Alors que les quatre Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 «Cigognes» viennent de rentrer de quatre mois en Lituanie, dans le cadre de la Quick Reaction Alert (QRA) de l'OTAN au profit des pays Baltes, la Permanence Opérationnelle française reste tout aussi active dans le cadre des mesures de sûreté aérienne.
En effet, le jeudi 09 février 2017, l'Armée de l'Air française a procédé à l'interception de deux bombardiers stratégiques TU-160 «Blackjack» de l'Armée de l'Air russe qui effectuaient une mission à long rayon d'action en bordure de l'Europe de l'ouest.
Retour sur une mission qui aurait débuté depuis la base aéronavale d'Olenya, située dans l'oblast de Mourmansk (péninsule de Kola dans le nord de la Russie), et qui s'est étendue jusque dans le golfe de Gascogne et le nord de l'espace aérien de l'Espagne, afin de se terminer sur la base de départ.
© UK MoD - Interceptés par les Typhoon britanniques, les deux Tupolev évoluent ici au large des côtes anglaises.
Le 09 février au matin, à 07h00 (heure française), le centre d’opérations de l’OTAN situé à d’Uedem, dans l'ouest de l'Allemagne, prévient le Centre National des Opérations Aériennes (CNOA) de Lyon Mont-Verdun ainsi que le Ministère anglais de la Défense qu'un groupe d'aéronefs russes évoluent en mer de Norvège.
Ce groupe, selon les informations de sources ouvertes (dont @MIL_Radar), était composé de trois avions de ravitaillement en vol Il-78 «Midas» et de trois bombardiers Tu-160 «Blackjack».
L'ensemble de ces aéronefs ont été interceptés et escortés dans l'espace aérien international par deux F-16A MLU de la QRA opérée par la Luftforsvaret (Force Aérienne Royale Norvégienne).
Arrivés plus au sud, les trois ravitailleurs Midas et un Blackjack font demi-tour et rejoignent alors la mer de Barents, tandis que les deux derniers appareils de la formation poursuivent leur mission en direction du Royaume-Uni.
Aux alentours de 11h00 (heure locale), la Royal Air Force (RAF) a fait décoller deux Eurofighter Typhoon depuis la base aérienne anglaise de Lossiemouth, située dans le nord-est de l'Ecosse.
Ces deux intercepteurs vont évoluer aux côtés d'un ravitailleur Voyager KC-2 (A330 MRTT) de la base aérienne de Brize Norton (comté d'Oxfordshire) qui va assurer le ravitaillement en vol au profit des chasseurs de la RAF qui escorteront les deux bombardiers russes, mais qui ne pénètreront jamais l'espace aérien britannique.
En suivant, c'est la Permanence Opérationnelle française (PO) qui va intervenir alors que les deux appareils viennent de contourner «l’Irlande par l’ouest, et qu'ils se dirigent vers la Bretagne», selon l'Armée de l'Air française.
Aux alentours de 12h30 (heure locale), deux Mirage 2000-5F des Cigognes ont décollé depuis les installations de la PO de la base aéronavale de Lann Bihoué afin de se porter à hauteur des appareils.
Les deux chasseurs de supériorité aérienne vont être rejoints, trente minutes plus tard, par un Rafale du plot de la PO de la base aérienne 113 de Saint-Dizier qui va assurer la continuité de l'escorte, ainsi que par un second Rafale, de la PO de la BA 118 de Mont-de-Marsan.
Outre les chasseurs, l'Armée de l'Air française va aussi engager un E-3F Sentry AWACS qui a assuré le suivi en vol des avions russes depuis le nord de l'Europe et tout au long de leur passage le long des côtes ouest.
Enfin, un avion de ravitaillement en vol C-135 du Groupe de Ravitaillement en Vol (GRV) 2/91 «Bretagne» permettra le soutien des chasseurs et la continuité des opérations aériennes.
Cette escorte française va se poursuivre jusque dans le golfe de Gascogne et le nord de l'Espagne, où elle sera récupérée par deux EF-18 Hornet de l'Ejército del Aire, qui vont procéder aux mêmes opérations que ses homologues norvégiens, anglais, et français.
Ils seront soutenus dans les airs par un KC-130H Hercules, dans sa version de ravitaillement en vol afin de donner l'allonge supplémentaire et nécessaire à l'escorte des Blackjack russes.
Arrivés dans cette région, au nord de la ville espagnole de Bilbao, les deux bombardiers vont alors faire demi-tour en empruntant le même chemin, escortés une seconde fois par deux Typhoon de la RAF.
© Armée de l'Air - C'est dans l'espace aérien international qui jouxte l'espace aérien français que l'interception et l'escorte ont eu lieu.
Ces missions à long rayon d'action de l'Armée de l'Air russe, qu'elles soient effectuées par des Tu-160 «Blakcjack» ou par des vénérables et iconiques Tu-95 «Bear», n'ont rien d'exceptionnels.
Elles sont réalisées par Moscou pour montrer les capacités stratégiques militaires de ses forces armées, quelque peu décrédibilisées à la suite, entre autres, des mésaventures du Groupe aéronaval russe du porte-aéronefs Amiral Kouznetsov au large de la Syrie.
Elles sont aussi mise en place afin de «titiller» les défenses européennes dans des moments de fortes tensions après notamment l'annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie, et de l'intervention militaire russe en Syrie afin de soutenir Bachar El-Assad, soutien de Vladimir Poutine dans la région.
Enfin, et c'est l'une des raisons principales de la venue de ces appareils au large des pays de l'Europe de l'ouest, ces vols ont pour objectif d'entraîner les équipages navigants aux missions à très longue distance, et de former les plus jeunes aviateurs.
Pratiquées par la Russie en Europe mais aussi en Asie de l'est au large du Japon, ce type de mission est aussi régulièrement effectué à proximité de l'espace aérien russe par des aéronefs de l'US Air Force ou de l'US Navy, notamment dans le cadre de missions d'observation, de reconnaissance et de recueil de renseignement d'origine électromagnétique.