Texte et photos : © Mathieu Mounicq
Organisé chaque année par l'armée de l'Air, l'exercice ATHENA 2019 s'est tenu dans le quart Sud-Ouest de la France du 17 au 27 juin 2019. Exercice annuel ayant pour objectif la certification des forces spéciales air au point de vue tactique et opérationnel, ATHENA permet à l'ensemble des opérateurs des forces spéciales et des modules d'appui aux opérations spéciales devant être prochainement déployés sur le terrain de s'entraîner dans les conditions les plus réalistes possibles.
Bien qu'étant un exercice spécifique aux forces spéciales de l'armée de l'Air, il reflète le fonctionnement inter-armées propre au Commandement des Opérations Spéciales (COS) puisque sont également associées les unités des forces spéciales de l'armée de Terre et de la Marine Nationale. Cette édition était par ailleurs inédite puisqu'elle associait pour la première fois des forces spéciales étrangères, en l’occurrence ici celles de l'US Air Force et de l'Ejercito del Aire.
Les avions de transport sont une ressource primordiale pour les opérations spéciales : ravitaillement en vol, mise à la terre, parachutages, surveillance,... leurs rôles sont multiples.
Déroulement de l'exercice
ATHENA ayant pour vocation de certifier les opérateurs des forces spéciales avant leur déploiement en opérations dans l'année à venir, les scénarios se devaient d'être le plus réaliste possible. Le thème de l'exercice était ainsi le déploiement d'une task-force dans un pays fictif (« Orangeland ») soumis à des troubles initiés par des pays voisins à l'aide de milices armées et d'actions terroristes.
Dans ce contexte, afin de reproduire les distances pouvant être rencontrées sur des théâtres comme au Levant ou la bande sahélo-saharienne et permettre notamment des missions à long rayon d'action avec ravitaillements en vol, l'aire d'opération était particulièrement vaste et correspondait à une zone d'environ 600km par 400km sur la partie Sud-Ouest de la France, entre Mont-de-Marsan et Tours.
Les différents moyens participants étaient déployés à partir de la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan et d'une base opérationnelle avancée construite de toutes pièces pour l'exercice sur le champ de tirs de Captieux par le GAAO et le Génie de l'Air.
Les trois premiers jours de l'exercice avaient pour objet la validation des procédures d'interopérabilités entre les différents participants et à des entrainements à des manœuvres spécifiques sur le champ de tir (aéro-largages, MEDEVAC, déploiements d'opérateurs par aéro-cordages, etc) ou encore sur le camp de Caylus (posés d'assaut des avions de transport) avant le début des scénarios à proprement parlé.
Symbole du caractère inter-armées du COS, des opérateurs du 13e RDP, du CPA 10 et du commando Jaubert posent avec des membres de l'EH 01.067 Pyrénées
Les participants
Pour cette édition 2019, plus de 500 personnels d'unités françaises et étrangères étaient engagés sur ATHENA. Les différentes unités ayant participé à l'exercice sont présentées ci-après.
CPA 10
Le Commando parachutiste de l'air (CPA) n°10 est spécialisé dans l'observation et la destruction de sites par l'arme aérienne (ODESSAA), la reconnaissance, saisie et expertise de domaines aéroportuaires (RESEDA) et la reconnaissance et le marquage de terrain pour poser d'assaut. Il est également référent en matière d'imagerie spatiale pour la communauté forces spéciales et est en mesure de réaliser des missions de contre-terrorisme et de libération d'otages.
Vu ici lors du SOFINS 2019, le CPA 10 maitrise tous les modes d'insertion par aérolargage (saut opérationnel à grande hauteur, dérive sous voile, etc)
ET 03.061 Poitou
L'Escadron de transport (ET) 3/61 « Poitou) est le seul escadron de transport dédié aux opérations spéciales. Équipé de C-160R Transall, C-130H Hercules et de DHC-6 Twin Otter, l'escadron est spécialisé dans la projection en profondeur et par tout temps de commandos et de matériels, à l'aéro-largage, l'aéro-portage ou encore à l'avitaillement au sol de tout hélicoptère de combat.
Il dispose également d'une capacité renseignement et appui feu avec le module C3ISTAR qui permet notamment la désignation de cibles au profit d'avions de chasse ou d'hélicoptères de combat. A termes, le Poitou sera également en capacité de délivrer de l'armement de type missile depuis ses avions.
Le Poitou dispose encore pour quelques temps des vénérables Transall, ceux-ci seront néanmoins prochainement remplacés par les Hercules.
EH 01.067 Pyrénées
L'Escadron d'hélicoptères (EH) 1/67 est dédié à l'action en profondeur en territoire ennemi non permissif et plus particulièrement à la récupération de pilotes alliés éjectés. Équipé d'hélicoptères H225M Caracal, il est en mesure de s'intégrer à des missions complexes de type COMAO de jour comme de nuit avec ravitaillement en vol afin de réaliser l'infiltration ou l’exfiltration de personnels sur de très longues distances (poser poussière, aéro-cordages, grappe, nacelle, etc.).
Doté récemment de nouveaux armements de sabords (mitrailleuses de 12,7 mm ou canon de 20 mm), cet hélicoptère disposant de blindages, de systèmes d'auto-protection ou encore d'un système de navigation autonome est particulièrement adapté aux opérations spéciales.
En complément de ces unités FS Air, les forces spéciales Terre et les commandos Marine étaient également représentés par, respectivement, des éléments du 13e Régiment de Dragons Parachutistes (RDP) et par des éléments du Commando Jaubert.
MAOS
Ces unités FS françaises étaient appuyées par les MAOS (Modules d'Appui aux Opérations Spéciales) qui appartiennent à des unités conventionnelles de l'armée de l'Air mais qui s'entrainent toutefois de façon spécifique à l'appui des opérateurs des forces spéciales.
Parmi les MAOS participants à cette édition étaient présents dans les airs le Régiment de Chasse 2/30 « Normandie Niemen » avec des Rafale (escadron référent pour le travail avec les forces spéciales), l'Escadron électronique aéroporté (EEH) 1/54 « Dunkerque » avec un Transall Gabriel et un Beech 350 ALSR ainsi que l'Escadron de Drones 1/33 « Belfort » avec des drones MQ-9 Reaper.
Participaient également le CPA 30 avec une section cynophile, l'EAC2P (Escadre aérienne de commandement et de conduite projetable) pour les transmissions, le CASV (Centre air de saut en vol) pour l'expertise sur les sauts à grande hauteur, la section d'intervention NRBC, le 25e Régiment du génie de l'Air (RGA) et enfin le GAAO (Groupement aérien d'appui aux opérations).
67th Special Operations Squadron Night Owls / 352nd Special Operations Wing (US Air Force)
Le 67th SOS est spécialisé dans l'infiltration et l'exfiltration de véhicules de combat et de soldats en territoire ennemi de jour comme de nuit, y compris en conditions de vol aux instruments (IMC). Stationnée sur la base aérienne de Mildenhall, en Angleterre, l'unité est équipée du MC-130J Hercules ravitaillable en vol et pouvant procéder au ravitaillement en vol d'avions et d'hélicoptères.
Cet appareil peut également procéder à des aéro-largages ou des aéro-portages, atterrissages sur terrain sommaire ou encore l'avitaillement d'aéronefs ou de véhicules sur base avancée. Un seul MC-130J participait à ATHENA 2019 depuis la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Les MC-130J du 67th SOS sont très régulièrement présents dans le Sud-Ouest afin de s'entrainer et de qualifier les pilotes du « Pyrénées » au ravitaillement en vol.
7th Special Operations Squadron / 352nd Special Operations Wing (US Air Force)
Le 7th SOS est une unité également basée à Mildenhall, en Angleterre. Elle est spécialisée dans les missions d'infiltration et d'exfiltration à basse altitude par tout temps et est équipée du célèbre appareil convertible Osprey dans sa version CV-22B. Ravitaillable en vol, l'Osprey peut parcourir environ 1600 km avec une vitesse de croisière de 230kts (soit environ 426 km/h) et en emportant 33 soldats équipés.
Son aptitude à pouvoir se poser comme un hélicoptère tout en se déplaçant en croisière comme un avion en fait un appareil de choix pour les opérations spéciales. Équipé d'un radar de suivi de terrain, il est en mesure de procéder à de la dépose par aéro-cordages et peut également transporter des véhicules légers de type quads ou buggys. Trois CV-22B prenaient part à l'exercice.
Pouvant transporter jusqu'à une quarantaine de soldats équipés à plus de 420 km/h en croisière par tous les temps, l'Osprey est particulièrement taillé pour les opérations spéciales
353 Escuadrón / Ala 35 (Ejercito del Aire)
Le 353 Escuadrón est spécialisé dans l'infiltration et l'exfiltration des forces spéciales espagnoles en navigation basse altitude de jour comme de nuit. Equipée de Casa 295, l'unité est basée à Getafe, à proximité de Madrid. Bien qu'officiellement dédiée aux opérations spéciales, elle effectue également des missions de transport au profit des forces conventionnelles. L'unité procède notamment à des missions d'aéro-largages de parachutistes et de matériel. Un Casa 295 s'était déplacé à Mont-de-Marsan pour participer aux missions d'entraînement.
Démonstration de largage par gravité de matériel depuis le Casa 295 du 353 Escuadrón durant ATHENA 2019
EZAPAC (Escuadrón de Zapadores Paracaidistas, Ejercito del Aire)
L'EZAPAC est la seule unité de commandos de l'air de l'Ejercito del Aire. Ses membres sont tous parachutistes et peuvent assurer des missions de reconnaissance, de désignation de cible ou encore de récupération de pilotes alliés. Pour cette première participation de l'unité à ATHENA, l'EZAPAC avait dépêché douze opérateurs qui participaient à l'exercice au sein d'un groupe de leurs homologues français du CPA 10.