© A. Courtillat / Armée de l'Air - Un Rafale M de la Chasse Embarquée réalise une série d'ASSP sur la base aérienne 125 d'Istres, ici avec l'ancien miroir d'appontage.
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Avec l'arrêt technique majeur (ATM) du porte-avions Charles de Gaulle engagé depuis maintenant un an, les Flottilles de la Marine Nationale poursuivent la formation des jeunes marins et l'entraînement sur terre du personnel déjà qualifié lors d'entraînements spécifiques, ce qui permet de maintenir leurs qualifications opérationnelles.
Outre l'exercice «Carrier Week», qui «a pour but de recréer l’espace précis du pont d’envol du Charles de Gaulle, et d’entraîner l’ensemble du personnel chargé de la mise en œuvre des aéronefs, dans des conditions proches du réel», les marins du ciel maintiennent aussi leurs compétences avec les entraînements ASSP (Appontage simulé sur piste) et avec les nouveaux équipements qui seront installés sur le porte-avions à la sortie de son chantier.
En effet, selon nos informations, la Marine nationale a réceptionné de la Direction Générale de l'Armement (DGA) les deux premiers et nouveaux systèmes d’aide à l’appontage, désignés IFLOLS (Improved Fresnal Lens Optical Landing System), et plus connus sous le nom de miroir d'appontage. «Installés sur la base aéronavale de Landivisiau et testés fin 2017, ces systèmes viennent d’être installés et ont été mis en service en janvier 2018», nous précise-t-on.
Ce nouveau système IFLOLS est développé et produit par le Naval Air Systems Command (NAVAIR) et doit remplacer et moderniser l'actuel système, aujourd’hui obsolescent, qui équipe le navire amiral de la Marine nationale. Sur porte-avions, il utilise «une fonction de guidage optique précise et est capable de compenser automatiquement les mouvements du pont d'envol face à la houle parfois agitée», expliquent plusieurs sources concordantes.
Cet équipement «permet aux pilotes embarqués de visualiser la trajectoire de descente idéale pour la réussite d’un appontage grâce à un dispositif de faisceaux lumineux. Pour pouvoir s'entraîner avec cet outil, les pilotes doivent d’abord être qualifiés aux ASSP. Cette qualification est obtenue lors d’entraînements réalisés sur la base de Landivisiau ou d’Istres avec des équipements terrestres semblables à l’équipement embarqué», nous explique-t-on.
© USMC - Des F/A-18 de l'US Marine Corps s'entraînent à l'appontage avec le système IFLOLS, le même réceptionné par la France.
Notifié en mars 2014 dans une Foreign Military Sale (FMS) par la Defense Security Cooperation Agency (DSCA, Agence Américaine d'Exportation d'Armement), ce contrat prévoit la livraison, au total, de trois miroirs d'appontage achetés sur étagère aux Etats-Unis. Les deux premiers sont donc en service à Landivisiau, tandis que le troisième doit arriver en France durant l'été 2018.
La Marine Nationale devait absolument réceptionner ces équipements début 2018 afin de pouvoir entraîner ses pilotes avant le départ aux Etats-Unis au printemps, et pour la conduite des essais à la mer prévus cet été avec le Charles de Gaulle. Le timing était serré car le premier miroir d'appontage a nécessité la reprise d'un réglage d'usine, et il fallait organiser une série ASSP avec les officiers d'appontage de l'US Navy. Ces derniers se dérouleront donc entre le 12 et le 18 février 2018 sur la BAN de Landivisiau.
Cet optique d’appontage n'est pas le seul instrument qui apporte une aide précieuse aux pilotes embarqués lors de l'appontage. En effet, on y trouve également un système de trajectographie appelé DALAS-NG (plus d'infos ici), une caméra située dans l’axe de la piste, une caméra infrarouge bande, un système de guidage laser lors de mauvaise condition météorologique, notamment par temps de brouillard, une optique d’appontage de secours appelée MOVLAS, et évidemment, les indispensables OA (Officiers d'appontage).
L'IFLOLS n'est donc qu'un système parmi tout un ensemble qui concourt à la réussite et à la sécurisation de la délicate phase d'un appontage, notamment au retour d'une mission de guerre de plusieurs heures au-dessus d'un territoire hostile. Récemment encore, lors d'une mission qui s'est déroulée le 06 février 2016 (le rapport du BEAD-Air a été publié en novembre 2017), un pilote de la Flottille 17F, au retour d'une mission de 05h50, a endommagé son Super-Etendard Modernisé (n°43) lors de l'appontage.
Le BEAD-Air explique que «la crosse du SEM accroche le brin d’arrêt n°1 alors qu’il est toujours en vol et que sa trajectoire est légèrement ascendante. Cela a pour effet de le rabattre brutalement sur le pont d’envol. L’amortisseur de l’atterrisseur auxiliaire arrive en butée puis la fourche de cet atterrisseur se rompt». La roue avant est projetée sur le pont d'envol et un marin se blesse en tombant au sol en voulant l'éviter. Au final, le pilote souffre de blessures graves, le marin de blessures légères, l'appareil est fortement endommagé, tout comme le pont du porte-avions.