© ARC - Un pilote de chasse canadien de CF-188 Hornet survole les Alpes de Transylvanie pendant l'exercice Resilient Resolve, en Roumanie.
Dans un communiqué de presse publié le 12 décembre 2018, l'Aviation royale canadienne (ARC) a officiellement annoncé le processus d'acquisition «ouvert et transparent» d'un nouvel avion de combat afin de remplacer son actuel parc aérien composé de 85 vieillissants CF-118A et CF-188B Hornet, ainsi que la commande de 18 Hornet d'occasions auprès de l'Australie.
Le communiqué de presse indique que «dans un premier temps, le gouvernement dressera une liste de fournisseurs, qui comprendra des gouvernements étrangers et des fabricants de chasseurs ayant montré qu’ils sont capables de répondre aux besoins du Canada». Il s'agit d'un «processus concurrentiel» qui permettra à Ottawa «d'obtenir le bon chasseur à un juste prix et de créer des retombées économiques optimales pour les Canadiens».
Dans ce contexte là, «les fabricants et les industries canadiennes de l’aérospatiale et de la défense [seront» consultés au cours du processus», tandis que «l’évaluation des propositions comprendra aussi un volet sur l’incidence des soumissionnaires sur les intérêts économiques du Canada». Si l'un des potentiels vainqueurs ne se montre pas apte à répondre à ces critères, il est affirmé que «ce soumissionnaire sera nettement désavantagé».
Cet avertissement n'est pas sans rappeler les tensions commerciales entre les Etats-Unis et le Canada. En effet, le Département américain du Commerce (DOC) a imposé à l'avion civil C-Series de l'avionneur canadien Bombardier des droits compensatoires de 220 % et des droits antidumping de 79,82 % à la suite d'une infraction contre sa politique de vente de produits à des prix inférieurs à leur prix de revient.
A la suite de cette décision, le gouvernement canadien mécontent a déclaré qu'il répondrait à cette sanction en mettant en réserve des accords commerciaux avec des entreprises américaines. C'est donc dans ce contexte là que l'ARC s'est rapprochée de l'Australie et de ses F/A-18A/C Hornet d'occasions et qu'elle a délaissé les Super Hornet neufs.
Par ailleurs, pour sélectionner le prochain avion de combat canadien, les autorités effectueront «une évaluation rigoureuse qui portera sur le coût, les exigences techniques ainsi que les retombées économiques». Le Canada justifie cet appel d'offres «car il permettra d’assurer la sécurité des Canadiens et de remplir les obligations internationales du Canada en matière de défense». Les clients ont aussi l'obligation «d'investir au Canada une somme égale à la valeur du contrat».
© ARC - Deux CF-188 Hornet du 425e Escadron tactique de chasse engagés pendant une mission de l'opération Unified Protector, en Libye.
Chronologiquement, en février 2018, la requête pour informations (Request for Information, RFI) est envoyée à tous les avionneurs potentiels qui souhaitent participer à ce marché. Dans le courant du début de l'année 2019, c'est la demande de proposition (Request For Proposal, RFP) qui est publiée avec «une planification approfondie et la mobilisation des intervenants».
Par la suite, l’attribution du contrat devrait se faire en 2022, tandis que la livraison du premier chasseur en 2025. Au total, l'Aviation Royale Canadienne prévoit de mettre en oeuvre 88 exemplaires de l'appareil acheté.
Pour la compétition, on retrouve les concurrents habituels des compétitions de ces dernières années. Pour se poser sur les bases aériennes canadiennes, vont se disputer, entre autres, le F-35A Lightning II de Lockheed Martin, dont la position est très délicate en raison des tensions avec Boeing et de son impopularité chez les canadiens et dans le gouvernement en place, le JAS-39 Gripen de Saab ou le Rafale de Dassault Aviation.
Outre l'achat d'un nouvel avion de combat, Ottawa a aussi officialisé son rapprochement avec Canberra et la Force aérienne royale australienne (Royal Australian Air Force, RAAF). L'ARC souhaite se procurer 18 F/A-18A/B Hornet australiens d'occasions, ainsi que des pièces de rechange, afin de soulager son actuelle flotte de CF-188 en attendant l'arrivée du prochain combattant. Pour un montant d'environ 500 millions de dollars, ces appareils doivent arriver au Canada en 2019.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'avions de combat neufs, l'achat de ces Hornet d'occasions permettrait à l'Aviation Royale Canadienne de faire des économies et lui éviterait de devoir former des aviateurs (pilotes, navigateurs, mécaniciens, armuriers, spécialistes vecteur, avionique, etc…) sur l'utilisation du Super Hornet. Bien qu'il soit une évolution du Hornet, il reste toutefois largement amélioré avec un système de mission différent, des performances autres, des pièces de rechange qui ne sont pas toutes compatibles avec les Hornet Legacy, des conditions d'emploi et des équipements offensifs et défensifs nouveaux, etc…