L'opération Chammal est régulièrement évoquée dans les médias spécialisés et la presse généraliste via ses chasseurs (Mirage 2000D/N et Rafale C/B) qui frappent l'organisation Etat Islamique en Irak et en Syrie depuis, respectivement, la base aérienne projetée en Jordanie, et la BA 104 d'Al Dhafra, aux Emirats-Arabes-Unis.
Toutefois, les escadrons de chasse ne sont pas les seuls engagés dans cette opération. En effet, outre, par exemple, l'Atlantique II de la Marine Nationale ou le Transall Gabriel de l'Armée de l'Air, cette dernière déploie aussi parfois un Système de détection et de contrôle aéroporté, plus connu sous le nom d'E-3F Sentry AWACS.
Déployé pour la troisième fois depuis le début de l'opération Chammal en septembre 2014, l'appareil de la 36è Escadre de détection aéroportée a rejoint la base aérienne d'Al-Udeid au Qatar dans la nuit du 30 au 31 mars 2016, après avoir quitté la base aérienne 702 d'Avord.
Depuis cette date, l'AWACS effectuait des missions de guet aérien pour le compte des aéronefs de l'opération internationale Inherent Resolve, et après deux mois de présence au Moyen-Orient, le détachement français vient de terminer sa mission.
En effet, selon l'Etat-Major des Armées, l'E-3F a terminé ses opérations le 04 juin 2016, et au cours des semaines où il était engagé, l'appareil «a effectué une quinzaine de sorties et réalisé près de 150 heures de vol au-dessus du théâtre d’opérations».
Il est précisé que sur place, la mission «consiste à assurer la « déconfliction » entre les moyens aériens de la coalition (drônes, chasseurs, ravitailleurs, bombardiers), c’est-à-dire la coordination des missions des nombreux aéronefs qui volent dans l’espace restreint de la zone d’opération».
Les quatre E-3F Sentry que dispose l'Armée de l'Air sont engagés régulièrement dans des opérations extérieures, sur le territoire national pour s'entraîner, mais aussi et surtout, pour contrôler l'espace aérien français lors de grands évènements nationaux et internationaux (COP21, EURO 2016, etc…).
A ce stade, la flotte française comptabilise «plus de 13 700 heures de vol en opérations», que ce soit dans le cadre de Serval, Salamandre, Trident, Harmattan ou encore Chammal, ainsi que parfois dans l'est de l'Europe, dans le cadre des missions dites «de réassurance» au profit des pays de l'est, après l'annexion de la Crimée par la Russie.
Dans ces opérations où il était engagé, l'AWACS assurait des «fonctions opérationnelles de « command and control » (C2) et de détection avancée (AEW), essentielle dans les opérations modernes qui réservent un rôle décisif à l’arme aérienne», ajoute l'EMA.
Pour rappel, le premier détachement Chammal d'un E-3F remonte à l'automne 2014, et plus précisément entre le 24 octobre et le 15 novembre 2014, lorsque l'appareil avait alors réalisé neuf missions. Le second détachement s'est quant à lui déroulé de la mi-mars au mois de juin 2015, toujours depuis la base aérienne d'Al-Udeid.
L'appareil possède «une autonomie en vol importante d’environ 10h de vol sans ravitaillement» et «répondant aux standards des besoins de la coalition», l'AWACS français «ravitaille ainsi sans difficultés en interalliés».
L'interopérabilité est aussi plus poussée grâce à la modernisation à mi-vie (MLU - Mid Life Upgrade) effectuée par les employés d'Air France Industries KLM, et soutenus par des ingénieurs de chez Boeing, dans un hangar de l'aéroport de Roissy.
Elle comprend notamment le remplacement du calculateur de mission et des dix consoles opérateurs par un système informatique plus performant, avec l’ajout de quatre consoles supplémentaires. Le système électrique a été modifié pour alimenter tous ces nouveaux équipements, et un nouvel interrogateur IFF (identification ami-ennemi) a également été installé. De ce fait, les AWACS français sont maintenant portés au standard Block 40/45, le plus évolué à ce jour, semblable aux AWACS de l'US Air Force.