Dans un communiqué de presse publié le jeudi 07 juillet 2016, la Direction Générale de l'Armement (DGA) a annoncé avoir passé une commande auprès de l'entreprise TDA Armements pour le développement et l'intégration des roquettes guidées laser de 68mm sur les Tigre HAD de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre.
Le communiqué précise que ce contrat, dont le montant n'a pas été indiqué, a été notifié le 30 juin 2016 à TDA Armements, filiale de Thales, afin de débuter le «développement et l’acquisition de roquettes de 68 mm guidées laser», dont le nombre de roquettes commandées n'a pas été précisé, lui aussi.
Toutefois, du côté de Thales, le communiqué de presse de l'entreprise française indique que ce contrat s'élève à plusieurs dizaines de millions d'euros, et qu'il comprend trois phases principales. La première consiste au développement de la roquette, la seconde à sa qualification sur les hélicoptères d'attaque français, et la troisième et dernière phase prévoit la production en série d'un premier lot de ces roquettes.
La DGA et Thales affirment tous deux que ces roquettes de 68mm ont une précision submétrique, et qu'elles sont équipées d'un «autodirecteur semi-actif laser», ce qui permet leur guidage soit par le viseur de casque TopOwl qui équipe les pilotes de Tigre, soit par un désignateur laser qui se trouve au sol.
Enfin, il est aussi précisé «qu'à la différence d’autres produits existants, elle est légère et compacte, elle n’a par ailleurs aucune connexion électrique avec le panier lance-roquettes : les informations initiales et l’énergie dont elle a besoin sont transférées par un système à induction, ce qui lui confère une facilité de mise en œuvre et un temps de rechargement réduit».
Cette commande, prévue dans le cadre de la Loi de Programmation Militaire (LPM) 2014-2019, actualisée en 2015, doit aboutir avec la livraison des premières roquettes au cours de l'année 2020, lorsque le standard 2 des Tigre de l'ALAT sera mis en oeuvre.
Avec un coût unitaire faible et une facilité d'utilisation, les roquettes guidées laser sont particulièrement efficaces dans des missions d'attaque au sol, comme celles réalisées à Barkhane, dans l'ensemble de la bande sahélo-saharienne. Leur utilisation est optimale lorsqu'il faut aller taper des pick-up faiblement armés et peu protégés, ou lors de la destruction de petits campements ennemis, notamment en toile.
Bien que les roquettes de 68mm se sont pas encore en service au sein des forces armées françaises, ce n'est pas la première fois que l'Aviation Légère de l'Armée de Terre s'équipe avec des roquettes guidées laser de TDA Armements. En effet, leur première utilisation remonte en 2009, lorsque la France avait déployé ses Tigre en Afghanistan.
Depuis cette date, les roquettes guidées laser n'ont cessé d'être utilisées par les Tigre HAP (Appui/Protection) de l'ALAT avec l'opération Harmattan en Libye en 2011, depuis 2013 au Sahel (Serval puis Barkhane). En 2014, qualifiées quelques jours plus tôt sur les Tigre HAD (Appui/Destruction), les roquettes ont aussi été utilisées en Centrafrique, pour l'opération Sangaris.
TDA Armements affirme sur son site officiel que chaque opération a permis de confronter la roquette dans un contexte opérationnel différent. L'Afghanistan a démontré les capacités des roquettes à pouvoir être utilisées en haute altitude, par temps froid, et lors de combat rapproché, la Libye a mis l'accent sur leur utilisation depuis des BPC de la Marine Nationale et dans un contexte électronique sévère, et enfin, le Mali «a été l'occasion de tester un scénario plus classique, avec des patrouilles et des vols à longue portée» et lors «d'engagement contre différents types de véhicules légers et lourds».
Les roquettes sont activées par le Système de Roquette à Induction (SRI). TDA Armements affirme qu'avec ce système, la roquette est «absolument inerte, y compris lorsqu’elle est à poste dans son tube, même en vol, la roquette à induction ne peut fonctionner que lorsqu’elle reçoit un ordre de tir».
Les roquettes, qui portent toutes le nom principal ACULEUS et une suite légèrement différente suivant les versions, sont conçues pour plusieurs cas. La roquette est capable «de détruire des véhicules légers de type pick-up et d’endommager, ou de neutraliser, des véhicules légèrement blindés, arrêtés ou en mouvement», avec un rayon d'explosion qui s'étend sur une vingtaine de mètres seulement. Elle peut être utilisée lors de combats rapprochés entre les forces amies et ennemies, où le risque de tirs fratricides est important.
Enfin, cette «arme pourra aussi être employée dans le cadre des combats «au milieu des populations», que ce soit en zone fortement urbanisée, au cœur des villages et des hameaux les plus isolés, ou aux abords d’installations hautement sensibles dont la destruction engendrerait des catastrophes humanitaires ou environnementales».