Chaque année, entre le mois d'avril et d'octobre, la France, et notamment l'ensemble du sud du pays, est touchée par des feux de forêts et de broussailles qui ravagent parfois plusieurs km² d'hectares.
Pour lutter contre ces incendies, bien souvent malheureusement d'origine criminelle, les pompiers au sol reçoivent le soutien des bombardiers d'eau de la Sécurité Civile, dépendant du Ministère de l'Intérieur.
Cette flotte est composée de Tracker, qui assurent des missions de guet aérien armé puisqu'ils embarquent de l'eau mélangée à du retardant, de Canadair CL-415, équipés de plusieurs tonnes d'eau et capables de recharger depuis les mers et les lacs, ainsi que de deux Dash 8, avec des capacités beaucoup plus importantes et embarquants de l'eau et du retardant.
Particulièrement utilisés pendant ces sept mois (suivant les années), les pilotes assurent donc (presque) tous les jours des missions d'appui aérien au profit des pompiers au sol. Mais en raison d'un problème dont l'origine est encore aujourd'hui inconnue, les autorités compétentes, dont le Ministère de l'Intérieur et le Bureau Enquêtes Accidents de la Défense (BEAD), ont décidé de clouer au sol la flotte des Canadair CL-415.
L'incident, heureusement sans gravité pour les pilotes, a eu lieu au roulage, sur l'aéroport régional d'Ajaccio, en Corse, ce lundi 1er août 2016. Alors que l'appareil (Pélican 42) quittait son emplacement et rejoignait la piste pour décoller dans la foulée, le train droit a cédé et le flotteur, situé sous l'aile droite, a été touché.
Les dégâts n'étaient immédiatement pas connus, mais les photos (voir au-dessus) diffusées par les médias locaux corses montrent que du carburant s'est déversé sur une bretelle de sortie, et que la structure semble touchée, notamment en bout d'aile au niveau du flotteur, ainsi qu'autour du train d'atterrissage droit.
Les pompiers et les services de secours et d'entretien de l'aéroport sont rapidement intervenus afin de stopper la propagation du liquide, de déplacer l'appareil, et de nettoyer la zone de l'incident pour permettre la réouverture du traffic de l'aéroport, qui ne possède qu'une seule piste. Les travaux ont pris plusieurs heures, ce qui a pu gêner le traffic civil, mais aussi celui du Canadair qui le suivait, puisque ce dernier n'a pu décoller.
Quoi qu'il en soit, à la suite de cet affaissement, les autorités françaises ont pris la décision «de suspendre temporairement l’exploitation de la flotte des Canadair CL415», selon le communiqué de presse diffusé par le Ministère de l'Intérieur dans la journée du 02 août 2016. «Le bureau enquêtes accidents de la Défense (BEAD), compétent pour les aéronefs d’Etat, a été informé et a déclenché une investigation», a-t-on ajouté Place Beauvau.
Outre le BEAD, l'entreprise canadienne qui a développé et construit ces appareils a aussi été informée de ce problème et «une enquête technique» est conduite en parallèle avec Bombardier (qui possède Canadair).
L'analyse de la situation du CL-415 devrait prendre 48 heures environ, et à la suite de cela, «Bombardier déterminera s’il est nécessaire de faire procéder à des inspections sur les trains d’atterrissage de la flotte Canadair de la Sécurité civile et selon quel protocole, avant de permettre la reprise de l’exploitation».
Selon ces mêmes résultats et «selon la nature du problème détecté et le protocole retenu», les inspections et les réparations pourraient alors varier de quelques heures à plusieurs jours.
En attendant, les pompiers devront faire sans ces douze Candair CL-415, et des mesures ont été prises en coordination entre le Ministère de l'Intérieur et les préfets des zones de défense et de sécurité. Ces mesures se concentrent sur trois points.
Le premier est le renforcement des moyens terrestres avec notamment «la mobilisation des ressources des services départementaux d’incendie et de secours et le prépositionnement de colonnes de renfort en provenance d’autres département et d’unités militaires de sécurité civile».
S'en suit «l’emploi avisé» du reste de la flotte des bombardiers d'eau de la Sécurité Civile, qui met en oeuvre huit Tracker et deux Dash.
Enfin, toujours dans un volet aérien, il s'agit ici de faire fonctionner la coopération européenne «dans le cadre du mécanisme européen de protection civile ou d’accords bilatéraux». Les pays voisins qui disposent d'avions pour ce type de missions sont l'Espagne, l'Italie, la Grèce, ainsi que le Portugal et la Croatie.