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Un F-16E/F émirati aurait violé l'espace aérien du Qatar

Un F-16E/F émirati aurait violé l'espace aérien du Qatar

© USAF - Un F-16E Block 60 de la Force aérienne des Emirats arabes unis lors d'un exercice international en décembre 2009.

© USAF - Un F-16E Block 60 de la Force aérienne des Emirats arabes unis lors d'un exercice international en décembre 2009.

Sheikha Alia Ahmed bin Saif al-Than, le représentant du Qatar au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies a adressé au secrétaire général des Nations unies et au président du Conseil de sécurité des Nations unies une lettre expliquant qu'un avion de combat F-16E/F de la Force aérienne des Emirats arabes unis (UAEAF) a violé l'espace aérien du Qatar.

Selon la lettre du représentant qatari, rapportée par la Qatar News Agency (Agence de presse nationale du Qatar), l'incident a eu lieu le 21 décembre 2017, lorsqu'un avion de combat de l'UAEAF a pénétré à 09h45 (heure locale) et pendant une minute l'espace aérien du Qatar, à une altitude de 33 000 pieds, soit environ 10 kilomètres.

Dans cette lettre, Alia Ahmed bin Saif al-Than écrit que «l'avion de combat des Emirats arabes unis a pénétré au sein de l'espace aérien de l'État du Qatar sans que les autorités qataries compétentes en aient eu connaissance ou qu'elles aient préalablement approuvé» cette intrusion. Doha «a estimé que l'incident constituait une violation flagrante de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'État du Qatar, ainsi qu'une violation flagrante des dispositions du droit international, des conventions, des chartes et des normes internationales», a-t-il également déclaré.

«Le Qatar prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre ses frontières, son espace aérien et sa sécurité nationale afin de préserver son droit souverain légitime conformément aux lois internationales si de telles violations étaient répétées», est-il aussi affirmé. Selon des spécialistes de la situation au sein des forces armées du Qatar, deux Mirage 2000-5EDA de la Force aérienne de l'Emir du Qatar ont intercepté le F-16E/F afin de l'escorter en dehors des frontières nationales.

Du côté des Emirats arabes unis, le Ministre émirati des Affaires Etrangères, Anwar Gargash, a réfuté ces accusions en expliquant qu'elles étaient «fausses». «Nous travaillons pour apporter une réponse officielle à cela avec des preuves». «Nous voyons cela comme une escalade qui est injustifiée, et ce qui se passait dans les coulisses est maintenant révélé». 

Cette montée de tensions entre les deux pays intervient dans un contexte régional hautement conflictuel depuis juin 2017. En effet, depuis sept mois, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, Bahreïn et les Emirats arabes unis ont rompu les relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar. Un blocus lui a aussi été imposé avec notamment l'interdiction pour tous les aéronefs immatriculés à Doha, dont les avions de ligne des compagnies civiles comme Qatar Airways, de survoler les espaces aériens et de se poser dans les territoires des pays qui imposent ce blocus.

Cette situation a posé de nombreuses difficultés à la première compagnie aérienne civile du Qatar. En effet, l'espace aérien du Qatar (voir image ci-dessous) est encadré par l'espace aérien saoudien à l'ouest et au sud, celui des EAU à l'est, et le plus important pour ce si petit Etat, Bahreïn, qui l'encadre dans le nord / nord-est. Le Qatar se contente alors d'un espace aérien au-dessus de son territoire terrestre et au-dessus de ses eaux territoriales à l'est.

Comment expliquer un découpage de la sorte, que l'on pourrait caractériser comme inégalitaire, notamment à la vue de la taille de l'espace aérien du Bahreïn ?

Cet article, sur le site The New Arab, répond à la question : «Lorsque le Bahreïn et le Qatar ont obtenu leur indépendance du Royaume-Uni en 1971, il n'y a pas eu de changement dans les formes de FIR (Région d'Information de Vol) de la région, qui avaient été précédemment déterminées en fonction de l'endroit où les radars avaient été initialement installés. Cela a été maintenu ainsi pour une question de commodité administrative, et c'était considéré comme la meilleure option car une distribution égale des FIR à chaque Etat aurait nécessité de la part de l'équipage d'échanger à quatre reprises avec les contrôleurs de la circulation aérienne sur environ 20 minutes».

Ce blocus a obligé pour la toute première fois l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI / ICAO, International Civil Aviation Organization) à mettre autour de la table le Qatar, le Bahreïn et les Emirats arabes unis afin qu'ils laissent un couloir aérien ouvert pour les avions de ligne commerciaux qataris qui entrent et quittent le Qatar.

Un F-16E/F émirati aurait violé l'espace aérien du Qatar