EXCLUSIF !
Le 10 novembre 2017, la Patrouille de France a officiellement dévoilé sur sa page Facebook (voir ici) la nouvelle livrée qui sera apposée sur toutes les dérives de ses Alpha Jet, peu de temps après une dérive spéciale consacrée à la tournée américaine. Defens'Aero a pu interviewer Régis «Rage» Rocca, designer de cette nouvelle décoration et auteur, entre autres, de la peinture du Rafale Solo Display et du Mirage 2000-5F «Guynemer».
© J. MORTREUIL / Armée de l'air / Défense - Un Alpha Jet de l'Armée de l'Air porteur de sa nouvelle dérive, sur un fond de mont Ventoux.
Defens'Aero (DA) : Quand ont eu lieu les premières réflexions pour cette nouvelle livrée ? Quel est le planning associé ?
Régis Rocca (RR) : Pour ma part, mes premières « envies », car à cette époque ce n’était absolument pas une réflexion coordonnée avec l’équipe, datent de fin 2013. Dans la foulée des projets réalisés cette année-là (5 appareils différents, du Fennec au Transall), ma motivation était optimale ! Et un constat simple me frappait, la Patrouille de France venait de fêter ses 60 ans et cela faisait 32 ans qu’elle était sur Alphajet et que son design était inchangé. Or, le monde bouge, le monde évolue, la Patrouille se devait à mon sens de suivre le mouvement.
Il a fallu plusieurs années et la rencontre de personnes qui avaient la même motivation, la même réflexion mais surtout le pouvoir nécessaire au sein de cette équipe incroyable pour faire avancer les choses pour donner vie à cette idée.
Une fois que le projet a été considéré comme viable, il a fallu un planning proche de celui de n’importe quelle livrée spéciale, entre 6 et 9 mois, afin d’obtenir les validations puis les autorisations nécessaires. Ensuite, les détails techniques et pratiques ont dû être résolus avant de pouvoir donner vie à une dérive « prototype » pour la validation finale.
DA : Pourquoi une nouvelle livrée à la PAF ?
RR : Pour répondre à une demande qui était induite (le besoin de se ré-inventer sans pour cela perdre de vue ses origines et son histoire) mais qui est devenue essentielle avec la Tournée USA et l’apparition d’une nouvelle dérive dédiée et temporaire.
Elle a su mettre en marche une dynamique positive à tous les niveaux, tant pour le public que pour les autorités. Son succès a été grandissant et ces dérives sont devenues le symbole puissant d’une année extraordinaire. Fort de ce retour enthousiaste et potentiellement porteur en terme d’image, il a été évident de pouvoir faire évoluer la Patrouille pour l’avenir et ne pas retourner en arrière.
DA : Quelles ont été les contraintes que vous auriez pu rencontrer (techniques, pratiques, …) ?
RR : Les contraintes techniques n’ont pas forcément été importantes car la dérive d’un Alphajet n’est pas une partie trop sensible de l’appareil et permet une grande flexibilité au niveau de la création graphique.
Il a fallu néanmoins prendre en compte l’usure du bord d’attaque et le traitement spécifique de cette zone afin de toujours avoir des avions impeccables tout au long de l’année et ce malgré le planning dantesque tout en offrant une facilité de travail à l’équipe technique.
La contrainte majeure quand on parle de la Patrouille de France est bien le nombre d’appareils et le planning des vols et entrainements. Il est hors de question d’immobiliser la flotte complète des Alphajet. Le principale casse-tête réside ici.
DA : Que représente ce design, quel message veut-il véhiculer ?
RR : C’est une mise à jour, une version 2.0 du design initial. La Patrouille de France évolue mais ne change rien. L’excellence, les valeurs, les traditions, tout reste à l’identique. Seule la façon de diffuser ces points forts se modernise.
Le design montre une notion d’élégance traduite par les courbes ainsi que de synchronisation et de précision avec ces lignes qui se suivent et se poursuivent dans une esthétique maîtrisée. A l’image des évolutions des appareils dans le ciel. Car il est évident que la Patrouille se caractérise par sa rigueur sans faille mais rien dans le design initial ne parlait de son évidente beauté et sa grâce lors des figures.
DA : Des choix ont-ils été imposés par les autorités militaires ?
RR : La base d’une relation réussie réside dans le fait qu’aucun des protagonistes impose quelque chose à l’autre.
Je me plais à croire que ma relation avec l’équipe et avec les autorités se situe au-dessus de cela et un dialogue sincère teinté de confiance amène automatiquement les bons choix et les bonnes décisions.
DA : Se limite-t-il à la dérive ou il recouvrera la totalité de l'avion ?
RR : L’avenir nous le dira ! Un grand pas a été franchi, le premier depuis plusieurs décennies, cette dérive est une première victoire. Mon âme de créatif insatiable et de passionné ne sera pas en manque de propositions si une suite est envisagée. Pour ma part, elle est déjà clairement présente dans mon esprit.