© DGA - Quelques instants avant que l'ANL/Sea Venom s'apprête à impacter sa cible, lors du second tir, le 18 avril 2018.
Dans un communiqué de presse publié le 30 mai 2018, la Direction générale de l'armement (DGA) a annoncé qu'elle venait de procéder, en coopération avec l'entreprise MBDA, au second tir de développement du missile antinavire léger ANL / Sea Venom. Le tir, qui a eu lieu le 18 avril 2018, n'a été annoncé… qu'un mois plus tard ! La mission a été réalisée « à partir d’un hélicoptère banc d’essai de type Panther de DGA Essais en vol sur une cible en mer, au large de l’île du Levant (83 - Var) », indique le communiqué.
« Le scénario joué était un tir à longue portée avec vol du missile à très basse altitude et accrochage de la cible en milieu de course (Lock On After Launch - LOAL) », précise la DGA. Le « succès » de ce deuxième tir a permis « de valider plusieurs capacités du missile suivant un scénario représentatif de son futur emploi, notamment l’aptitude du missile à la navigation au raz de l’eau (sea-skimming) et le bon fonctionnement de la liaison de données entre le missile et l’hélicoptère », est-il également expliqué.
Ce tir intervient dix mois après le premier tir d'un ANL / Sea Venom, le 21 juin 2017, depuis le site Méditerranée du centre DGA Essais de missiles (DGA EM). Lors de l'annonce de ce premier tir, Franck Bastart, chef du programme ANL / Sea Venom chez le missilier MBDA, affirmait que « ce premier tir est un succès total et un moment de fierté pour l’entreprise et tous ceux qui sont impliqués dans le projet. Quand l’ANL / Sea Venom entrera en service, il apportera une avancée majeure aux capacités d’engagement des armées française et britannique ».
© © DGA Essais en vol - Premier tir de l'ANL/Sea Venom depuis un hélicoptère Panther de la DGA, le 21 juin 2017.
Le projet du missile air-mer ANL / Sea Venom a été lancé le 26 mars 2014, conjointement entre la France avec la DGA et le Royaume-Uni avec DE&S (Defence Equipment and Support), dans le cadre de l'accord intergouvernemental « One Complex Weapon », mis en place à la suite de la signature du traité de Lancaster House, signé en 2010.
Ce missile est destiné, lors de son intégration au sein des forces armées françaises et britanniques, à remplacer, respectivement, les missiles AS15TT et Sea Skua et est complémentaire du missile air-mer Exocet. Au Royaume-Uni, il sera emporté par les hélicoptères AW159 Wildcat de la Royal Navy. En France, c'est le H160M (Hélicoptère interarmées léger) qui se chargera de mettre en oeuvre cet armement au sein de la Marine Nationale. Son intégration peut aussi se faire sur les NH-90NFH Caïman, ainsi que sur les hélicoptères Panther actuellement en service.
La DGA explique que l'ANL/Sea Venom permettra de « lutter contre un large panel de menaces de surface, depuis les vedettes rapides et manoeuvrantes jusqu’aux corvettes, y compris en environnement côtier ». Le missile sera particulièrement utilisé pour des missions de lutte contre la piraterie, le narcotrafic, le terrorisme ou lors d'une crise localisée. Son utilisation sera efficace contre les embarcations « de petites tailles, très rapides et très maniables [qui rendent] ainsi toute intervention délicate en particulier près des côtes ».
Avec un poids de 110kg, d'une longueur de 2,50 mètres et d'un diamètre de 200mm, ce missile subsonique dispose à la fois du mode « tir et oubli » avec un autodirecteur infrarouge et de la capacité « homme dans la boucle », ce qui permet « de maîtriser le tir jusqu’à l’impact sur la cible ». En outre, sa portée est de 20km, tandis que sa charge explosive est de 30kg.
En octobre 2014, Nicolas Duchesne, manager missile anti-navire léger à la DGA, expliquait alors que « l’opérateur en charge du tir reçoit sur son écran de contrôle le retour image de ce que voit le missile. Il peut ainsi, pendant le vol, désigner une nouvelle cible ou choisir de frapper une zone particulière du navire, comme le gouvernail par exemple, afin de le neutraliser sans le détruire totalement. Il peut également annuler le tir si nécessaire, le missile tombera alors à l’eau ».
Cela permet notamment « d’adapter les prises de décisions en temps réel, pour une réponse mesurée et graduelle limitant ainsi les dommages collatéraux ». En outre, le missile dispose aussi d'une « liaison de données bidirectionnelles » qui permet l'envoi en temps réel de données depuis l'hélicoptère-tireur vers le missile, et réciproquement.