Dans un article publié le 04 octobre 2017, l'Etat-Major des Armées (EMA) a indiqué qu'un A400M Atlas de l'Armée de l'Air française venait d'effectuer sa première mission opérationnelle depuis la base avancée de Madama, située dans la région d'Agadez, dans le nord du Niger.
Se poser en terrain sommaire, le premier depuis les expérimentations menées en août et décembre 2016 par l'Equipe de Marque Avion de Transport Tactique 01.338 (EM ATT 01.338) du Centre d'Expertise Aérienne Militaire (CEAM), a eu lieu le 1er septembre 2017, soit plus d'un mois (!) après l'officialisation de cette mission.
L'EMA explique que l'A400M de l'Escadron de Transport 1/61 «Touraine» «a confirmé à cette occasion ses capacités de transport sur terrain sommaire, cette fois ci dans le cadre de l’opération tripartite menée conjointement au nord-est du Niger par les forces armées Nigériennes, Tchadiennes, et la Force Barkhane», appelée MAI BOULALA.
«Près de 200 soldats de la force Barkhane en provenance de Gao au Mali et de N’Djamena au Tchad ont été transportés, ainsi que plusieurs tonnes de fret», précise l'EMA. Mais l'A400M et son équipage ont également transporté à travers le Sahel «un hélicoptère de manœuvre Puma et un hélicoptère d’appui Gazelle», est-il également annoncé, ainsi qu'un «un scanner de campagne pour le pôle médical de la plateforme opérationnelle désert» lors de son arrivée depuis la métropole.
Le commandant de bord de l'A400M, habituellement stationné sur la base aérienne 123 d'Orléans-Bricy, explique que «grâce à la grande dimension de sa soute, cet avion permet le transport d’engins de grand gabarit sur de grandes distances sans devoir réaliser de démontages et préparation longs et difficiles avant de procéder à l’arrimage pour le vol».
L'EMA affirme, bien que toutes les capacités ne soient pas encore opérationnelles, que «les capacités de l’A400M permettent à la force Barkhane de disposer d’un appareil de transport permettant la projection d’un volume de forces et de matériel à plusieurs milliers de kilomètres de sa base, et de couvrir dans des délais très courts l’ensemble du théâtre d’opération qui s’étend sur un territoire vaste comme l’Europe».
© EMA - Les images de C-160 Transall dans un nuage de sable lors de poser poussière étaient légion. Il faut maintenant s'habituer aux mêmes images avec… les A400M !
Pour rappel, du 09 au 16 décembre 2016, l'EM ATT 01.338 du CEAM a rejoint l'Afrique, et plus précisément Gao au Mali, afin de réaliser de nouveaux essais dans le cadre d'une nouvelle campagne d'expérimentation sur terrain sommaire.
Les nombreux décollages et atterrissages sur la piste en asphalte de l'aéroport de Gao, longue de 2 500m et large de 45m, ont été menés en coopération avec des éléments du 25è Régiment du Génie de l'Air, appartenant à l'Armée de Terre mais dont les compétences sont mises au profit de l'Armée de l'Air.
Au cours de ces huit jours en Afrique, les aviateurs du CEAM ont réalisé des essais de jour comme de nuit, afin de récolter le maximum de données, qui ont été par la suite analysées et étudiées dans le but de qualifier l'A400M sur terrain sommaire.
Cette deuxième campagne était la suite directe et logique d'une première qui a été menée du 24 au 31 août 2016. Cette dernière s'est tenue entre des experts de l'EM ATT et d'une unité du CEAM sur la piste d'aviation de Madama, longue de 1 800 mètres et proche de la frontière avec la Libye.
A cette époque, pendant une semaine, les essais avaient consisté à réaliser des poser sur cette piste sableuse, de jour comme de nuit, et travaillée quotidiennement par les militaires du 25è RGA. L'Armée de l'Air avait alors expliqué que «les premiers résultats recueillis sur place ont confirmé que l’appareil était pleinement en mesure d’utiliser cette piste sommaire, de jour comme de nuit».
La méthode utilisée lors de cette seule semaine d'essais est dite incrémentale. Il faut imaginer un entonnoir, où les capacités les plus prioritaires seraient testées en premier, et petit à petit, celles considérées comme secondaires. En clair, elle prévoyait dans un premier temps de réaliser des manoeuvres, selon la version officielle, «sur un terrain à haute résistance, de jour et de nuit».
Par la suite, en fonction des premiers résultats, «l’expérimentation s’est poursuivie sur une piste présentant des caractéristiques similaires à celles du terrain de Madama et des conditions de sécurité permettant un accès facile et sûr au personnel au sol».
Sous la chaleur écrasante de la BSS, et dans un contexte relativement difficile avec notamment la présence active de groupes jihadistes dans la région, il fallait, pour les différents intervenants, pouvoir travailler «dans des conditions optimales de sécurité, dans un cadre d’emploi adapté, et en garantissant une préservation optimale de l’intégrité de l’avion, de l’équipage, des passagers et des matériels transportés».
Pour rappel, l'Armée de l'Air française dispose actuellement d'une flotte de onze A400M sur les cinquante initialement commandés auprès d'Airbus Defence & Space. Au moins six disposent des capacités tactiques «de base», puisqu'ils sont équipés d'un système de contre-mesures et qu'ils sont capables de larguer du fret ainsi que des parachutistes par la rampe arrière. Toutefois, les A400M restent encore aujourd'hui de très mauvais élèves en raison d'une très très faible disponibilité, et des retards du côté de l'industriel.