© K. Congini / armée de l'Air - Le système de barrière d'arrêt d'urgence, ici déployé sur la piste d'une base aérienne.
En aéronautique, la sécurité est un élément clef pour assurer les meilleures conditions possibles aux sorties aériennes, que ce soit dans les airs mais aussi au sol. Parmi tous les dispositifs qui existent, certaines bases aériennes sont équipées d'un système de barrière d’arrêt d’urgence qui permet de stopper certains types d'avions de chasse lorsqu'ils sont lancés, que ce soit au décollage ou à l'atterrissage, sur la piste. Et c'est ce système rénové qui vient d'être modernisé et qualifié par la Direction générale de l'armement (DGA).
En effet, dans un communiqué de presse publié le 7 octobre 2019, la DGA explique qu'elle a « qualifié fin août la rénovation du système de barrière d’arrêt des avions de chasse de type Mirage 2000 et Alphajet, utilisé en cas d’urgence à l’atterrissage ou au décollage ». La barrière d'arrêt n'est pas utilisée par le Rafale Air puisque ce dernier dispose d'une crosse d'arrêt (et non d'une crosse d'appontage). Le pilote vient attraper un câble tendu perpendiculairement à l'axe de la piste, et c'est ce câble qui va freiner et stopper le Rafale. Contrairement à la cellule d'un Rafale Marine, qui est adaptée aux contraintes du catapultage et des appontages sur porte-avions, les Rafale Air ont des cellules moins résistantes à ce type de manoeuvre et sont donc plus ou moins fortement endommagées après l'utilisation d'un système de barrière d’arrêt d’urgence.
Ce premier système rénové est installé sur la base aérienne 709 de Cognac, « base pilote pour les essais et la qualification » et qui accueille aujourd'hui des Alpha Jet et des Pilatus PC-21 pour la formation des équipages navigants et les drones MQ-9 Reaper de la 33ème Escadre de surveillance, de reconnaissance et d'attaque (ESRA). Aujourd'hui installé sur cette base uniquement, « le nouveau système sera déployé sur onze autres bases aériennes d’ici à 2024 » ajoute la DGA, sans préciser quelles seront les bases aériennes concernées.
Par ailleurs, il est également expliqué que « le dispositif complet se compose d’un filet avec son système de freinage (disposé à chaque extrémité de piste), de capteurs de vitesse et d’un système de télécommande pour relever ou abaisser le filet ». Pour être activé, « le relevage des barrières peut s’effectuer de manière automatique par détection d’une vitesse trop élevée ou manuellement depuis la tour de contrôle ou le bord de la piste », est-il aussi précisé. Ces filets sont à usage unique et remplacés après chaque utilisation.
Ce système a servi à plusieurs reprises au cours de ces dernières années (voir photos ci-dessous). A titre d'exemple, la barrière d'arrêt d'urgence a permis de stopper à l'atterrissage un Mirage 2000C, en février 2011 sur la base aérienne 126 de Solenzara, ou plus récemment, en novembre 2015, un Mirage 2000D sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey alors qu'il était au décollage. Dans les deux cas, le système a fonctionné et les équipages n'ont pas été blessés ou que très légèrement. Toutefois, la barrière d'arrêt sera endommagée ainsi que les avions.
Que ce soit pour le rapport d'enquête sur l'incident avec le M2000C ou celui avec le M2000D, les deux rapports mettent en avant des dégâts sur plusieurs sondes et sur l’embase de la perche de ravitaillement, l’entrée d’air droite est déformée, des traces de frottement des brins d’arrêts sont constatées sur chaque demi-voilure et ces traces s’étalent de l’emplanture de l’aile jusqu’à la mi-longueur du bec de bord d’attaque, enfin la verrière et le radôme sont rayés.
La modernisation et la rénovation de ce système concerne principalement « le traitement des obsolescences du système actuel de télécommande des barrières, afin de le maintenir en condition opérationnelle pour les quinze années à venir », indique la Direction générale de l'armement. Ces travaux ont été réalisés par la branche Zodiac Aerosafety Systems de la société française Zodiac Aerospace, rachetée par le groupe Safran en 2018. Le marché, qui avait pour objet le « développement [et la] qualification d'un système de barrière d'arrêt rénové et [l']installation sur les bases aériennes de l'armée de l'air française », a été attribué à cette société en septembre 2014 pour un montant (hors taxes !) de 1 551 500 euros.
Le Mirage 2000C n°89 dans la barrière d'arrêt sur la BA 126 de Solenzara, en février 2011 - Source : BEAD-air-A-2011-004-I