© USAF - Un A-10C Thunderbolt II, de la base aérienne de Whiteman, rejoint le tarmac de la base de Kandahar, en Afghanistan, le 19 janvier 2018.
Six ans après leur dernier engagement sur le théâtre afghan, les mythiques A-10C Thuderbolt II de l'US Air Force (USAF) sont de retour en Afghanistan, a officiellement annoncé l'US Central Command (US CENTCOM) dans un communiqué de presse publié le 23 janvier 2018. En effet, douze «Warthog» du 303rd Expeditionary Fighter Squadron se sont posés sur la base aérienne de Kandahar, dans le sud du pays, ce 19 janvier.
Les appareils, qui ont d'abord transité par la base aérienne d'Al Udeid, au Qatar, devaient initialement intégrer l'opération internationale Inherent Resolve afin de participer aux frappes aériennes contre l'organisation Etat Islamique en Irak et en Syrie. Mais en raison de la préoccupante situation en Afghanistan, les appareils ont rejoint le pays afin de «renforcer» «la campagne aérienne effectuée par l'United States Forces - Afghanistan (USFOR-A) et les Forces de sécurité nationales afghanes contre les talibans».
Sur place, ces appareils parfaitement conçus pour l'appui aérien rapproché, vont permettre «de soutenir le besoin accru en matière de soutien aérien rapproché et de frappes aériennes de précision pour divers objectifs, avec notamment la campagne aérienne stratégique qui cible les sources de revenus des Talibans et les opérations antiterroristes qui continuent d'être menées», explique l'US CENTCOM.
Les A-10C vont être associés aux drones MQ-9 Reaper. Leur nombre a considérablement augmenté au cours de ces derniers mois sur la base aérienne de Kandahar, à tel point que l'USAF a récemment annoncé qu'il s'agissait de la plus grande concentration de Reaper sur une seule et même base avec la présence de trois escadrons. Par ailleurs, ces Warthog opèreront aussi avec des F-16, F-22 Raptor, B-52 Stratofortress, C-130J Super Hercules ou EC-130H Compass Call, utilisés pour des missions de guerre électronique, et dont certains sont stationnés sur la base aérienne de Bagram, au nord de l'Afghanistan, ou à Al Dhafra, aux Emirats arabes unis.
Par ailleurs, l'US CENTCOM souligne que «l'arrivée de ces appareils fait suite à une décision récente de l'US Air Forces Central Command de réorganiser les appareils, les aviateurs et les ressources de l'US CENTCOM stationnés sur l'aérodrome de Kandahar, en Afghanistan, pour répondre aux besoins accrus de l'USFOR-A et des Forces de sécurité nationales afghanes dans le cadre de l'opération Freedom Sentinel».
En effet, sur le terrain, la situation reste toujours très difficile et parfois incertaine et compromise pour les forces locales. En Afghanistan, les Talibans contrôleraient environ 40% du territoire, notamment dans les zones rurales et reculées du pays. Et même si des efforts sont continuellement exercés afin de conserver le pouvoir dans les villes stratégiques, comme Kaboul, il n'en reste pas moins que les Talibans sont présents et le font savoir. Ils harcèlent constamment les forces nationales afghanes et poursuivent leur mode d'action avec des attentats et des attaques encore très meurtrières (20 janvier, à l'hôtel Intercontinental).
En outre, bien que très affaibli en Irak et en Syrie, l'Etat Islamique s'est implanté en Afghanistan, notamment dans la province de Nangarhâr, dans l'est du pays. L'Etat Islamique a revendiqué ce 24 janvier une attaque contre le siège de l’organisation non gouvernementale britannique Save the Children, où au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées.
Avec des territoires non contrôlés, des attaques contre les grandes villes et la présence grandissante de l'Etat Islamique, les Etats-Unis ont assoupli leurs règles d'engagement qui avaient été modifiées après le retrait de la majorité des forces américaines et de leurs alliés de l'ISAF il y a quelques années. Alors qu'ils ne pouvaient intervenir que pour de l'appui aérien rapproché, ils peuvent maintenant effectuer des missions d'Air Interdiction (frappe sur un objectif planifié).
Dans ce contexte, plus de 4 000 munitions ont été utilisées pour permettre ces frappes aériennes. De plus, l'US Central Command affirme que «depuis novembre 2017, 30 frappes aériennes ont été effectuées contre des usines de production de stupéfiants des Talibans, ce qui a eu pour impact de diminuer de plus de 20 millions de dollars les revenus des Talibans».