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Des F/A-18 de l'US Navy ont tenté d'empêcher une frappe russe contre des rebelles syriens soutenus par Washington

Des F/A-18 de l'US Navy ont tenté d'empêcher une frappe russe contre des rebelles syriens soutenus par Washington

© Russian MoD - Largage d'une bombe air-sol à guidage GPS depuis un SU-34 Fullback au-dessus de la Syrie.
© Russian MoD - Largage d'une bombe air-sol à guidage GPS depuis un SU-34 Fullback au-dessus de la Syrie.

En septembre 2015, afin de soutenir le gouvernement et les forces armées loyalistes à Bachar El-Assad, la Russie a entamé le déploiement d'un détachement aérien en Syrie, sur l'aéroport de Bassel Al Assad, aujourd'hui plus connu sous le nom de base aérienne de Hmeimim, non-loin de la ville syrienne Lattaquié.

Lorsque les premières sorties aériennes ont été effectuées par les avions d'attaque au sol de l'Armée de l'Air russe, la coalition internationale a rapidement noté que les frappes aériennes russes ne visaient pas directement l'organisation Etat Islamique, mais plutôt les autres groupes jihadistes de la région qui se battent contre les forces armées syriennes.

D'autres groupes, considérés comme démocratiques, sont notamment soutenus par des pays occidentaux, comme les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, etc… Entraînés, formés, et équipés par les pays de la coalition internationale Inherent Resolve, ils combattent eux-aussi l'organisation Etat Islamique, et ne sont pas la cible de frappes aériennes des pays qui les soutiennent.

Toutefois, dans le courant de la journée du jeudi 16 juin 2016, deux SU-34 «Fullback», des avions d'attaque au sol de l'Armée de l'Air russe, sont allés frapper à deux reprises ces groupes, selon les déclarations de responsables américains à certains de leurs médias, sous couvert d'anonymat.

Ces frappes aériennes russes se sont produites dans la localité syriennes de Tanf, située entre quinze et vingt kilomètres de la frontière nord de la Jordanie, et de la frontière ouest de l'Irak, une zone où il n'y a jamais d'opérations russes puisque leurs objectifs ne les amènent pas jusqu'ici, et que la Russie frappe habituellement dans le nord de la Syrie, aux alentours d'Alep.

A la suite de la première frappes aérienne, les combattants syriens présents sur place auraient appelé, selon les médias américains, le CAOC (centre de coordination des opérations aériennes) d'Al Udeid au Qatar, afin de prévenir la coalition internationale de frappes aériennes contre leurs camps, où se trouvaient environ 200 membres.

A la suite de cet appel, les CAOC a envoyé une patrouille de deux F/A-18 (Hornet ou Super Hornet) de l'US Navy, qui ont identifié visuellement deux SU-34 «Fullback» russes. Sur la fréquence radio spécialement établie entre Moscou et Washington, les pilotes américains auraient demandé aux aviateurs russes de cesser leurs frappes aériennes contre ces cibles.

Les deux avions d'attaque au sol russes auraient alors quitté la zone, mais sont revenus quelques instants plus tard, lorsque les deux chasseurs embarqués de l'US Navy sont allés se ravitailler en vol. Lors de leur retour pour effectuer leur deuxième frappe aérienne, les pilotes russes ont ciblé d'autres combattants, qui étaient venus aider et secourir les autres combattants blessés après les premières frappes.

© US Navy - Catapultage d'un EA-18G Growler de la VAQ-140 depuis le porte-avions américain Harry S. Truman dans le cadre des opérations contre l'EI.

© US Navy - Catapultage d'un EA-18G Growler de la VAQ-140 depuis le porte-avions américain Harry S. Truman dans le cadre des opérations contre l'EI.

Lors d'une conférence de presse au Pentagone, le Secrétaire d'Etat à la Défense, Ashton Carter a évoqué cet incident en expliquant que les Etats-Unis souhaitent «clarifier les faits», notamment en ce qui concerne les échanges sur le canal de communication, qui n'aurait pas été utilisé de façon «professionnelle» par les russes. Il a aussi rappelé que «ce fut une attaque contre les forces qui se battaient contre l'Etat Islamique en Irak et au Levant».

Du côté de Moscou, le porte-paroles du Kremlin, Dmitry Peskov, a lui-aussi évoqué cet épisode, en expliquant que depuis les airs, il était relativement compliqué de distinguer les différents groupes rebelles.

Pour rappel, après le déploiement d'un détachement aérien russe en Syrie, et avec la multiplication des sorties aériennes dans l'espace aérien syrien, où se trouvent également les aéronefs (avions de combat et drones) de la coalition internationale Inherent Resolve, Moscou et Washington ont pris la décision de discuter et d'échanger entre-eux afin d'éviter tous débordements dans le ciel syrien.

Une de ces initiatives a été de mettre en place un canal de communication sécurisé et d'établir une fréquence radio destinée aux échanges entre les pilotes de chasse russes et américains qui évoluent quotidiennement dans le ciel syrien.