Depuis le mois de mai 2016, et jusqu'à la fin du mois d'août, la Quick Reaction Alert de l'opération Baltic Air Policing est tenue par quatre F-16AM de la Força Aérea Portuguesa depuis la base aérienne de Siauliai, en Lituanie, ainsi que par quatre Eurofighter Typhoon de la Royal Air Force, installée sur la base aérienne d'Amari, en Estonie.
Après quatre mois d'opérations, la 41ème rotation de l'OTAN, qui réalise des missions de police du ciel au profit de la protection des espaces aériens des pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), va laisser sa place à la 42ème rotation, composée d'un détachement de chasseurs de l'Armée de l'Air française, et d'un second issu de la Luftwaffe.
Le détachement français est composé de quatre Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 «Cigognes», habituellement stationné sur la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint Sauveur, dans l'est de la France. Les chasseurs et leurs pilotes, spécialisés dans la défense aérienne, sont arrivés sur la base aérienne de Siauliai ce dimanche 28 août.
Du côté du personnel au sol, le contingent français est composé d'une centaine d'aviateurs qui assurent le bon déroulement des missions opérationnelles et des exercices qui se tiendront tout au long du détachement, qui est mis en place jusqu'à la fin du mois de décembre 2016.
Les aviateurs sont issus de spécialités différentes mais toutes complémentaires et indispensables au quotidien, tels que les mécaniciens, les armuriers, du personnel administratif, des médecins, des spécialistes des communications, etc…
L'ensemble des pièces de rechange, des missiles air-air (MICA IR et MICA EM), des obus de 30mm, et du matériel nécessaire à la bonne disponibilité des appareils ont été amenés par, au moins, un avion de transport A400M de l'Escadron de Transport 1/61 «Touraine».
Selon les informations de l'animateur du compte Twitter @MIL_Radar, «CTM2032» a décollé de sa base-mère, sur la base aérienne 123 d'Orléans, pour rejoindre le nid des Cigognes, à Luxeuil. Après avoir récupéré le matériel militaire, l'A400M s'est posé à Siauliai afin de décharger sa soute. Une fois le transport du matériel terminé, l'appareil a rejoint la France dans la même journée.
Du côté de Berlin, l'Allemagne a engagé quatre Eurofighter Typhoon de la Luftwaffe sur la base aérienne d'Amari, en Estonie, afin d'assurer elle-aussi des missions de police du ciel dans la zone d'opérations qui les concerne.
La passation officielle du relais entre la 41ème et la 42ème rotation aura lieu lors d'une cérémonie militaire ce mercredi 31 août 2016, sur la base aérienne de Siauliai, puisque le détachement français sera le leader de cette mission pour l'ensemble des quatre prochains mois.
Ce n'est pas la première fois que l'Armée de l'Air française s'engage dans cette opération. En effet, sa première participation remonte en avril-juillet 2007 avec des Mirage 2000C, sa seconde en janvier-avril 2010 toujours avec des 2000C, tout comme la troisième, d'avril à juillet 2011. La quatrième rotation française sera assurée par des Mirage F1-CR de mai à août 2013 et enfin, la cinquième et dernière s'est tenue depuis Malbork, en Pologne, entre mai et août 2014.
A cette époque, en raison de la situation relativement tendue entre l'OTAN et la Russie, après l'annexion de la Crimée ukrainienne par Moscou, l'OTAN avait renforcé son dispositif de défense aérienne, passant de deux à quatre plots de permanence opérationnelle.
Lors du déploiement du contingent français sur la base aérienne polonaise, l'Armée de l'Air française avait envoyé, dans un premier temps, quatre Rafale C de l'EC 1/7 «Provence» et du RC 2/30 «Normandie-Niémen», et par la suite, deux Mirage 2000C de l'EC 2/5 «Ile de France» et deux 2000-5F du GC 1/2 «Cigognes».
Les chasseurs français avaient eu pour mission, selon l'Etat-Major des Armées, de «réaliser des vols d’entraînement à la NATO air policing aux côtés des aviateurs polonais, et de contribuer à la souveraineté des espaces aériens lituanien, letton et estonien, en assurant une permanence opérationnelle, c’est-à-dire la capacité d’intercepter un intrus sous très faible préavis 24/24 heures et 7/7 jours».
A ce titre, tout au long de ces quatre mois, les Rafale, les 2000C et 2000-5F ont effectué pas moins de 424 missions, que ce soit dans la cadre de missions opérationnelles, ou dans le cadre d'entraînements, avec, par exemple, des MIG-29 «Fulcrum» de la Force Aérienne Polonaise, et des F-16AM de la Flyvevåbnet (Armée de l'Air Royale Danoise).
Le cumul de ces missions avait alors engendré pas moins de 500 heures de vol. Par ailleurs, les avions de chasse français avaient également «intercepté et dérouté quatre aéronefs ayant effectué des incursions dans l’espace aérien des pays Baltes».
© Crown copyright - Interception par deux Typhoon britanniques d'une formation de quatre Su-34 «Fullback» russes.
A partir du début de la crise de Crimée (février-mars 2014), et avec l'annexion de cette région ukrainienne par la Russie de Vladimir Poutine, les pays occidentaux membres de l'OTAN ont pris certaines dispositions militaires et politiques (opération Reassurance Initiative) afin de réaffirmer leur soutien envers les pays de l'est qui jouxtent l'Ukraine, dont notamment la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, et l'Estonie.
Depuis plus d'un an maintenant, et à tour de rôle, les forces aériennes des pays membres de l'OTAN prennent la permanence opérationnelle afin d'intercepter, d'identifier, et d'escorter des aéronefs qui ne répondraient pas aux appels radios ou qui survoleraient, sans autorisation, les pays baltes (Lettonie, Estonie, et Lituanie), dépourvus d'une force aérienne armée de chasseurs capables de mener des missions de police du ciel.
Bien que la mission Baltic Air Policing soit opérationnelle depuis 2004, elle a été renforcée au mois de mai 2014 avec la mise en place de plusieurs plots de permanence opérationnelle, et non d'un seul, lorsque les relations avec la Russie étaient apaisées.
La première rotation armant quatre plots était composée du Royaume-Uni avec quatre Typhoon à Siauliai (Lituanie), de la Pologne avec quatre MIG-29A «Fulcrum» depuis la base aérienne de Malbork (Pologne), du Danemark avec quatre F-16AM depuis Amari (Estonie), et de la France avec des Rafale et des Mirage 2000C/-5F depuis Malbork.
Ce renforcement du dispositif, qui comprenait alors seize chasseurs, a été réduit un an plus tard, avec deux plots, soit huit chasseurs, au lieu du seul et unique plot de quatre appareils alors en vigueur entre 2004 et 2014.
Lors du renforcement des plots de permanence opérationnelle, les aéronefs qui ont été détachés sur place entre mai 2014 et septembre 2015 avaient pour objectif principal de mener des missions «Quick Reaction Alert» (QRA) pour le compte des pays baltes.
Toutefois, les différentes forces armées envoyées sur place avaient également pour objectif secondaire de s'entraîner avec les forces armées locales, d'améliorer leur interopérabilité, de tisser des liens plus étroits, et de perfectionner leurs procédures communes, notamment aériennes.