© EC 1/4 Gascogne - Image tirée d'une caméra embarquée lors d'un vol à très basse altitude dans le désert tchadien.
Depuis maintenant plusieurs mois, les sites de partages de vidéos, comme You Tube ou Dailymotion, ainsi que les réseaux sociaux et notamment Facebook avec certaines pages, publient des vidéos à 360°.
Changement radical des anciennes vidéos où l'on ne voyait que les images filmées par le vidéaste, avec ces nouvelles vidéos, la personne a la possibilité de changer l'angle de la prise de vue à l'aide de la souris, et d'observer la scène à 360° tout autour de la personne qui filme.
Ces vidéos ont vite fait leur apparition au sein des petits avions utilisés dans les aéro-clubs, mais aussi dans les avions de combat. En effet, de nombreuses vidéos commencent à circuler et à être de plus en plus diffusées par leurs utilisateurs.
Aujourd'hui, il est possible d'observer le catapultage d'un F/A-18 Super Hornet depuis un porte-avions de l'US Navy, tout en étant à l'intérieur du cockpit de l'appareil : frissons garantis !
Mais il est aussi possible d'embarquer à bord des Hornet des Blue Angels, d'un Super Hornet en entraînement à basse altitude, ou d'un F-5E Tiger II de la Patrouille Suisse, tout en profitant d'une vue à 360°.
La publication de ces vidéos est l'occasion de comprendre la politique d'utilisation des caméras embarquées au sein des escadrons de l'Armée de l'Air française.
Ces caméras embarquées sont largement utilisées aujourd'hui dans les escadrons, que ce soit avec chez les chasseurs et chasseurs-bombardiers, chez les transporteurs, mais aussi chez les «hélicoptéristes».
Leur utilisation est notamment visible quotidiennement dans la publication presque quotidienne d'images rapportées par les pilotes de chasse français et publiées par la suite sur leurs pages Facebook officielles. (Liste non exhaustive des escadrons possédants une page Facebook).
Mais en quoi les caméras embarquées sont-elles utiles pour les aviateurs ? Une source, connaissant bien le sujet, a accepté de répondre sous couvert d'anonymat à quelques interrogations à ce sujet.
Tout d'abord, il faut savoir que le sujet des caméras embarquées est actuellement très discuté au sein de l'Armée de l'Air, avec certains qui y sont favorables, et d'autres qui le sont moins, voire pas du tout, chaque camps ayant leurs propres arguments.
L'utilisation de ces caméras amène deux principaux avantages significatifs. Le premier est leur «utilisation tactique» lors d'exercices ou des missions effectuées en opération extérieure. A ce sujet, notre contact n'a pas souhaité donner plus de précision.
Le second, «indéniable», c'est l'utilisation des images capturées en matière de communication auprès du grand public. Mais cette utilisation en matière de communication divise ici aussi.
En effet, un certain nombre d'aviateurs de l'Armée de l'Air ont encore des mauvais souvenirs des vidéos, prises notamment au Tchad dans les années 2000, où l'on pouvait y voir des Mirage F1 effectuer des vols à très (très) basse altitude, et même un ravitailleur C-135FR à seulement quelques mètres du sol (la vidéo circule encore).
Très énervés par la publication de ces vidéos, qui pouvaient montrer une mauvaise image des aviateurs français, les chefs dans les Etat-Major avaient pris la décision de retirer le macaron de quelques pilotes, et de les radier du corps des officiers de l'Armée de l'Air.
A contrario, une autre catégorie d'aviateurs militent pour leur utilisation, mais dans le cadre d'une «utilisation maîtrisée», où les images seraient utilisées et diffusées de façon «opportuniste» et «positivée».
Il faut savoir que l'utilisation de ces caméras est normalement interdite au sein des aéronefs. Leurs présences est donc tolérées, notamment par le SIRPA Air. Officiellement, les seules caméras qui sont embarqués dans des avions sont «acceptées sous condition», dans des cadres très précis, et avec un emploi «très encadré».
Les communicants et les chefs du Service d'Informations et de Relations Publiques de l'Armée de l'Air utilisent, pour l'instant, que très rarement ces vidéos, peut-être parce que toutes les réponses n'ont pas encore été apportées à certaines questions dans ce débat compliqué et qui divise.
Cependant le SIRPA Air adopterait une politique avec une «marge de manoeuvre souple» envers leur utilisation auprès du grand public, il n'y a aucun empêchement, mais la «vigilance» reste de mise afin d'éviter tous débordements.
Dans cet univers des caméras embarquées dans les escadrons français, une unité reste toutefois privilégiée. Il s'agit du Centre d'Expertise Aérienne Militaire, situé sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan.
Elle est considérée comme une «unité légitime» dans la manipulation de ces caméras, du fait notamment de son statut particulier, et que les aviateurs qui y sont affectés réfléchissent déjà depuis plusieurs années à l'intégration de ces outils dans les appareils français.
En somme, le sujet des caméras embarquées dans l'Armée de l'Air reste très divisé, «compliqué et débattu» avec d'un côté ceux qui y sont opposés, et de l'autre ceux qui y voient des avantages personnels pour la mise en place de tactiques, etc... ou pour la communication auprès du grand public.
A ce stade, leur emploi et leur statut n'a toujours pas été officiellement fixé par l'Armée de l'Air, et le débat sur l'utilisation de ces caméras reste donc ouvert.
360° view of Sydney Harbour from an F/A-18 HornetSee Sydney Harbour from the cabin of an F/A-18 Hornet. An insane perspective thanks to @RoyalAustralianAirForce's No. 2 Operational Conversion Unit. Filmed by Mark Jessop @AviationSpottersOnline. #lifeuncropped #360degrees #360fly #fa18
Posté par 360fly sur mardi 16 février 2016
Fire the catapult—we’re ready for takeoff. #lifeuncropped #360degrees #360fly #jet
Posté par 360fly sur mardi 9 février 2016