© Daniel Abela - Le C-135FR en rade à Malte, après une mission de ravitaillement en vol au profit de Rafale.
Quotidiennement, outre les missions permanentes, les forces armées françaises sont particulièrement et fortement engagées sur le territoire national (Sentinelle), au Moyen-Orient (Chammal), et dans la bande sahélo-saharienne (Barkhane). Mais à côté de ces opérations qui font l'objet d'une communication officielle, d'autres subsistent et ne sont que très rarement évoquées par le Ministère français de la Défense, sauf dans des cas isolés. C'est notamment le cas des missions qui sont effectuées au-dessus de la Libye depuis 2015.
Ces sorties aériennes se concentrent sur la réalisation de missions de reconnaissance (mais certainement pas que…) avec notamment les Rafale de l'Armée de l'Air française, équipés de la nacelle de reconnaissance RECO-NG. C'est dans ce cadre là, hier lundi 16 janvier 2017, qu'un avion de ravitaillement en vol C-135FR a effectué un atterrissage d'urgence sur l'aéroport international de Malte, situé à seulement 200km de la ville côtière de Tripoli, dans le nord de la Libye.
Selon les informations des médias locaux et des spotters (photographes) installés aux abords des installations, l'appareil du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 «Bretagne» s'est posé sur l'île à la suite d'un problème technique sur l'un de ses quatre réacteurs. Le C-135FR (93-CI/737) de la base aérienne 125 d'Istres ne s'est pas posé tout seul puisque les deux Rafale C chargés de la collecte des données ont aussi touché terre à Malte.
Les deux appareils, un Rafale C (30-IN / C110) de l'EC 3/30 «Lorraine» piloté par un pilote du RC 2/30 «Normandie-Niémen» et le second Rafale C, lui-aussi du RC 2/30, ont décollé quelques heures plus tard après avoir été avitaillés (au sol). Ils ont rejoint la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, base depuis laquelle la très grande majorité des missions de reconnaissance effectuées au-dessus du territoire libyen sont lancées.
Outre la nacelle RECO-NG, les Rafale étaient armés, comme pour ces précédentes missions, de deux missiles air-air MICA EM et de deux missiles air-air MICA IR «bons de guerre».
Le C-135FR est resté sur place en attendant soit une pièce de rechange, ou un renfort de mécaniciens d'Istres qui viendront réparer l'appareil, vieux de… 53 ans (livraison en août 1964) !.
Toutes les photos : © Daniel Abela, merci à lui pour les photographies !
Pour rappel, les Rafale Air et Rafale M (engagés depuis le PA Charles de Gaulle) ne sont pas les seuls à opérer en Libye. En effet, de nombreux vols du Groupe Aérien Mixte 56 «Vaucluse» ont lieu régulièrement, plusieurs fois par semaine. Pour connaître cela, et pour éviter la colère du Ministre de la Défense, il suffit de chercher sur Internet grâce aux sources ouvertes, et notamment les spotters (photographes) basés à Malte.
Il n'est plus rare de croiser des C-130H Hercules et/ou des Twin Otter de l'Armée de l'Air et de la DGSE, ainsi que des appareils de compagnies privées qui assurent des missions de transport et de surveillance au profit des armées françaises, mais aussi américaines.
Les sites de suivi en direct des avions (Flight Radar 24, etc...) permettent eux-aussi de noter la présence des forces armées occidentales en Libye, comme ce fût le cas avec, entre autres, l'existence d'hippodromes de ravitaillements en vol français aux larges des côtes libyennes. Mais aussi les allers-retours de petits avions de transport entre Malte et la Libye, ainsi que les appareils C-146 de l'US Air Force Special Operations Command qui sont porteurs, généralement, du callsign «MAGMAxx».
Enfin, au sol aussi la France est présente en Libye. Sur place, les militaires français du COS et les agents du Service Action de la DGSE ont pour mission de former, d'entraîner et de soutenir sur le champ de bataille les militaires libyens du général Haftar qui opèrent contre l'organisation Etat Islamique. Ils côtoient dans la région des membres des forces spéciales occidentales (Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie), et ceux de pays arabes (Egypte, Emirats arabes unis, Jordanie).
© Daniel Abela - Le «Normandie-Niémen» est l'escadron qui assure la quasi-totalité des missions ISR en Libye.
© Daniel Abela - Un appareil du Lorraine, escadron basé dans les Landes depuis peu, et piloté ici par un pilote du Normandie-Niémen.
© Daniel Abela - Traits jaunes et marrons sur les missiles air-air, pas de doutes, ce sont des BDG (bons de guerre).