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Le vendredi 12 mai 2017, les photographes situés aux abords de la base aérienne 106 Bordeaux-Mérignac ont eu la surprise de voir se poser… le tout premier avions léger de surveillance et de reconnaissance (ALSR) de l'Armée de l'Air française.
L'appareil, un King Air 350 de l'entreprise américaine Beechcraft, venait d'effectuer un vol d'essais avec un numéro de vol spécifique aux aéronefs de Sabena technics.
L'installation des capteurs de cet appareil aurait été réalisée dans les ateliers de Sabena technics, situés sur l'aéroport civil de Bordeaux-Mérignac.
L'immatriculation de l'avion en «F-W» (ici, F-WTAP) indique que celui-ci est actuellement dans une phase de tests, et que cette dernière n'est donc pas définitive.
Cette entreprise française, spécialisée dans la maintenance aéronautique (entretien, rénovation, modernisation, etc…), a été chargée avec l'avionneur français Thales et par la Direction Générale de l'Armement (DGA), de la réalisation du contrat ALSR.
En effet, le 22 juin 2016, la DGA a officiellement demandé à ces deux entreprises françaises de se lancer dans la construction et l'installation des «différentes charges utiles permettant de recueillir du renseignement d’origine électromagnétique (ROEM) ainsi que du renseignement d’origine image (ROIM)», selon le communiqué de presse.
Ce contrat, d'un montant de 50 millions d'euros environ selon Air & Cosmos, comprend l'achat de deux avions légers de surveillance et de reconnaissance (ALSR) King Air 350, et d'un troisième en option.
Il est également compris «des stations sol pour la préparation des missions et le recueil des informations» collectées lors des missions opérationnelles, et qui doivent être obligatoirement étudiées et analysées de près par des spécialistes.
Ces deux appareils seront mis en oeuvre par l'Armée de l'Air française et opèreront pour le compte de la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE).
Prévu depuis quelques années maintenant mais constamment retardé, cet achat «a pour objectif de disposer d’une capacité complémentaire des drones MALE, capable d’effectuer des missions de renseignement avec une faible empreinte logistique et une facilité de déploiement», est-il précisé dans le communiqué.
Si les essais en vol et l'installation des différents composants ne prennent pas de retard, le premier appareil doit intégrer l'Armée de l'Air dans le courant de la fin de l'année 2018, tandis que le second arriverait courant 2019.
Aujourd'hui et depuis plusieurs années maintenant, la DRM et a DGSE sont dans l'obligation de louer des vecteurs aériens à des sociétés privées, comme CAE Aviation, qui a malheureusement été sous le feu des projecteurs lors de l'accident de son Merlin IV, le 24 octobre 2016.
Ces entreprises ont pour objectif de réaliser des missions de surveillance, du recueil d'images grâce à des capteurs installés sur les appareils, tandis que d'autres récupèrent du renseignement d'origine électro-magnétique (conversations téléphoniques, radios, satellitaires, etc…).
L'externalisation de ce type de mission par le Ministère français de la Défense permet une plus grande discrétion, d'abord en raison de la raison d'être de ces services, mais aussi parce que ces appareils, outre pour des connaisseurs avertis, sont plus discrets que ceux peints avec des cocardes françaises et parfois porteur d'une livrée militaire.
Enfin, et c'est la raison principale, la France manque cruellement de moyens ISR au sein de ses forces armées, alors qu'ils sont absolument indispensables pour la conduite des opérations extérieures, que ce soit dans le Sahel (Barkhane), en Libye et au Levant (Chammal).