© DGA EV - Un H225M Caracal connecté à un A400M lors de la campagne d'expérimentations, et accompagnés par un H160.
Alors que l'armée de l'Air réceptionnait son premier KC-130J Super Hercules ce 19 septembre 2019 pour faire face aux retards de l'A400M dans sa capacité à pouvoir ravitailler en vol des hélicoptères, Airbus Defence & Space a annoncé dans un communiqué de presse publié ce 24 septembre qu'un A400M « Atlas » venait d'effectuer une première série de contacts secs avec un hélicoptère H225M Caracal dans le cadre de la certification de cette capacité attendue depuis des années.
En effet, dans son communiqué de presse, l'avionneur explique que cette campagne d'essais en vol s'est déroulée en coopération avec la Direction généralement de l'armement (DGA) et notamment son centre DGA Essais en vol (DGA EV). Au cours de ces essais, qui se sont déroulés exclusivement en journée, l'A400M (EC-404) et le H225M (F-ZWCS) ont réalisé quatre vols au cours desquels « 51 contacts secs » (sans transfert de carburant) ont été conduits. Il est aussi précisé que ces essais ont été effectués « entre 1 000ft et 10 000ft (entre 305 et 3 500 m) à une vitesse réduite de 105kt ».
Airbus Defence & Space assure que cette seconde campagne a permis de « confirmer les résultats positifs des vols de rapprochement exécutés début 2019 ». La suite de ces expérimentations doit se poursuivre au cours de ces prochains mois, avant la fin de l'année 2019, avec la réalisation de contacts humides, donc avec un transfert de carburant de l'A400M vers le H225M.
Enfin, il est ajouté par Airbus D&S que la certification finale de l'avionneur sera « entamée d'ici 2021 ». Passée cette étape, le Centre d'expertise aérienne militaire (CEAM) de l'armée de l'Air devra lui aussi conduire une campagne d'essais en vol pour concevoir le manuel d'utilisation de cette capacité et ainsi prononcer son utilisation dans un contexte opérationnel. Du côté du KC-130J, cette capacité sera opérationnelle d'ici la fin de l'année… 2019 !
La Direction générale de l'armement a profité de cette campagne d'expérimentations pour procéder à « une série de vols de rapprochement entre l’A400M et un hélicoptère H160 » dans le cadre de « l’étude de levée des risques du Guépard », puisque le H160M Guépard a été sélectionné par le Ministère des Armées pour devenir le prochain Hélicoptères interarmées léger (HIL). Il est censé remplacer les Gazelle de l'ALAT, les Alouette III, Dauphin et Panther de la Marine nationale et les Fennec de l'armée de l'Air. « Tous les tests ont été réalisés avec succès » affirme Airbus.
Pour rappel, lors des tous premiers essais de ravitaillement en vol entre A400M et H225M Caracal, l'A400M devait afficher une vitesse de « l’ordre de 200 à 240 km/h », expliquait l'ONERA il y a plusieurs mois. « Or pour atteindre ces vitesses, l’avion doit fortement braquer ses volets, ce qui a pour effet de générer de forts tourbillons, ce qui place le tuyau de ravitaillement et son panier dans un environnement où l’écoulement d’air est fortement perturbé », précisait alors la même source.
Afin de faire face à ce problème, les ingénieurs du programme A400M, en coordination avec les experts de l'ONERA, ont retravaillé les tuyaux de ravitaillement en vol de l'appareil en les allongeants de 13 mètres. Ainsi, les premiers tuyaux souples de ravitaillement en vol, qui mesuraient 80 pieds, soit 24,384 mètres de long, mesurent aujourd'hui 120 pieds, soit 36,576 mètres de long. Cela permet à l'hélicoptère Caracal de se trouver dans une zone dégagée des fortes turbulences provoquées par les turbopropulseurs de l'A400M et de pouvoir se ravitailler en toute sécurité.
En ce qui concerne ses capacités de ravitaillement en vol, l'A400M dispose soit d'un seul tuyau souple situé à l'arrière, ou de deux nacelles situées en bout d'ailes et qui déroulent chacune un tuyau souple pour le ravitaillement des avions de combat (Rafale, Mirage 2000, Eurofighter Typhoon, F/A-18 Hornet/Super Hornet et Tornado), des avions de transport (A400M, C295 et C-130 Hercules) et prochainement des hélicoptères.
L'A400M a une capacité d'emport en kérosène de 50,8 tonnes et qui peut être augmentée avec l'installation de deux réservoirs internes supplémentaires qui offrent 5,7 tonnes supplémentaires chacun. Le carburant emporté dans les réservoirs supplémentaires peut être différent de celui utilisé par l'A400M, permettant ainsi de ravitailler d'autres aéronefs. Le système de ravitaillement en vol par les nacelles sous les ailes permet de délivrer jusqu'à 1,2 tonne de kérosène par minute à l'avion ravitaillé, tandis que via l'unique tuyau en point central le débit est de 1,8 tonne par minute.