© USAF - Des mécaniciens du 48th Aircraft Maintenance Squadron travaillent de nuit sur un F-15E Strike Eagle de retour d'une mission lors du Red Flag 16-4.
Du 26 janvier au 16 février 2018, la base aérienne de Nellis, dans le Nevada, accueille la première édition 2018 du célèbre exercice Red Flag (Red Flag 18-1). La base hôte affirme que cette édition est l'une des plus importantes depuis la création de l'exercice en 1975. Mais cette importante participation se tient par le nombre d'aéronefs, et non par le nombre de pays participants. En effet, cette édition ne voit la participation que de forces aériennes étrangères spécialement invitées avec la Royal Australian Air Force (Australie) et la Royal Air Force (Royaume-Uni), aux côtés des forces américaines (US Air Force, US Marine Corps, US Navy et US Army).
Mais cette première édition sera aussi marquée par une nouvelle particularité. Outre le nombre important de vecteurs aériens, Red Flag 18-1 mettra l'accent sur la conduite d'opérations aériennes dans un espace géographique où les systèmes GPS seront brouillés et donc inutilisables. En effet, dans un communiqué de presse publié le 03 janvier 2017, le colonel Michael Mathes, commandant du 414th Combat Training Squadron, a simplement déclaré que «nous essaierons quelques nouvelles et différentes techniques lors de Red Flag 18-1».
En effet, le site Flying Mag signale que le «NBAA Command Center des forces armées américaines commencera ses exercices d'entraînement au sein du Nevada Test and Training Range entre 04h00Z et 07h00Z tous les jours. Les manœuvres d'entraînement auront des répercussions sur de vastes portions de l'ouest des États-Unis, notamment en Californie, au Nevada, dans l'Oregon, le Wyoming, l'Arizona, l'Utah, le Colorado, le Montana et le Nouveau-Mexique. Les centres ATC impactés sont Albuquerque, Denver, Los Angeles, Salt Lake, Oakland et Seattle».
En outre, il est aussi expliqué que les départs et les arrivées sur les aéroports dans les environs de Las Vegas peuvent être retardés d'une trentaine de minutes ou réacheminés vers le sud et l'est de la région concernée par ces perturbations. Ces relocalisations se feront dans ces zones là car les impacts sont moins forts et les émissions perturbent moins la navigation aérienne des aéronefs civils, qu'ils soient issus de l'aviation commerciale ou de loisir.
De son côté, le site The War Zone, ajoute que ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis testent un système de brouillage des signaux GPS dans l'immensité du Nevada Test and Training Range. En effet, en juin 2016, un système d'arme de ce type avait été testé par le Naval Air Weapons Station China Lake, depuis l'ouest du Désert des Mojaves.
Ce même site, avec des données ouvertes recueilles à la suite des essais, a pu établir qu'il s'agissait d'un système de brouillage des données GPS qui émettait depuis une installation terrestre, et non depuis les airs. Plus elles éloignent du point de départ, ces ondes s'élèvent en altitude. A titre d'exemple, du centre d'émission et dans un rayon de 253mn, ces ondes sont effectives à 50ft AGL (Above ground level, au-dessus du sol local). A 340mn, elles sont perçues jusqu'à 4 000ft, et à 476mn elles touchent les aéronefs jusqu'au FL400 (flight level de 40 000ft).
Au sein des forces armées, la quasi-totalité des systèmes de communication, de liaison, de transfert de données, les systèmes d'arme, etc… fonctionnent avec un système qui utilise le GPS. Rien que dans le domaine de l'aéronautique, et à titre d'exemples, les données GPS sont utilisées, entre autres, pour la navigation des aéronefs ou le guidage des armements, comme les bombes guidées GPS, les missiles de croisière, etc…
Aujourd'hui, la dépendance à ces systèmes est extrêmement forte, alors que les systèmes de brouillage, qu'ils soient fixes ou portatifs et mobiles (sur des appareils, véhicules terrestres, drones miniaturisés ou soldat), se répandent sur le champ de batailles. Des brouilleurs étaient déjà utilisés en Afghanistan (contre les IED, par exemple), mais l'emploi est aujourd'hui quotidien avec la guerre dans l'est de l'Ukraine, en Irak et en Syrie, ou lors de grands exercices, comme Zapad 2017, organisé par la Russie en septembre 2017 dans l'ouest du pays.