REPORTAGE - Texte et photos : © Mathieu Mounicq.
Le 10 mars 2017, l'Escadron d'Hélicoptères (EH) 1/67 «Pyrénées», stationné sur la base aérienne 120 de Cazaux, a mis fin à l'utilisation de l'hélicoptère SA-330 Puma après 43 années de bons et loyaux services.
A cette occasion, une cérémonie militaire et une démonstration aérienne se sont déroulées en présence de nombreux anciens et d'autorités militaires qui étaient venus saluer une dernière fois cette valeureuse machine sur la base girondine.
L'escadron «Pyrénées», le Puma et la BA120 ont une histoire étroitement mêlée. En 1972, l'escadron portant alors la désignation d'EH 1/68 s'installe sur la base de Cazaux.
Deux ans plus tard, il perçoit ses premiers SA-330 Puma et devient finalement l'EH 1/67 en 1975. Sa spécialité est le sauvetage en mer et sur terre dans le cadre de la mission de service public qu'assure 24h/24 et 365 jours par an l'Armée de l'Air.
En complément de sa prise d'alerte, l'escadron intervient au profit du Centre d'Essais des Landes de Biscarrosse, notamment à l'occasion des essais de tirs de missiles.
En 1986, le «Pyrénées» touche des Puma modifiés pour la mission Search And Rescue (SAR).
Pourvues de capacités «tout temps» avec un radar doppler, un système de radio navigation V/UHF et un calculateur NADIR navalisé, ces machines sont utilisées de jour comme de nuit en missions de sauvetage de pilotes éjectés ou de naufragés en mer et sur terre.
Pendant la guerre du Golfe en 1991, les Puma de l'escadron prennent part au plot SAR mis en place sur la base aérienne d'Al Asha, en Arabie Saoudite, pour les pilotes de la coalition éjectés.
A cette occasion, les machines sont rapidement équipées de lance-leurres infrarouges SAPHIR (Système d’Auto-Protection Hélicoptère InfraRouge).
Suite à cette première expérience de sauvetage à proximité de la zone de combat, les Puma du «Pyrénées» continuent d'être équipés de manière à contrer les menaces de défenses sol-air et à développer leurs capacités.
A ce titre, grâce à l'appui des forces spéciales américaines pionnières dans ce domaine, les aviateurs de l'Armée de l'Air française vont s'initier à la recherche de pilotes abattus en territoire ennemi.
C'est la mission REcherche et Sauvetage au Combat (RESCO), ou plus communément appelée Combat Search And Rescue (CSAR).
Les SA-330 reçoivent ainsi la Caméra Héliportée Légère à Infrarouge Orientable (CHLIO), le Personnal Locator System (PLS) CUBIC permettant de localiser les balises de détresse, un GPS, le blindage des sièges et de la soute et enfin la mitrailleuse AA52 puis la ANF-1.
Ils troquent aussi leur lance-leurres SAPHIR contre le système ECLAIR qui équipe les Mirage 2000.
Les machines ainsi équipées participent aux opérations en Bosnie entre 1994 et 1997 depuis l'Italie.
A cette occasion, l'Armée de l'Air réalise l'extraction de ressortissants occidentaux en Albanie en 1997. C'est la première fois que les équipages d'hélicoptères de l'Armée de l'Air travaillent de manière inter-armées avec, en l'occurrence, des commandos de l'Armée de Terre et du GIGN.
Ils travailleront ensemble plus largement par la suite, et de façon complète aujourd'hui.
Autour de l'an 2000, afin de compléter leur panoplie de contre-mesures, les Puma RESCO sont pourvus du Détecteur d'Approche des MIssiles Ennemis (DAMIEN) en 1998, puis du Système Héliporté d'Ecoute Radar et de LOCalisation (SHERLOCS) en 2002.
Le DAMIEN détecte l'approche de missiles tout autour du Puma, averti l'équipage par des alarmes visuelles et sonores et commande automatiquement les séquences de leurrages en fonction de la menace.
Le SHERLOCS quant à lui détecte et catalogue les émissions radars des systèmes sol-air. Il a été couplé lors de son installation avec le système DAMIEN et assure l'ensemble de la protection de l'hélicoptère.
Les derniers équipements que reçoivent les Puma RESCO dans le courant des années 2000 sont des radios V/UHF Have Quick à agilité de fréquence et la mitrailleuse MAG-58.
Le système DAMIEN / SHERLOCS est bien visible sur le nez et derrière le train d'atterrissage du Puma. La caméra CHLIO apparaît sous la porte de soute.
En parallèle de ces améliorations, les Puma de l'Armée de l'Air prennent part aux opérations au Kosovo depuis la Macédoine en 1999-2000, puis à l'opération «Artémis» en République Démocratique du Congo en 2003.
Le Puma ne perd cependant pas sa vocation du sauvetage et le démontre largement lors des tempêtes ou encore pendant les inondations dans le sud de la France ces mêmes années.
En 2005, le Pyrénées voit arriver un nouvel hélicoptère spécialement dédié à la mission RESCO : l'hélicoptère H225M Caracal (anciennement EC-725) d'Airbus Helicopters.
Dérivé du Super Puma, le Caracal dispose d'une masse maximale de 9,75 tonnes contre 7,4 tonnes pour le Puma. A compter de ce jour, les deux machines vont alors cohabiter par la suite sur la base girondine et en opérations.
Dans la première décennie des années 2000, les Puma RESCO prennent régulièrement la mer sur le porte-avions Charle de Gaulle.
Ils assurent en effet le plot RESCO pour les pilotes de l'Aéronavale depuis la dissolution de la Flottille 33F à l’an 2000. A bord du navire amiral de la Marine Nationale, ces machines participent ainsi à des opérations qui les conduisent notamment sur le théâtre afghan et libyen.
En février 2010, les machines du «Pyrénées» sont largement engagées en missions de sauvetage lors de la tempête Xynthia.
En 2013, les Pumas RESCO participent à l'opération Serval au Mali. Puma et Caracal se côtoient ensuite en opérations au sein de la bande sahélo-saharienne (BSS) entre 2014 et 2017 dans le cadre de l'opération Barkhane.
Le 5 février 2014, le Puma RESCO a participé au sauvetage des marins du cargo Luno échoué et brisé en deux à l'entrée du port de Bayonne sur la plage d'Anglet (64).
A la suite de ce sauvetage, l'équipage du «Pyrénées» a reçu la médaille d'honneur par la ville d'Anglet. Preuve s'il en est de la grande qualité de cette machine et de ses équipages dans les sauvetages, souvent effectuées dans des conditions extrêmes.
Ce 10 mars 2017, l'escadron «Pyrénées» s'est finalement séparé de ses deux derniers Puma RESCO à l'occasion d'une cérémonie militaire durant laquelle les honneurs ont été rendus aux équipages et à leurs machines.
La mission SAR est donc désormais assurée par les seuls Caracal en dotation à l’escadron.
Pour preuve, le 11 avril, le Caracal a effectué sa première mission SAR depuis Cazaux afin de «porter secours à un plaisancier victime d’un problème cardiaque». L'appareil a décollé à 16h00 selon l'Armée de l'Air et a procédé à «l'hélitreuillage du passager en dépit d’un roulis important qui ne facilitait pas la tâche de l’équipage».
On notera cependant qu’un Super Puma d'Airtelis est arrivé au début du mois de mars sur la base de Cazaux.
Cette machine civile en location permettra aux équipages de l'EH 1/67 d’effectuer certains entrainements en ménageant les quelques cellules des H225M en service, qui naviguent entre les opérations extérieures, les exercices et les entraînements/formation et les visites d'entretien.
Les deux derniers Puma du Pyrénées sont partis de leur côté, durant ce début du mois d'avril, renforcer l'Escadron d'Hélicoptères 1/44 «Solenzara» basé sur la base aérienne éponyme pour la mission SAR.
Un retour à la mission première de cette machine, 43 ans après sa mise en service au sein de l'EH 1/67.