L'édition 2018 de l'exercice international Frisian Flag s'est tenue du 09 au 20 avril 2018 depuis la base aérienne de Leeuwarden, située dans le nord des Pays-Bas. Cet exercice majeur et aujourd'hui incontournable en Europe, et organisé par la Royal Netherlands Air Force (Koninklijke Luchtmacht, KLu), a rassemblé cette année plus de soixante avions de combat, issus de sept nations différentes.
L'objectif de cet exercice est d'entraîner tous les participants à la mise en place et la conduite d'opérations aériennes de type COMAO (COMposite Air Operation), qui réunissent plusieurs dizaines d'avions de combat, tels que des chasseurs et chasseurs-bombardiers, des ravitailleurs, avions d'alerte avancée, avions de guerre électronique, hélicoptères de manoeuvre et d'attaque au sol, etc…
Pour rendre l'exercice plus réel et y intégrer de nouvelles menaces, l'édition 2018 a vu la participation de bâtiments de combat et de plusieurs A-4 Skyhawk de l'entreprise privée canadienne Discovery Air. Ces appareils ont joué le rôle d'avions « Aggressors », et l'avionneur privé a aussi pu encore une fois montrer aux aviateurs des forces aériennes présentes les capacités de ses machines, alors que de nombreuses armées en Europe cherchent à louer des heures de vol de ce type pour entraîner ses propres pilotes.
Au cours de ces intenses journées d'exercice, tous les acteurs ont effectué plusieurs types de missions avec de la défense et supériorité aérienne, des frappes planifiées contre des objectifs au sol, des missions de protection d'aéronefs lents et à haute valeur ajoutée comme les avions d'alerte avancée et les ravitailleurs, etc… La KLu explique que « chaque jour, un participant planifie, dirige et rend compte d'une mission d'entraînement. De cette façon, ils développent des compétences de leadership dont le pilote a également besoin dans des missions opérationnelles ».
L'espace aérien dans la région étant déjà habituellement très fréquenté, notamment par les lignes commerciales, la majeure partie des opérations aériennes se déroulaient au-dessus de la mer du Nord, mais aussi au-dessus du territoire néerlandais, allemand et danois. En outre, certaines zones étaient exclusivement réservées aux avions de combat de l'exercice puisque des avions de guerre électronique y brouillaient tous les signaux de communication afin de perturber les mouvements.
© Kévin Duretz - Un Rafale B de l'EC « La Fayette », orné de la cigogne de la SPA 167 « Cigogne de Romanet ».
Dans le détail, la France a amené quatre Mirage 2000D de la 3ème Escadre de chasse de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey, cinq Rafale B et quatre Rafale C de la 4ème Escadre de chasse de la BA 113 de Saint-Dizier et de la 30ème Escadre de chasse de la BA 118 de Mont-de-Marsan. L'ensemble de ce déploiement était soutenu au sol par environ 200 aviateurs dont des mécaniciens, spécialistes avionique, vecteur et cellule, des armuriers, du personnel administratif, etc…
Chez les nations étrangères la présence était aussi très importante avec pas moins de 8 Eurofighter Typhoon du Taktische Luftwaffengeschwader 71 « Richthofen » (TaktLwG 71) de la Luftwaffe, 16 F-16AM/BM du No. 322 Squadron de la force aérienne locale, 5 F-16C/D Block 52 et 3 MIG-29A/B « Fulcrum » de la Force aérienne polonaise. Ces derniers étaient notamment utilisés en tant qu'« Aggressors ». Le Royaume-Uni a engagé un avion de guerre électronique DA-20 de l'entreprise Cobham.
De plus, on retrouvait aussi 12 F-15C Eagle du 104th Fighter Wing de l'US Air National Guard du Massachusetts, et l'Ejército del Aire déployait de son côté 7 EF-18 Hornet. Enfin, avec la tenue en parallèle de l'exercice de l'OTAN European Air Refueling Training (EART) sur la base aérienne de Eindhoven, les ravitailleurs se sont joints aux missions. Un C-135 du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 « Bretagne » engagé sur l'exercice a été désengagé quelques jours plus tard en prévision du raid aérien en Syrie.
Le lieutenant-colonel Olivier, chef du détachement français, explique que « nous travaillons dans un environnement tactique non permissif réaliste intégrant des menaces air-air et sol-air ». « Nous développons et validons des tactiques de combats représentatifs de ceux que nous menons dans nos opérations aériennes actuelles », ajoute de son côté un second aviateur français. Le lieutenant-colonel précise que « le rythme est soutenu pour le détachement. Les premiers équipages arrivent à 7h00, pour briefer à 11h15 et décoller à 13h30. Comme pour l’exercice TLP [Tactical Leadership Program, NDLR], la contrainte temporelle est forte ».
Voici quelques photographies des participants à l'édition 2018 de l'exercice Frisian Flag. Mes remerciements au photographe pour ses photos, dont vous pouvez retrouver la suite sur sa galerie Flickr ici.