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Le Qatar passe une commande pour 36 F-15QA

Le Qatar passe une commande pour 36 F-15QA

© USAF - Un F-15E Strike Eagle vient de se ravitailler sur un KC-10 Extender du 908th Expeditionary Air Refueling Squadron lors d'une mission au-dessus de l'Irak.

© USAF - Un F-15E Strike Eagle vient de se ravitailler sur un KC-10 Extender du 908th Expeditionary Air Refueling Squadron lors d'une mission au-dessus de l'Irak.

Après avoir levé une option pour 12 Rafale EQ/DQ, posé une seconde pour 36 appareils et commandé 24 Eurofighter Typhoon, le Qatar vient de passer une nouvelle commande d'avions de combat avec l'achat de 36 F-15QA, pour un montant global de 6 173 500 000 dollars, soit environ 5,116 milliards d'euros.

Selon le communiqué de presse publié par l'US Department of Defense le 22 décembre 2017, ce contrait prévoit donc le livraison de 36 F-15QA, qui seront produits dans les ateliers de Boeing, à St. Louis, installées au sein de l'immense aéroport international de Lambert-Saint-Louis, dans l'est du Missouri. La totalité des livraisons doit être achevée, au plus tard, le 30 décembre 2022. Une première partie du montant du contrat, un peu plus de 3 milliards de dollars, est versée par l'acheteur dès l'attribution du contrat.

Cette annonce intervient après la publication il y a un an, en novembre 2016, d'une Foreign Military Sale (FMS) de la Defense Security Cooperation Agency (Agence américaine d'exportation d'armements, DSCA) concernant l'autorisation d'une vente de F-15QA à la Force aérienne de l'Emir du Qatar (Qatar Emiri Air Force, QEAF) avec tout le soutien logistique et opérationnel associé à la vente.

A l'époque, la FMS annonçait également un montant d'environ 21,1 milliards de dollars pour la totalité des demandes émises par le Qatar. Ses besoins sont nombreux puisque le contrat prévoit l'armement, la formation des équipages navigants (pilotes et navigateurs), des aviateurs au sol (mécaniciens, armuriers, spécialistes vecteurs, armements, avionique, etc…), matériel de soutien au sol, matériel d'entraînement, la documentation technique, des simulateurs, soutien logistique et technique humain, etc… 

Outre la formation des militaires qataris sur le sol des Etats-Unis, 24 civils travaillant pour l'US DoD et environ 150 contractors seront aussi envoyés au Qatar afin de soutenir l'utilisateur dans l'intégration de cet avion de combat au sein de la QEAF.

Toutefois, cette série de contrat pose de nombreuses questions sur les intentions du Qatar, petit mais riche Etat de 11 571 km² situé dans la péninsule arabique. En effet, la Force Aérienne de l'Emir du Qatar est aujourd'hui une petite force aérienne, que ce soit par le nombre d'aviateurs qui la compose, ainsi que par ses infrastructures. Or, l'achat des Rafale, F-15QA et Typhoon implique de profonds changements pour cette institution puisqu'il faut qu'elle construise les bâtiments et les installations nécessaires (bâtiments de vie et opérationnels, hangars, dépôts, tarmac, abris, etc…) pour le fonctionnement de tous ces nouveaux vecteurs.

Par ailleurs, outre les installations, il faut également que le Qatar recrute et forme, outre le personnel navigant (pilotes et navigateurs système d'armes), des aviateurs qui permettront la mise en oeuvre de tous ces militaires, du mécanicien à l'armurier, en passant par le spécialiste avionique et les différents techniciens. La question «d'opérateurs extérieurs» se pose rapidement…

Passé l'étape du recrutement et de la sélection, il faudra également qu'elle forme tous ses aviateurs dans plusieurs pays différents (France pour le Rafale, Etats-Unis pour le F-15EQ et Royaume-Uni pour le Typhoon), ce qui complique forcément le cursus et engendre des coûts.

Enfin, la question du coût se pose aussi et surtout sur le long terme, puisque le Qatar va devoir, ne serait-ce qu'en terme d'avions de combat, mettre en oeuvre, entretenir et moderniser trois flottes différentes, ce qui a un coût… même pour les pays les plus riches. Un coût, ainsi qu'une organisation/logistique compliquée puisque chaque avion de combat dispose de ses propres structures et de ses propres équipements, armements, etc…

Cette politique qatarie dispose toutefois d'au moins deux avantages. Le premier est celui de la mise en place de relations stratégiques avec les pays concernés. Une solution intéressante pour le Qatar alors qu'il doit faire face encore aujourd'hui à un embargo imposé par l'Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l'Égypte. 

Le second avantage est celui d'éviter toute dépendance totale envers un seul et même fournisseur de matériels militaires. Bien que peu interventionniste, le Qatar pourrait lui-aussi mener des opérations militaires qui pourraient, directement ou indirectement, aller à l'encontre des intérêts d'un pays fournisseur. Dans ce cas là, la suspension de l'aide et de la livraison de matériels pour une des trois flottes ne bloquerait pas les mouvements aériens de la force aérienne, puisqu'il lui resterait encore deux flottes en activité.