Le 12 avril 2014, le Pentagone avait affirmé qu'un Su-24 «Fencer» de l'Armée de l'Air russe avait réalisé une douzaine de passages bas au-dessus de l'USS Donald Cook (DDG-75), un destroyer américain de l'US Navy de la classe Arleigh Burke, alors que celui-ci naviguait dans les eaux internationales de la mer Noire. Deux ans plus tard, l'histoire se répète avec les mêmes acteurs, mais dans un environnement différent.
Les faits
En effet, le lundi 11 avril 2016, en mer Baltique cette fois, deux Su-24M ont effectué plusieurs Show Of Force (SOF), aussi appelés démonstrations de force, à proximité de l'USS Donald Cook, qui naviguait dans les eaux internationales de le mer Baltique, et qui venait de quitter le port polonais de Gdynia.
Alors que le destroyer de l'US Navy s'entraînait avec les forces armées des pays de la région, et notamment avec la Pologne, les Su-24M ont enchaîné plusieurs passages autour du bâtiment, qui naviguait à environ 130 kilomètres des côtes de l'enclave russe de Kaliningrad, située entre la Pologne et la Lituanie.
Lors des ces manoeuvres, considérées comme «agressives» par un communiqué de presse de l'US Navy, un hélicoptère polonais, qui souhaitait apponter sur l'USS Donald Cook dans le cadre d'un exercice, a dû annuler son appontage et attendre que les bombardiers de l'Armée de l'Air russe quittent la zone.
Le lendemain, le mardi 12 avril 2016, un hélicoptère Ka-27 «Helix» de la Marine Russe a effectué lui aussi plusieurs cercles tout autour du destroyer afin, notamment, de réaliser quelques clichés du bâtiment. Peu de temps après son départ, environ quarante minutes selon l'US Navy, deux autres Su-24M «Fencer» sont venus à la rencontre du Donald Cook et ont effectué, ici aussi, au moins onze «show of force», toujours selon le communiqué officiel de l'US Navy.
Les pilotes de chasse russes qui ont effectué, au total, une vingtaine de passages bas en deux jours, n'ont pas répondu aux sollicitations émises à la radio par les marins du Donald Cook, que ce soit en anglais, ou en russe.
Les réactions
A la Maison Blanche à Washington, Josh Earnest, un des portes-paroles, a déclaré que «cet incident est en contradiction avec les normes professionnelles qui s'appliquent à des militaires opérant à proximité les uns des autres dans les eaux internationales et dans l'espace aérien international»
Du côté du Kremlin et du Ministère russe de la Défense, on estime, via Igor Konachenkov, un des portes-paroles de l'institution, que «le 13 avril, les avions Su-24M des Forces aérospatiales russes ont effectué des vols d'entraînement au-dessus des eaux neutres de la mer Baltique». Ce dernier a ajouté que «l'itinéraire du vol des avions russes traversait la zone, où se trouvait le destroyer USS Donald Cook, à environ 70 km de la base navale russe».
Enfin, M. Konachenkov a également expliqué qu'il ne comprenait pas les «réactions douloureuses des homologues américains», et il a tenu à ajouter que «le principe de la liberté de navigation du destroyer de la marine américaine ne nie pas le principe de la liberté de navigation aérienne des aéronefs russes. Tous les vols des avions russes sont effectués en stricte conformité avec les réglementations internationales sur l'utilisation de l'espace aérien au-dessus des eaux neutres».
Une situation à relativiser
Si ces vols peuvent paraître impressionnants, et qu'ils peuvent être considérés comme «dangereux et non professionnels» en raison de la proximité entre les aéronefs et le navire, il n'en reste pas moins qu'ils ne sont en aucun cas «agressifs», et que la menace n'était pas, ici, crédible.
En effet, tout d'abord, suivant les différentes photos diffusées par l'US Navy, on y voit très clairement que les Su-24M «Fencer» ne sont pas armés, et qu'ils n'emportent, sous leurs ailes, que des réservoirs externes.
Par ailleurs, après le visionnage des vidéos diffusées, elles aussi, par l'US Navy, on y voit très clairement les marins du Donald Cook sur le pont du bâtiment en train de regarder et de filmer les passages bas des appareils russes. Si la menace était bien réelle, les marins ne seraient pas sur pont en train de regarder ces manoeuvres, mais à leurs postes de combat, prêt à ouvrir le feu si la situation l'exige.
Enfin, et si les Su-24M étaient armés et qu'un missile air-mer était verrouillé sur le bâtiment, l'USS Donald Cook aurait détecté ce verrouillage et son commandant aurait alors pris les dispositions adéquates, notamment défensives avec la mise en place d'avertissements.
Photos et vidéos : © US Navy / EUCOM (United States European Command).