© Bundeswehr - Un hélicoptère NH90TTH de l'Heeresfliegertruppe lors d'une mission de nuit depuis Gao, au Mali.
Depuis mars 2017, l'Allemagne déploie à Camp Castor à Gao, au Mali, trois hélicoptères d'attaque au sol Tigre UHT (deux après la perte d'un en juillet 2017) et deux hélicoptères de transport de troupes et de fret NH-90TTH en soutien aux opérations de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali). Un peu plus d'un an plus tard, cette opération vient de se terminer avec la dernière sortie opérationnelle le 15 juin 2018.
En effet, dans un communiqué de presse publié le 15 juin 2018, la Bundeswehr a annoncé que cette opération extérieure prenait fin ce mois-ci. Au cours de leur déploiement au Mali, les Tigre UHT ont réalisé 185 sorties aériennes environ lors de missions d'escorte des convois terrestres, de la surveillance d'itinéraires, de l'appui aérien rapproché, des « show of force », des missions d'escorte lors des MEDEVAC avec les NH-90TTH, etc…
La Bundeswehr souligne qu'au cours de ces missions, les Tigre UHT n'auront jamais utilisé leur armement. Officiellement, cette absence de tirs est due aux démonstrations de force effectuées par les Tigre avec des passages bas et rapides au-dessus des jihadistes, qui permettaient de faire fuir les combattants. Mais il faut aussi rappeler que Berlin a toujours travaillé sur des théâtres d'opérations avec des règles d'engagement (ROE, rules of engagement) très contraignantes et qui limitent l'ouverture du feu. A titre d'information, les Tigre évoluaient avec un réservoir externe supplémentaire d'un côté et une nacelle canon de l'autre, puisque les Tigre allemands sont dépourvus d'un canon sous le nez comme sur les Tigre HAD/HAP de l'Aviation légère de l'armée de Terre.
Outre ces missions, la présence de ce détachement allemand de l'Heeresfliegertruppe (régiment d'aviation de l'armée de Terre) a été marquée par l'accident d'un Tigre UHT le 26 juillet 2017, à une centaine de kilomètres au sud de la ville de Gao, située dans l'est du Mali, et non loin de la frontière avec le Niger.
L'accident, qui a coûté la vie au chef de bord en place arrière ainsi qu'au pilote en place avant, serait dû à une perte en plein vol de certains composants de l'hélicoptère, dont notamment une pale du rotor principal, selon les premiers éléments de l'enquête diligentée par les autorités allemandes.
D'après l'agence de presse Reuters, le Tigre UHT aurait « commencé à se désintégrer en vol, perdant son hélice ». En effet, le rapport concernant les résultats préliminaires de l'enquête affirme que « selon les informations disponibles pour le moment, une fois que l'appareil a commencé à descendre, des parties de l'hélicoptère se sont détachées, notamment les pales du rotor principal ». Ce dernier ajoutait « qu'une désintégration en vol est susceptible d'indiquer des défauts d'entretien ou de conception », mais précisait également qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions aussi approfondies.
Lors de l'accident, le Tigre UHT évoluait à une vitesse de 155 miles, soit environ 250km/h, et à une altitude de 1 800 pieds, soit presque 550 mètres. C'est à ce moment là « qu'il a soudainement piqué du nez et qu'il est entré dans une forte plongée. L'hélicoptère s'est écrasé dix secondes plus tard avant de s'enflammer ».
Le départ des Tigre et des NH90TTH intervient en parallèle et dans la même période que le retrait des deux NH90TTH de la Composante Air belge, également déployés à Gao. Ces deux hélicoptères sont engagés dans la région depuis mars 2018 et effectuaient eux-aussi des missions MEDEVAC au profit de la MINUSMA. Les Caïman belges opéraient régulièrement de concert avec les hélicoptères allemands. A titre d'exemple, fin avril 2018, un NH90TTH belge a décollé afin d'assurer l'escorte et la protection d'un NH90 allemand qui effectuait une MEDEVAC.
Aujourd'hui, avec le retrait simultané de ces deux détachements européens, la MINUSMA se retrouve avec un volet aérien sensiblement réduit et qui ne lui permet plus de disposer d'une capacité d'évacuation médicale par les airs. En effet, les seuls vecteurs aériens qui opèrent encore aujourd'hui sont les trois hélicoptères d'attaque au sol MD-500E de la Force aérienne salvadorienne, stationnés à Tombouctou. Mais leurs caractéristiques (emport d'armement offensif limité, protection des équipages mince, élongation courte…) ne leur permettent pas de combler ce manque.
La MINUSMA est donc aujourd'hui dans l'attente de l'arrivée au Mali, toujours à Gao, d'un détachement de l'Aviation royale canadienne (ARC). Cette force opérationnelle aérienne sera armée par deux hélicoptères lourds CH-147F Chinook pour les missions de transport de troupes et de fret, et par quatre hélicoptères CH-146 Griffon qui assureront l'escorte et une protection armée lors des opérations. Ces appareils vont atterrir au Mali en juillet 2018 et doivent rester sur place pendant un an.