitaire (EVASAN), des missions d'appui-feu et de sécurité intérieure et participent aux dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA) et aux mesures actives de sûreté aérienne (MASA). La Nouvelle-Calédonie et ses 3 Puma réalisent eux des missions d'évacuation médicale (EVAMED), de secours, de service public et de sécurité intérieure. Enfin, depuis Djibouti, les 3 Puma effectuent des missions EVAMED, de recherche et sauvetage et des missions Personnel Recovery (PR, récupération de personnel isolé : pilote éjecté).
Malgré le nombre d'unités qui met encore en oeuvre cet appareil et toutes les missions qu'il remplit, le Puma est un hélicoptère fatigué, ce qui entraîne de « nombreuses défaillances techniques », une hausse du coût de l'heure de vol et une faible disponibilité, d'après l'avis « Préparation et emploi des forces : Air », publié en octobre 2019 dans le cadre du projet de loi de finances pour 2020 par M. le député Jean-Jacques Ferrara, membre de la Commission de la défense et des forces armées à l'Assemblée Nationale.
En métropole, le taux de disponibilité de la flotte des Puma est de 38,9% au premier semestre 2019 tandis qu'en outre-mer, cette disponibilité est en légère hausse avec un taux de 55%, toujours pour le premier semestre 2019. Par ailleurs, il est expliqué dans l'avis que la durée normale d’immobilisation d’un hélicoptère Puma lors d'une visite périodique est de deux mois. Or, il arrive parfois que certaines machines soient immobilisées pendant « plusieurs mois, parfois jusqu’à dix-huit mois ». Il faut savoir qu'une visite périodique se fait tous les 36 mois pour un Puma, ce qui représente une capacité de 600 heures de vol au cours de cette période. « Or, ce délai courant à partir de la date théorique de sortie de l’appareil, et non pas de sa sortie effective, les équipages ne disposent plus d’une période de trois ans pour effectuer les 600 heures de vol prévues. Au final, les Puma ne voleront que 200 à 400 heures au lieu des 600 prévues », explique le député.
Dans ce contexte là, avec le retrait progressif de ces derniers Puma à compter de 2021 et avec un renouvellement des hélicoptères de manœuvre qui doit se faire à l’horizon 2035-2040, il est impératif pour l'armée de l'Air française de trouver un remplaçant et « de prendre une décision d’ici la fin de l’année 2019 », affirme le rapporteur.
Ainsi, deux solutions sont actuellement à l'étude. Comme cela avait déjà été expliqué sur Defens'Aero, la première solution est celle de la location-vente de 20 hélicoptères H225 d'occasion achetés sur le marché civil. La seconde solution consiste à procéder à la location-vente de seulement 12 hélicoptères H225 d'occasion et de combler le reste avec le transfert de huit H225M de l'Aviation légère de l'armée de Terre vers l'armée de l'Air à l'horizon 2025-2026. Aujourd'hui, l'ALAT met en oeuvre une flotte composée de 8 H225M au sein de la 3ème Escadrille des opérations spéciales (EOS 3) du 4ème Régiment d'hélicoptères des forces spéciales (RHFS). Ce sont ces derniers « qui pourraient être transférés à l’armée de l’air à l’horizon 2025 », peut-on lire dans l'avis. Par ailleurs, il est également écrit « qu'il y aurait du reste un intérêt à regrouper au plus vite les Caracal au sein de l’armée de l’air et les Puma au sein de l’ALAT. Selon des observateurs avertis, « les majors généraux se sont entendus, mais rien ne bouge ». Le rapporteur pour avis ne peut que regretter une telle inertie ».
Pour rappel, le Ministère des Armées et la Direction générale de l'armement (DGA) ont publié un « avis de pré-information » dans le cadre de la « location-vente et le soutien d'hélicoptères EC225 d'occasion à modifier sous agrément au profit de l'armée de l'air et prestations associées ». La location-vente permet à l'armée de l'Air de conserver ces hélicoptères une fois que la location est achevée. Publié le 30 septembre 2019, la date de clôture du marché est estimée au 25 septembre 2020, tandis que le lancement de la procédure est envisagé en 2020.
Il est précisé dans cet avis que ces hélicoptères seront déployés sur des « bases aériennes en France métropolitaine et outre-mer ainsi qu'à l'étranger (Djibouti) » et qu'ils permettront d'assurer « des missions spécifiques de type SAR (Search and Rescue) et de type FSI (Forces de Sécurité et d'intervention) ».
Dans le cadre de ce marché public, l'armée de l'Air cherche donc à acquérir 12 ou 20 hélicoptères H225. A ce jour, il ne resterait plus qu'une trentaine de H225 civils sur le marché de l'occasion (contre une centaine en 2016). Le député écrit dans son avis que « selon les industriels consultés par l’état-major de l’armée de l’air, il demeure néanmoins possible d’identifier des appareils en bon état et satisfaisant aux exigences des armées, l’un des principaux enjeux étant de pouvoir compter sur une flotte performante et relativement homogène ».