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Dassault Aviation termine le standard F3-R avant son entrée dans les forces

Dassault Aviation termine le standard F3-R avant son entrée dans les forces

EXCLUSIF !

Début d'année 2014, le Ministère français de la Défense, la Direction Générale de l'Armement (DGA) et Dassault Aviation annoncent officiellement le lancement des travaux pour la mise au point du standard F3-R sur les Rafale M de la Marine Nationale et les Rafale Air (C/B) de l'armée de l'Air. Quatre ans plus tard, ces travaux sont en passe de se terminer et le standard s'apprête à rejoindre les forces armées françaises.

En effet, d'après nos informations, l'ensemble des travaux effectués par les industriels engagés dans cette nouvelle version du Rafale ont été menés à bien et sont validés en cette fin du mois de mai 2018, comme prévu lors de la signature du contrat, notamment entre Dassault Aviation, THALES, SAFRAN, MBDA et la DGA. 

Mais la fin des travaux de développement et de test du standard F3-R ne signifie pas son intégration directe dans les forces armées. La modernisation des Rafale M/C/B actuellement livrés et qui opèrent avec le standard F3-4+ ne se fera qu'à compter du troisième trimestre de cette année, aux alentours de septembre 2018, d'après nos informations.

Par ailleurs, les Rafale EM/DM de la Force aérienne égyptienne et les EQ/DQ de la Force aérienne qatarie qui sont sortis des usines de Dassault Aviation devront eux aussi être portés à ce nouveau standard. Cependant, il ne faudrait que quelques heures seulement pour intégrer le F3-R dans le système des avions.

En outre, la validation de l'ensemble des essais du standard F3-R par les industriels doit encore franchir l'étape de l'expérimentation. En effet, dans quelques mois, le Centre d'expertise aérienne militaire (CEAM) de l'armée de l'Air à Mont-de-Marsan, et le Centre d'expérimentations pratiques et de réception de l'aéronautique navale (CEPA/10S) sur la base aéronavale d'Hyères vont devoir définir le mode d'emploi de ces systèmes.

© Dassault Aviation / Anthony Pecchi - Un Rafale C, utilisé pour les essais en vol, ici en vol avec la nacelle de désignation laser TALIOS.

© Dassault Aviation / Anthony Pecchi - Un Rafale C, utilisé pour les essais en vol, ici en vol avec la nacelle de désignation laser TALIOS.

En quoi consiste exactement cette expérimentation ?

Les équipages navigants et le personnel au sol vont être chargés de concevoir le manuel d'utilisation de l'ensemble des nouveaux équipements qui composent ce standard F3-R. Lors de la signature des contrats, les industriels sont chargés uniquement de la conception du système et de leurs équipements, de leur intégration sur Rafale et de les tester dans toutes les configurations de vol possibles pour voir s'ils fonctionnent bien, ou non (toutes les altitudes, vitesses, configurations, séparation avion-armement, avec des défaillances, etc…).

Pour le CEAM et le CEPA, l'objectif est donc de tester ce même matériel dans un environnement représentatif d'un contexte opérationnel. Que ce soit un système d'aide au pilotage, un armement offensif ou défensif, les deux centres vont conduire des expérimentations en vol en prenant en compte de nouvelles problématiques. Par exemple, ils vont vérifier que tout fonctionne normalement même en présence de brouillage, en l'absence de GPS, avec des menaces adverses, dans quelles situations tel armement est plus adapté et quelles sont ses capacités, etc…

Il faut que la fonction qui testée ne prenne pas la main sans que le pilote ne le veuille, mais aussi et surtout, qu'elle soit analysée avec tous les types de missions, les configurations et emports que les équipages sont amenés à rencontrer sur les théâtres d'opérations. Le travail est immense puisqu'il faut prendre en compte absolument tout : facteurs de charge, vitesse, vent, altitude, masse avion et armement, inclinaison, profil d'attaque, manoeuvres, etc…

L'ensemble de ces essais effectués, les manuels d'emploi établis, toujours avec le soutien des industriels, la mise en service opérationnelle du standard F3-R pourra alors être prononcée. Elle devrait d'ailleurs l'être, d'après nos informations, dans le courant de l'année 2019. 

© Dassault Aviation / Anthony Pecchi - Un Rafale C lourdement chargé et équipé de 6 AASM, 4 MICA IR/EM, 2 METEOR et 3 réservoirs largables.

© Dassault Aviation / Anthony Pecchi - Un Rafale C lourdement chargé et équipé de 6 AASM, 4 MICA IR/EM, 2 METEOR et 3 réservoirs largables.

Qu'est ce qui est compris dans le standard F3-R ?

Avant tout, l'un des changements majeurs avec l'arrivée de ce nouveau standard, c'est le missile air-air longue portée METEOR. Annoncé en exclusivité en avril 2017 sur Defens'Aero et confirmé récemment par Dassault Aviation, l'intégration a été effective le 06 avril 2017, lors du tir d'un quatrième et dernier missile METEOR depuis le Rafale B301.

Cette campagne d'intégration a été menée par Direction Générale de l'Armement (DGA), en coopération avec Dassault Aviation, le missilier MBDA et l'industriel Thales. Conçu pour la mission de défense et de supériorité aérienne à très longue portée, il est équipé d’un statoréacteur et doté du mode « tire et oublie ».

Grâce aux performances du radar RBE2 à antenne active équipant le Rafale (seul avion de combat européen doté de ce type de radar), il sera capable d’intercepter des cibles à très longue distance, en complément des actuels missiles MICA IR ou EM (InfraRouge ou ElectroMagnétique), utilisés aussi pour le combat et l’autodéfense mais à des distances plus rapprochées.

Avec une vitesse de pointe de Mach 4, le METEOR dispose d'une portée de plus de 100 kilomètres. Toutefois, pour des raisons opérationnelles évidentes, la portée réelle du missile n'a jamais été divulguée. Il peut être tiré avec un Rafale équipé du radar PESA ou AESA.

Ce nouveau standard permettra aussi l'intégration de la nouvelle nacelle de désignation laser, le TALIOS, en remplacement des nacelles DAMOCLES, qui souffrent d'un retard technologique face à ses concurrentes américaines, dont notamment le SNIPER, qui a été sélectionné par le Qatar. L'ensemble des essais sont aujourd'hui achevés, après une campagne d'essais en vol qui s'est ouverte fin avril 2016, comme nous l'avions précisé.

D'après nos informations, la livraison des premières nacelles de série TALIOS doit intervenir en début d'année 2019 afin de pouvoir débuter les expérimentations par le CEAM et le CEPA/10S. Toutefois, même si la nacelle est aujourd'hui intégrée sur Rafale, cela ne veut pas dire que son développement est arrêté. En effet, chez le fabriquant Thales, le développement et les tests se poursuivent pour rendre le pod encore plus performant.

En terme de capacité air-sol, le pilote pourra sélectionner le mode d'impact de la bombe guidée laser/GPS AASM. Par ailleurs, le Rafale sera aussi capable de tirer la bombe guidée laser GBU-16 Paveway II, dont le kit de guidage se monte sur un corps de bombe Mk 83. D'un poids de 500 kg, dont la charge explosive est de 200kg, elle est aujourd'hui utilisée par les M2000D uniquement. Son intégration permettra au Rafale de frapper des cibles faiblement durcies et d'une taille petite à moyenne.

Dans le cockpit et de manière moins visible, le Rafale disposera d'un nouvel IFF mode 5/S, le système SPECTRA se renforce avec de meilleures capacités de guerre électronique et le système de communication cryptée OTAN, la Liaison L16, sera amélioré. En outre, le radar RBE2-AESA (antenne active, ou Active Electronically Scanned Array) sera modernisé et le Rafale dispose d'un système AGCAS (Automatic Ground Collision Avoidance System) qui permet de récupérer l'avion en cas d'une perte de contrôle.

On retrouvera aussi le système SAASM (Selective availability anti-spoofing module). Ce dernier permet, entre autres, d'éviter le brouillage électronique des données GPS par l'adversaire. Enfin, chez les Rafale Marine uniquement, le ravitaillement en vol « buddy-buddy » sera effectué avec la nacelle NARANG (Nacelle de ravitaillement nouvelle génération). Ses compétences doivent lui permettre d'avoir un débit de kérosène plus important que celle en service.