Actuellement, les Forces Royales air (Royal Moroccan Air Force, RMAF) disposent d'une flotte composée de vingt-trois F-16C/D Block 52, délivrés entre 2010 et 2011 et stationnés sur la base aérienne de Ben Guerir, dans l'ouest du pays, et répartis entre trois escadrons différents. Mais au cours des prochaines années cette flotte pourrait être amenée à se renforcer puisque le Maroc souhaite à la fois renforcer sa force aérienne avec l'achat de nouveaux F-16 supplémentaires et la modernisation des cellules existantes. En effet, dans une note Foreign Military Sale (FMS) publiée le 25 mars 2019, la Defense Security Cooperation Agency (DSCA, Agence Américaine d'Exportation d'Armement) a donné son accord pour la vente de vingt-cinq F-16C/D Block 72.
Ce contrat, qui comprend les appareils ainsi que l'équipement associé, est estimé à 3,8 milliards dollars. Outre la vente des appareils, le contrant prévoit la vente, entre autres, de 29 réacteurs F100-229, 26 radars APG-83 à antenne active (AESA), 40 viseurs de casque (Joint Helmet Mounted Cueing Systems, JHMCS), 26 nacelles d'observation et de désignation laser AN/AAQ-33 SNIPER, des systèmes de navigation par GPS, de contre-mesures électroniques, de communication cryptée, 6 nacelles de reconnaissance DB-110, etc… En matière d'équipement offensif, ces F-16C/D Block 72 seront armés avec l'habituel canon M61 Al Vulcan de 20mm, des missiles air-air AIM-120C-7 Advanced Medium Range Air-to-Air Missiles (AMRAAM) et seront capables de tirer une large panoplie de bombes guidées laser / GPS avec des GBU-38/54 JDAM, GBU-39/B Small Diameter Bombs (SDB I), etc…
Enfin, il est aussi prévu dans ce contrat le transfert de toute la documentation technique qui concerne le F-16V, de l'ensemble des systèmes de support pour leur mise en oeuvre, des simulateurs, la formation des personnels navigants (primo-formateur, pilotes et navigateurs systèmes d'armes) et des militaires au sol (mécaniciens, armuriers, spécialistes avionique, cellule, etc…). Au moins 75 représentants américains devront être détachés au Maroc afin de soutenir localement les Forces royales air.
Outre l'extension quantitative et qualitative de sa flotte actuelle avec les F-16V, Rabat souhaite aussi moderniser son actuelle flotte de F-16C/D Block 52. C'est donc dans ce cadre là que la DSCA a émis une seconde FMS le 25 mars 2019, où l'administration a donné son accord pour la modernisation des F-16C/D actuels au standard F-16V Viper Block 70/72.
Ce contrat, d'un montant estimé à environ 985 millions de dollars, prévoit la modernisation de vingt-trois appareils. Cette vente comprend des systèmes embarqués habituels comme les radars (APG-83 AESA), des systèmes de communication cryptés, la Liaison L16, des pièces de rechange, etc… mais elle permettra également aux Forces royales air de renforcer sa flotte avec des équipements dont elle a déjà passé commande avec notamment 26 viseurs de casque (Joint Helmet Mounted Cueing Systems II), 6 nacelles de reconnaissance DB-110, 26 nacelles d'observation et de désignation laser AN/AAQ-33 SNIPER, 26 nacelles de guerre électronique AN/ALQ‑211 AIDEWS.
Pour rappel, le F-16V Viper Block 70/72 est la dernière version du célèbre F-16 de Lockheed Martin dévoilée en février 2012 (premier vol en octobre 2015). Cette version est destinée à faire perdurer cet avion de combat sur le marché de l'aviation militaire, notamment pour faire face aux avions dits de « 4ème génération ++ » (un qualificatif purement commercial), comme le Typhoon du consortium Eurofighter, le JAS-39 Gripen de Saab ou le Rafale de Dassault Aviation, de permettre aux armées déjà équipées de F-16 de se moderniser à des coûts attractifs et de permettre à d'autres qui ne peuvent s'acheter du F-35 Lightning II d'avoir un appareil récent et modernisé.
Selon son constructeur, le F-16V est une version qui est mise en place soit sur des appareils neufs sortis d'usine, mais qui peut tout aussi bien être installée sur des Block (ou « versions ») plus anciennes, ce qui permettrait à certaines forces aériennes de moderniser à moindre frais leur flotte d'avions de combat avec des équipements récents. Et cette stratégie semble fonctionner puisque Bahreïn a passé une commande pour 19 Viper, la Grèce va moderniser son parc de 155 F-16C/D, la Slovaquie souhaite acquérir 14 appareils, la Bulgarie 8 exemplaires ainsi que Taïwan avec la modernisation de 66 de ses actuels F-16A/B Block 20.
Le Viper dispose, entre autres, du radar AESA à antenne active APG-83 de Northrop Grumman, dont certaines fonctionnalités sont issues des radars du F-22 Raptor (supériorité aérienne) et du F-35 Lightning II (attaque au sol). Ce radar permet de muscler ses capacités dans des conditions opérationnelles avec notamment une cartographie numérique de la zone des opérations, une capacité de frappe par tous temps, le suivi simultané de vingts cibles différentes, la conduite de missions air-air et air-sol au cours d'une même sortie aérienne, etc…
Il est également équipé d'un système Automatic Ground Collision Avoidance System (AGCAS), d'un suivi de terrain automatique, de systèmes de communication modernes et capables de communiquer avec des avions dits de « 5ème génération », d'écrans numériques et tactiles, d’un nouveau système de navigation et de précision par GPS, etc…
Dans le cockpit, l'avionique du F-16V a été entièrement revue avec notamment l'intégration au centre du tableau, devant le pilote, d'un écran numérique haute résolution qui fournit de jour comme de nuit, selon Lockheed Martin, « une image tactique » de l'environnement et des images captées par la nacelle de désignation et d'observation, dont l'utilisation est facilitée par rapport aux anciennes versions.