© Sylvain Gourheu - Un des cinq PC-6/B2-H4 «Turbo Porter» de l'Escadrille de transport et de convoyage du matériel.
Aujourd'hui, le parc aérien des hélicoptères de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT) doit faire face à une disponibilité très faible et variable en fonction des flottes, notamment sur le territoire national. Cette difficile situation est due, entre autres, à de trop faibles crédits pour le Maintien en condition opérationnelle (MCO), une cohabitation entre des appareils d'ancienne et de nouvelle génération, un surengagement de l’ALAT, des relations compliquées avec les fabricants, etc…
Par exemple, au 31 décembre 2016, le taux de disponibilité des Puma / Super Puma de l'ALAT et de l'Armée de l'Air n'est que de 27,70%, pour un parc de 105 machines. Chez les hélicoptères Cougar, la situation est sensiblement la même puisqu'avec 26 appareils en parc, la disponibilité n'est que de 9,9%. Pour remédier à ce problème, le général Michel Grintchenko, commandant de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (COMALAT), a peut-être trouvé une solution.
En effet, lors de son allocution à l'IQPC Military Helicopter conference, qui s'est tenue à Londres du 30 janvier au 1er février 2018, le COMALAT a posé une question aux personnalités du monde de la défense et de l'industrie présents lors de son discours, rapporte IHS Jane's. «Pourquoi ai-je besoin d’utiliser un hélicoptère ? Parce que j’ai quelque chose à faire sur le terrain et que j’ai besoin d’atterrir sur une zone restreinte. Si je n’ai pas besoin de faire quoi que ce soit sur le terrain [comme lors de missions de surveillance ou d’appui aérien rapproché], alors pourquoi n’utiliserais-je pas plutôt un avion ? C’est beaucoup moins cher», a-t-il déclaré.
Ces avions légers pourraient alors effectuer des missions ISR (Intelligence, Surveillance and Reconnaissance), des missions de transport, du parachutage de militaires et, dans une plus grande mesure, de l'appui aérien avec des appareils armés de missiles air-sol guidés laser. La réalisation de ces missions par des avions légers soulagerait alors le parc des hélicoptères, qui pourrait sans doute se régénérer plus facilement, se consacrer à d'autres missions et éviter une surexploitation des machines, ce qui engendre forcément un vieillissement plus rapide de la cellule.
Actuellement, l'ALAT met en oeuvre une flotte de cinq PC-6/B2-H4 «Turbo Porter», appartenant au 9ème Régiment de Soutien Aéromobile de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre, au sein de l'Escadrille de transport et de convoyage du matériel, et tous stationnés sur l'aérodrome de Montauban. Deux de ces appareils sont actuellement engagés dans la bande sahélo-saharienne dans le cadre de l'opération Barkhane. Ces PC-6 ont tous été construits en 1992, avec pour immatriculation F-MMCA, MCB, MCC, MCD et MCE et les numéros de série 887 à 891.
Avec une distance franchissable de 1 600km, une vitesse de 230 km/h et une masse maximale de 1820kg, ils assurent principalement des missions de transport d'urgence de pièces de rechange, ainsi que du transport de troupes, parfois sur des terrains sommaires. A ce titre, ils ont une capacité STOL, pour Short Take-Off and Landing (décollage et atterrissage court). En outre, ils peuvent aussi effectuer des largages de parachutistes (10 maximum) par sauts à ouverture commandée ou retardée.
Aujourd'hui, le PC-6, développé et construit par l'avionneur suisse Pilatus, arrive en fin de vie. En effet, en août 2017, son fabricant a annoncé qu'il allait cesser de produire cet appareil courant 2019. Les commandes peuvent être poursuivies jusqu'à mi-2018, et le soutien industriel sera assuré pendant une vingtaine d'années encore afin de fournir des pièces de rechange et une assistance aux utilisateurs de l'avion (environ 500 exemplaires produits).
© USAF - Un U-28A du 318th Special Operations Squadron va atterrir dans le White Sands Missile Range pour être avitaillé par un MC-130J Commando II.
Dans l'optique d'un achat, l'ALAT peut se tourner vers le grand frère du PC-6, le PC-12. Cet appareil peut-être opéré par un seul pilote, ou suppléé par un co-pilote. Equipé du turbopropulseur Pratt-Whitney PT6A-67B de 1 200ch, le PC-12 peut embarquer entre 9 et 10 passagers suivant la configuration et la mission. Pour une envergure de 16m et une longueur de 14m, il est capable d'évoluer à environ 400km/h et dispose d'un plafond d'environ 9 000m.
A titre d'exemple, avec un équipage de deux pilotes et neuf passagers au départ de Niamey (Niger), un PC-12 peut rallier l'ensemble du territoire de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad, où se déroule Barkhane, voire même au-delà avec la Libye et le Nigéria, où des forces spéciales sont engagées.
Il peut opérer depuis des pistes durcies ou des terrains sommaires et son fabricant assure qu'il peut effectuer des missions variées avec de l'évacuation sanitaire ou médicale (EVASAN/MEDEVAC), des missions ISR avec ses propres capteurs, du transport de fret et de passagers (porte cargo sur le côté) et des missions de recherche et sauvetage (SAR).
L'US Air Force emploie une flotte de 28 PC-12, désigné U-28A, et utilisés au quotidien par l'US Air Force Special Operations Command (US AFSOC). Ils sont utilisés par le 319th, 34th et 318th Special Operations Squadrons pour des missions ISR ou de la dépose et récupération de commandos sur le terrain. Ils sont aussi utilisés pour des missions conventionnelles lors de missions humanitaires, SAR et du transport de troupes et matériels. Ils ont été modifiés avec l'intégration, entre autres, de capteurs ISR, de moyens de communication sécurisés et de diffusion en direct des données collectées, des systèmes d'auto-protection contre les missiles sol-air infrarouge (MANPADS), etc…