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Les Tigre UHT allemands peuvent reprendre les airs

Les Tigre UHT allemands peuvent reprendre les airs

© Bundeswehr / RC North PAO - Un Tigre UHT allemand lors d'une mission en Afghanistan, en décembre 2012.

© Bundeswehr / RC North PAO - Un Tigre UHT allemand lors d'une mission en Afghanistan, en décembre 2012.

Le mercredi 26 juillet 2017, un hélicoptère Tigre UHT de l'Heeresfliegertruppe (Aviation Légère de l'Armée de Terre, en France) s'est écrasé en début d'après-midi à une centaine de kilomètres au sud de la ville de Gao, située dans l'est du Mali, et non loin de la frontière avec le Niger.

L'accident, qui a coûté la vie au chef de bord en place arrière ainsi qu'au pilote en place avant, serait dû à une perte en plein vol de certains composants de l'hélicoptère, dont notamment une pale du rotor principal, selon les premiers éléments de l'enquête diligentée par les autorités allemandes.

A la suite de cet accident, la Bundeswehr a pris la décision de clouer au sol l'ensemble de sa flotte d'hélicoptère Tigre UHT, qu'il s'agisse de ceux stationnés sur le territoire allemand ou des trois autres qui sont déployés à Gao, en soutien des effectifs de la MINUSMA.

Mais cette mise à terre de la flotte vient d'être annulée, ce vendredi 22 septembre 2017, après l'annonce officielle effectuée par un représentant du Ministère allemand de la Défense qui indique que la commission de sécurité des vols de la Bundeswehr a autorisé la reprise des activités aériennes avec les Tigre UHT.

Toutefois, en raison notamment de l'enquête qui est toujours en cours et de questions restées sans réponses, cette reprise des vols se fait avec certaines limitations en ce qui concerne leur vitesse d'évolution, la masse au décollage et sur l'utilisation du pilote automatique.

Le responsable allemand a d'ailleurs expliqué que «les conditions définies pour voler couvrent une large gamme de causes possibles de l’accident, et cela débouche sur des restrictions limitées et acceptables sur le plan opérationnel».

D'après l'agence de presse Reuters, le Tigre UHT aurait «commencé à se désintégrer en vol, perdant son hélice». En effet, le rapport concernant les résultats préliminaires de l'enquête affirme que «selon les informations disponibles pour le moment, une fois que l'appareil a commencé à descendre, des parties de l'hélicoptère se sont détachées, notamment les pales du rotor principal».

Ce dernier ajoutait «qu'une désintégration en vol est susceptible d'indiquer des défauts d'entretien ou de conception», mais précisait également qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions aussi approfondies.

Lors de l'accident, le Tigre UHT évoluait à une vitesse de 155 miles, soit environ 250km/h, et à une altitude de 1 800 pieds, soit presque 550 mètres. C'est à ce moment là «qu'il a soudainement piqué du nez et qu'il est entré dans une forte plongée. L'hélicoptère s'est écrasé dix secondes plus tard avant de s'enflammer».

Pour rappel, suite à cet accident, Airbus Helicopters (AH) avait émis une lettre à l'ensemble des opérateurs de l'hélicoptère Tigre, toutes versions confondues, où l'appareil évolue en France (62 HAP et HAD), en Espagne (16 HAD), en Allemagne (49 UHT) et en Australie (22 ARH).

Dans cette lettre, l'avionneur européen met en garde ses clients concernant l'utilisation du Tigre dans le cadre de «conditions potentiellement risquées de navigabilité», et rappelle qu'il «n'était pas associé à la commission d'enquête menée par les autorités allemandes».

Un porte-paroles d'AH a expliqué à ce sujet «qu'en l’absence d’information sur l’état de l’enquête [menée par l'Allemagne, NDLR], Airbus a transmis une note à tous les opérateurs de l’appareil afin de les informer de ‘conditions potentiellement risquées’ de navigabilité».

«Aucune cause ne peut être écartée», a-t-il ajouté, avant de préciser que «comme nous ne pouvons exclure quoi que ce soit concernant les causes du crash pour le moment car la situation n'est pas claire du tout, nous nous devons de diffuser une mise en garde. Et parce que la situation n'est pas claire, nous ne pouvons effectuer de recommandation».

Cette lettre d'Airbus Helicopters, en l'absence d'informations données par les autorités allemandes à l'hélicoptériste, est envoyée par précaution afin de se couvrir juridiquement en cas de nouveau crash.

En effet, si un deuxième accident survient pour les mêmes raisons, l'absence de cette lettre pourrait rapidement conduire AH comme étant le responsable premier. Or, avec la lettre, les opérateurs ont pris leurs responsabilités de continuer à faire voler les Tigre en dépit des recommandations d'Airbus. Dans ce cas, ce n'est pas l'avionneur qui se trouve responsable mais l'opérateur, qui a poursuivi les sorties aériennes en dépit des recommandations du constructeur.

Peu de temps après l'accident, outre l'Allemagne, l'Australie avait elle aussi pris la décision de clouer au sol sa flotte du 1st Aviation Regiment, tandis que la France (Aviation Légère de l'Armée de Terre) et l'Espagne (Fuerzas Aeromobiles del Ejercito de Tierra) avaient continué à faire voler leurs Tigre respectifs.

Depuis février/mars 2017, l'Allemagne déploie à Gao trois hélicoptères Tigre UHT qui assurent la protection des éléments terrestres des différents pays de la MINUSMA, ainsi que quatre NH-90TTH qui effectuent des missions d'évacuation médicale et de transport de troupes ou de fret.

Environ 1 000 militaires allemands de la Bundeswehr se trouvent actuellement au Mali afin de soutenir les efforts de la MINUSMA, notamment avec la formation et l'entraînement des Forces armées maliennes et l'aide tactique lors des missions opérationnelles.

Deux C-160 Transall opèrent aussi dans le Sahel, où ils effectuent des missions de transport tactique pour le compte de la MINUSMA et de la force Barkhane, qui doit composer avec des avions de transport fatigués. En outre, depuis le mois de novembre 2016, les effectifs allemands sur la base de Gao ont été multipliés avec l'arrivée sur place de trois drones HERON 1, utilisés pour des missions de reconnaissance et d'observation.