Depuis le 1er septembre 2016, la 42ème rotation de l'opération de l'OTAN Baltic Air Policing est assurée par quatre Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 «Cigognes» de l'Armée de l'Air française, déployés sur la base aérienne de Siauliai (Lituanie), et par quatre Eurofighter Typhoon de la Luftwaffe, installés sur la base aérienne d'Ämari (Estonie).
Toutefois, quatre mois après avoir assuré la protection et l'intégrité de l'espace aérien des pays baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie), la mission de cette 42ème rotation vient officiellement de s'achever lors d'une cérémonie organisée ce 05 janvier 2017.
© Bartosz Bera / via Siauliai AFB - Deux des quatre 2000-5F, armés de missiles air-air MICA IR et MICA EM.
Cette cérémonie militaire a vu la présence des aviateurs du détachement français, constitué sous les ordres du lieutenant-colonel Isaac Diakité, des aviateurs de la Koninklijke Luchtmacht (KLu - Force Aérienne Royale Néerlandaise) qui prennent leur garde, du Ministre lituanien de la Défense Raimundas Karoblis, et du personnel de l'OTAN.
Etait aussi présent le Général de corps d’armée aérienne Olivier Taprest, Commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes françaises, H. E. Bert Van Der Lingen, ambassadeur hollandais en Lituanie.
Lors de cette cérémonie, Isaac Diakité, pilote de défense aérienne avec deux éjections à son actif, a remis la clef, symbole de la protection de l'espace aérien des pays baltes, au patron du détachement aérien néerlandais.
A cette occasion, lors des différents discours dans les hangars de la base aérienne de Siauliai, M. Diakité a déclaré que son détachement a «construit des relations très particulières entre la France et la Lituanie au cours de ces quatre mois, et j'espère que cela continuera à l'avenir».
«Merci vous pour votre soutien et votre amitié», a-t-il également ajouté.
A son tour, M. Karoblis a tenu à remercier l'engagement militaire français ainsi que leur solidarité à l'égard du peuple lituanien.
Ce dernier a confié que «vous êtes et vous serez toujours très appréciés par les habitants de la Lituanie, et de toute la région de la Baltique. Soyez assurés que la Lituanie sera également à vos côtés en cas de besoin».
Sur place, au cours de ces quatre mois d'opérations, les quatre Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 «Cigognes», issus de la 2è Escadre de chasse, et la centaine d'aviateurs au sol (contrôleurs aériens, mécaniciens, commandos de l'air, etc…) ont assuré 24h/24 et 7j/7 une capacité de réaction rapide pour la QRA (Quick Reaction Alert) de l'OTAN.
Selon le communiqué de presse de l'Etat-Major des Armées (EMA), «cette mission de permanence opérationnelle s’est concrétisée par 23 décollages sur alerte pour effectuer des mesures de surveillance, de contrôle, et d’identification» d'aéronefs russes.
Ces appareils, qui ne pénètrent pas dans l'espace aérien national, évoluent toutefois dans l'espace aérien international, où ils effectuent des vols entre l'enclave russe de Kaliningrad et Saint-Pétersbourg.
Ils évoluent avec notamment des plans de vol qui ne sont pas déposés, avec des transpondeurs coupés, et avec des appels radios des contrôleurs aériens sans réponse de la part des aviateurs russes.
Selon les données fournies par le Ministère lituanien de la Défense, entre le 20 novembre 2016 et le 1er janvier 2017, la permanence opérationnelle française et allemande a décollé pour intercepter un An-26 et un Su-34 le 1er décembre, un Il-38 et un Il-26 le 06 décembre, un Su-34 et un Il-38 le lendemain, deux An-26 le 10 suivant, deux Su-27 et un Su-30SM le 13 décembre, et enfin, un Su-24 le 15.
Toujours selon les chiffres officiels, aucune interception réelle n'a eu lieu entre le 26 décembre et le 1er janvier.
Enfin, outre les missions opérationnelles, les Mirage 2000-5F ont assuré pas moins de «140 décollages pour des missions d'entrainement».
Au final, après ces quatre mois dans des conditions climatiques difficiles (neige et tempête de neige, froid, gel, etc…), l'ensemble de ces missions «représente un total de près de 500 heures de vol».
Outre les opérations militaires, les aviateurs français du détachement ont aussi souhaité participer à la vie locale.
En effet, et comme le rappellent sur leur page Facebook officielle les officiers Traditions du Groupe, «à l'approche de Noël, le personnel de la base de Siauliai (dont celui de l'Armée de l'air qui assure la PO) a rendu visite à des associations qui s'occupent d'enfants défavorisés pour leur remettre une montagne de cadeaux».
© OTAN - Le patron du détachement français remet la clef à son homologue néerlandais lors de la cérémonie officielle.
Dorénavant, et pour quatre mois (jusqu'à la fin d'avril 2017), ce sont quatre F-16AM de la Force Aérienne Royale Néerlandaise et environ 120 militaires au sol qui assurent la défense aérienne des espaces aériens baltes.
Cette 43ème rotation, sous les ordres du détachement néerlandais, se déroule aux côtés de quatre Eurofighter Typhoon allemands de la Luftwaffe, et issus du 71st Tactical Air Wing de la base aérienne de Wittmund (nord de l'Allemagne).
Ce n'est pas la première fois que la Koninklijke Luchtmacht implique un détachement aérien de F-16AM dans le cadre de l'opération Baltic Air Policing.
Le premier déploiement avait eu lieu entre avril et juillet 2005, tandis que le second s'est déroulé depuis la base aérienne de Malbork, en Pologne, entre septembre et janvier 2014, lors du renforcement de l'opération à la suite de l'annexion de la Crimée ukrainienne par la Russie.
«Il est bon d'être de retour à Siauliai 12 ans plus tard afin d'effectuer une fois de plus la mission de police de l'air pour protéger les États baltes», a affirmé le Major Gert, «patron» du détachement de la KLu.
«C'est une tâche que nous effectuerons avec plaisir pendant les quatre prochains mois afin de démontrer l'unité des membres de l'OTAN», a-t-il ajouté.
Comme pour chaque rotation, l'ensemble des missions seront commandées et dirigées depuis le Combined Air Operations Centre (CAOC), situé à Uedem, dans l'ouest de l'Allemagne.
Toutefois, les décisions dans le cadre des missions opérationnelles se feront depuis l'Allied Air Command (AIRCOM), situé sur l'importante et stratégique base aérienne de Ramsteim, en Allemagne.
© Ieva Gulbiniene / via Siauliai AFB - Sur le dos, ce Mirage 2000-5F montre ses «crocs» aux photographes.
• Qu'est ce que l'opération Baltic Air Policing ?
A partir du début de la crise de Crimée (février-mars 2014), et avec l'annexion de cette région ukrainienne par la Russie de Vladimir Poutine, les pays occidentaux membres de l'OTAN ont pris certaines dispositions militaires et politiques (opération Reassurance Initiative) afin de réaffirmer leur soutien envers les pays de l'est qui jouxtent l'Ukraine, dont notamment la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, et l'Estonie.
Depuis plus d'un an maintenant, et à tour de rôle, les forces aériennes des pays membres de l'OTAN prennent la permanence opérationnelle afin d'intercepter, d'identifier, et d'escorter des aéronefs qui ne répondraient pas aux appels radios ou qui survoleraient, sans autorisation, les pays baltes (Lettonie, Estonie, et Lituanie), dépourvus d'une force aérienne armée de chasseurs capables de mener des missions de police du ciel.
Bien que la mission Baltic Air Policing soit opérationnelle depuis 2004, elle a été renforcée au mois de mai 2014 avec la mise en place de plusieurs plots de permanence opérationnelle, et non d'un seul, lorsque les relations avec la Russie étaient apaisées.
La première rotation armant quatre plots était composée du Royaume-Uni avec quatre Typhoon à Siauliai (Lituanie), de la Pologne avec quatre MIG-29A «Fulcrum» depuis la base aérienne de Malbork (Pologne), du Danemark avec quatre F-16AM depuis Amari (Estonie), et de la France avec des Rafale et des Mirage 2000C/-5F depuis Malbork.
Ce renforcement du dispositif, qui comprenait alors seize chasseurs, a été réduit un an plus tard, avec deux plots, soit huit chasseurs, au lieu du seul et unique plot de quatre appareils alors en vigueur entre 2004 et 2014.
Lors du renforcement des plots de permanence opérationnelle, les aéronefs qui ont été détachés sur place entre mai 2014 et septembre 2015 avaient pour objectif principal de mener des missions «Quick Reaction Alert» (QRA) pour le compte des pays baltes.
Toutefois, les différentes forces armées envoyées sur place ont également pour objectif secondaire de s'entraîner avec les forces armées locales, d'améliorer leur interopérabilité, de tisser des liens plus étroits, et de perfectionner leurs procédures communes, notamment aériennes.