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L'US Air Force a retiré ses drones MQ-1 Predator

L'US Air Force a retiré ses drones MQ-1 Predator

© USAF - Un MQ-1A Predator effectue une mission d'entraînement depuis la base aérienne de Creech, dans le Nevada.

© USAF - Un MQ-1A Predator effectue une mission d'entraînement depuis la base aérienne de Creech, dans le Nevada.

Officiellement annoncé en février 2017, l'US Air Force vient de mettre un terme à la carrière des drones MQ-1 Predator lors d'une cérémonie qui s'est déroulée le 09 mars 2018 sur la base aérienne de Creech, située dans l'Etat du Nevada, aux Etats-Unis, sous l'égide du 432nd Wing et du 432nd Air Expeditionary Wing.

Dans son communiqué de presse publié à la suite de cette cérémonie, l'US Air Force explique que le dernier vol d'un MQ-1 Predator dans le ciel des Etats-Unis a été mené par les opérateurs du 489th Attack Squadron (ATKS), tandis que le 15th Expeditionary Attack Squadron a lui effectué la toute dernière mission opérationnelle d'un Predator au-dessus d'un théâtre d'opérations depuis une base aérienne qui n'a pas été révélée.

Au retour du dernier vol sur le sol américain, le MQ-1 Predator a eu droit aux traditionnelles gerbes d'eau des pompiers du 99th Civil Engineer Squadron Fire Protection Flight. A la suite de ce vol, le Staff Sgt. Robert du 489th ATKS a déclaré que «compte tenu de l'impact que cet avion a eu sur le combat de nos jours, je me sens extrêmement honoré et fier de prendre part à la retraite d'un avion de l'US Air Force».

Plusieurs personnes, des ingénieurs, des industriels et des hauts gradés de l'US Air Force qui ont joué un rôle important dans le développement et l'intégration des drones de surveillance et plus tard des drones armés au sein de l'US Air Force se sont exprimés tout au long de cette cérémonie. Il faut notamment retenir les déclarations de l'ingénieur américain Abraham Karem, né en Irak en 1937 et considéré aujourd'hui comme le père fondateur du drone Predator.

Après avoir construit un premier drone pour les besoins de la Force aérienne israélienne en 1973 lors de la guerre du Kippour, Abraham Karem rejoint quelques années plus tard les Etats-Unis et y fonde la société Leading Systems Inc. L'US Air Force explique que c'est dans son garage qu'il va fabriquer son premier drone, appelé Albatros. De là, la DARPA va confier à sa société le développement et la construction d'un nouveau drone à partir de l'Albatros… Amber né de ce projet secret, mais dévoilé au grand public en 1987. Après des remous politiques internes, notamment avec l'intervention du Congrès américain et de l'arrêt du financement de ce programme, la société va faire faillite. Elle sera rachetée par General Atomics en 1991, qui va alors développer le Predator que l'on connait aujourd'hui.

Avec un premier vol en juillet 1994, le drone MQ-1 Predator va entrer en service au sein de l'US Air Force un an plus tard, en juillet 1995. Et c'est dès ce même mois que les Predator vont effectuer leurs toutes premières missions opérationnelles au-dessus de l'Albanie, pilotés par les premiers opérateurs de drones américains depuis le 11th Reconnaissance Squadron (RS), stationné sur l'Indian Springs Air Force Auxiliary Field, dans le Nevada. A cette époque, si on parle aujourd'hui de MQ-1, le drone est encore désigné dans sa version RQ-1. Deux appareils seront perdus lors de ces missions.

En mars 1996, les drones retournent en Europe de l'est et sont cette fois déployés sur la base aérienne de Taszar, en Hongrie. Sur place, avec la mise sur pieds du 15th RS, les drones vont effectuer des missions ISR lors de l'opération de l'OTAN Allied Force, pendant l'été 1999, et qui avait pour objectif de faire tomber les installations militaires et décisionnelles serbes en Yougoslavie.

Les retours d'expérience de ces missions opérationnelles, où plusieurs appareils sont perdus, ont permis à l'US Air Force de faire intégrer des missiles air-sol AGM-114C Hellfire, des capteurs plus performants, un moteur plus puissant et une meilleure connaissance de toutes les possibilités qu'offrent ces drones. L'armement des Predator, après des premiers essais de tir dès février 2001, donne la dénomination MQ-1A. La première mission opérationnelle avec l'emport d'un armement air-sol se fait en octobre 2001, au-dessus de l'Afghanistan, dans le cadre de l'opération Enduring Freedom, à la suite des attentats du World Trade Center à New-York, le 11 septembre 2001.

A compter du début des années 2000, les drones Predator vont être largement employés au cours des multiples opérations extérieures que va mener Washington, notamment en Afghanistan, en Irak, en Libye (2011), en Somalie et en Syrie. Mais avec le programme d'assassinats ciblés, les Predator vont être employés au-dessus de nombreux pays tels que le Pakistan, le Yémen ou les Philippines. 

L'US Air Force a annoncé que depuis l'engagement des Predator au-dessus de l'Irak et de la Syrie en 2014, dans le cadre de l'opération internationale Inherent Resolve contre l'organisation Etat Islamique, les MQ-1A du 432nd WG ont effectué plus de 12 000 sorties aériennes et environ 216 000 heures de vol. 

Tout au long de ces années, les drones vont être modernisés avec l'intégration d'un système ROVER (Remote Operations Video Enhanced Receiver), qui permet l'échange d'images et de vidéos des objectifs entre les contrôleurs aériens avancés au sol (JTAC) et les opérateurs du drone. Les liaisons satellitaires ont elles-aussi été modernisées avec une meilleure communication entre les opérateurs au sol et le drone, qui évolue à des milliers de kilomètres d'eux.

Avant le retrait des MQ-1 au profit des MQ-9 Reaper, qui disposent d'une meilleure motorisation, d'une plus grande capacité d'emport d'armements et d'aptitudes améliorées (vitesse, altitude maximale, capteurs, etc…), l'US Air Force mettait en oeuvre environ 120 Predator, avec une disponibilité de 91,16%. Ces drones devraient regagner le cimetière d'avions de la base aérienne de Davis-Monthan, dans l'Arizona. 

L'avenir de ces appareils reste aujourd'hui encore incertain. En effet, si des administrations américaines pourraient être intéressées pour compléter et renforcer leurs flottes de drones, l'exportation et la vente de ces systèmes à des opérateurs privés ou des Etats étrangers semble comprise. Pour les premiers, c'est notamment en raison de la possibilité de pouvoir armer ces drones. Même démilitarisés, avec des ingénieurs qui auraient des connaissances dans ce domaine, des entreprises pourraient être en mesure de ré-armer ces appareils. Pour les Etats, la mise sur la marché de l'occasion de drones Predator ferait de l'ombre à son petit frère, le Reaper, qui lui est toujours proposé à la vente par son fabricant.