© USAF - Des membres du 57th Rescue Squadron et des militaires polonais vont embarquer dans un Mi-24 « Hind » de la Force aérienne polonaise pendant l'exercice Frozen Fury, en mars 2018.
Des forces armées occidentales, comme les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni ou l'Allemagne, publient des appels d'offres pour répondre leurs besoins en aéronefs « Aggressors » de compagnies privées. Ces derniers ont pour objectif de simuler des menaces adverses au profit des forces armées étatiques, faisant ainsi économiser des heures de vol coûteuses et du potentiel aux appareils des armées.
Si l'on a récemment et à plusieurs reprises évoqué le marché des avions de combat, avec notamment les A-4 Skyhawk, Mig-21 « Fishbed », L-159 « Alca », Su-27 « Flanker » ou les anciens Mirage F1 espagnols et CR/CT français, le marché est aussi ouvert à celui des hélicoptères d'attaque au sol et de transport. C'est donc dans ce contexte là que l'US Marine Corps a émis une demande pour la location de deux hélicoptères Mi-24 « Hind » ou deux Mi-17 « Hip ».
En effet, repérée par le site Marine Corps Times, l'offre a été publiée le 26 avril 2018 sur le site officiel Federal Business Opportunities sous le nom de « Foreign Adversary Aircraft Support », et émise par l'US Marine Air Ground Task Force Training Command (MAGTF TC), implanté à Twentynine Palms, en Californie. Cette demande explique que « l'objectif de cette offre est de familiariser le personnel de l'US MAGTF TC et les membres de chaque force des exercices avec les caractéristiques de vol, les capacités et les limites des aéronefs à voilure tournante des forces adverses ».
Les appareils et le personnel de la compagnie (pilotes et mécaniciens) choisis pour ce répondre à ce contrat devront être habilités au secret défense avec le formulaire DD 254 et auront leur qualification de « pilote-instructeur Aggressors » sur Mi-24 ou Mi-17. Par ailleurs, ils devront aussi avoir à leur actif pas moins de 2 000 heures de vol, au moins 250 heures de vol en tant que chef de bord, et un minimum de 5 heures de vol au cours des 60 derniers jours sur l'hélicoptère sélectionné pour l'US Marine Corps (USMC). Enfin, ils devront aussi disposer de toutes les réglementations requises par la FAA (Federal Aviation Authority).
Outre les équipages et le personnel de mise en condition, l'US Marine Air Ground Task Force Training Command a aussi émis des demandes particulières concernant les spécificités des hélicoptères. Avant tout, ils doivent être totalement interopérables avec les différentes installations qui se trouvent dans l'enceinte du « Tactical Air Combat Systems range » de Yuma, situé dans le désert de l'Arizona.
Par ailleurs, ils doivent être mesure de conduire des missions et jouer leur rôle d' « Aggressor » contre des hélicoptères, des avions, des bases opérationnelles avancées (FOB, Forward Operating Bases), des points de ravitaillement avancés, des unités de défense anti-aérienne, ainsi que contre des positions « amies ». En outre, il sera aussi amené à faire des missions « Air and Missile Defense Operations », de l'appui aérien rapproché, du recueil de renseignements contre des positions ennemies, ainsi que des missions d'attaque au sol contre des positions des forces armées engagées dans les exercices.
© USMC - Un Hind, mis en oeuvre par des aviateurs du Marine Aviation Weapons and Tactics Squadron One (MAWTS-1), s'apprête à partir en exercice depuis la base de Yuma, en octobre 2015.
L'US MAGTF TC explique que « l'hélicoptère d'attaque, en raison de sa taille, de son profil de vol, de sa puissance de feu et de ses capacités de manœuvre défensive, constitue une menace unique en créant une force d'opposition (OPFOR) réaliste et crédible pour les forces armées qui conduisent des missions 'Joint Air and Missile Defense Operations' ».
Ces différents types de missions seront réalisés à partir de deux sites uniquement. Le premier depuis le « Marine Corps Air Ground Combat Center » de Twentynine Palms, dans le sud de la Californie, et le second depuis le « Marine Corps Mountain Warfare Training Center » de Bridgeport, dans l'est de la Californie.
La participation de ces hélicoptères de l'ère soviétique se fera lors de 5 exercices « Integrated Training Exercises » (ITX) de 29 jours chacun (40 heures de vol maximum à chaque fois), 5 « Mountain Training Exercises » (MTX) de 28 jours chacun et de 2 « Talon Exercises » (TALONEX) de 5 semaines chacun. Le contrat signé doit se dérouler sur 12 mois, soit 1 an découpé en 4 périodes.
Par ailleurs, le contrat ne comprend pas uniquement la location d'heures de vol d'hélicoptères. En effet, une option est également posée pour la location d'un avion de transport léger An-2 « Colt ». La société privée qui sera chargée de fournir les hélicoptères devra être potentiellement capable de fournir ce type d'avion avec un préavis de 15 jours minimum avant le début de l'exercice.
Comme pour les voilures tournantes, le « Colt » devra être équipé de systèmes interopérables avec les équipements du « Tactical Air Combat Systems range » de Yuma et sera chargé d'effectuer des missions d'attaque au sol. « Cet avion sera un avion ennemi 'Aggressor' présentant des signatures visuelles, infrarouges et radars uniques contre les unités aériennes 'Blue' et les unités terrestres de lutte anti-aérienne ».
« L'identification visuelle et la capacité à pouvoir contrer des systèmes d'armes ennemis sont les principaux objectifs d'apprentissage ». Pour cela, douze heures de vol pourraient être attribuées à l'entreprise choisie pour répondre à cet appel d'offre.
Les demandes de location d'heures de vol d'aéronefs à des entreprises privées sont aujourd'hui devenues régulières et habituelles pour les forces armées occidentales. En revanche, les demandes spécifiques comme celle-ci restent encore peu courantes. Elle démontre que les forces armées ne concentrent plus leurs exercices dans des missions de contre-insurrection uniquement comme elles ont pu le rencontrer en Irak, en Afghanistan ou en Afrique. Elles récupèrent le savoir-faire des opérations contre des adversaires de force égale (voire supérieure) et qui disposent de moyens conséquents et puissants. Il s'agit alors ici de menaces étatiques, puisque les groupes ou organisations terroristes disposant de ce type d'aéronef sont rarissimes.