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La France se lance dans l'acquisition de quatre C-130J Super Hercules neufs

La France se lance dans l'acquisition de quatre C-130J Super Hercules neufs

La France se lance dans l'acquisition de quatre C-130J Super Hercules neufs

A la suite du Comité Ministériel d'Investissement (CMI) qui s'est tenu le Mardi 15 Décembre, il a été décidé par le Ministère de la Défense d'acquérir quatre avions de transport C-130J Super Hercules, selon les informations rendues publiques par la presse spécialisée française.

Cette commande, qui doit être officiellement passée dans le courant du début de l'année 2016 via une procédure Foreign Military Sales (FMS), doit voir l'acquisition de deux C-130J Super Hercules, et de deux ravitailleurs KC-130J Super Hercules, une version utilisée pour le ravitaillement en vol d'aéronefs.

Le montant de cette vente n'est pas encore connu, mais le journal Air & Cosmos, qui inclut la formation des aviateurs et la maintenance des appareils, évoque un contrat de 700 millions de dollars, alors que L'Opinion et Jean-Dominique Merchet, dans son blog Secret Défense, tablent sur 500 millions d'euros, sans donner pour autant plus de détails.

Photo : (c) Armée de l'Air - Atterrissage d'un C-130H Hercules français.
Photo : (c) Armée de l'Air - Atterrissage d'un C-130H Hercules français.
  • Occasions ou neufs ?

Plusieurs solutions étaient possibles pour l'Armée de l'Air et le Ministère de la Défense.

Une première était l'achat de quatre C-130H Hercules d'occasions auprès de forces aériennes disposants déjà de cette version, comme la flotte actuelle des quatorze (sur le papier) C-130H Hercules l'Armée de l'Air française. Cet achat aurait pu se faire auprès de l'US Air Force, mais aussi de la Force Aérienne Israélienne, qui proposait à la France des C-130E, qui auraient été ensuite modernisés à la version C-130H. Cette solution, d'acquérir des Hercules au même standard que ceux actuellement en service au sein de l'Armée de l'Air française, aurait pu paraître comme logique étant donné que la flotte aurait été homogène, donc avec les mêmes pièces de rechange, les mêmes formations (pilotes et mécaniciens), et donc un coût final qui est moindre.

Par ailleurs, selon le blog Secret Défense (lire l'article ici), deux autres entreprises européennes, Sabena et Marshall Aerospace, avaient elles-aussi proposé à la France des C-130 Hercules d'occasions norvégiens et suédois.

Mais finalement, la décision de cet achat s'est portée sur quatre Super Hercules neufs, pris à leur sortie des chaînes d'assemblage de Lockheed Martin, et initialement destinés à l'US Air Force. Ce choix implique donc une organisation spécifique à cette micro-flotte. En effet, les C-130 Hercules et les C-130 Super Hercules sont des appareils totalement différents. Les Super Hercules disposent, entre autres, d'une avionique modernisée et de dernière génération, avec quatre turbopropulseurs Allison AE 2100D de Rolls-Royce, et sont équipés de six pales, à l'inverse des C-130H qui volent avec des Allison AE2100 et quatre pales. Ce choix implique donc une organisation qui doit gérer uniquement cette micro-flotte, avec ses outillages, son entretien, ses aviateurs formés sur cette version du Hercules, etc... Tout cela implique donc un coût supplémentaire.

  • Le bonheur des uns fait le malheur des autres

Laurent Collet-Billon, le Délégué Général pour l’Armement (DGA), avait affirmé dans le courant du mois de Novembre que «si le montant prévu est supérieur à 330 millions, nous demanderons [au ministre] de nous indiquer les commandes qu’il conviendrait de décaler».

De ce fait, d'autres programmes ne seront pas immédiatement lancés et seront donc retardés afin de pouvoir acquérir ces quatre C-130J Super Hercules.

  • La DSCA a déjà donné son feu vert

Selon la notification publiée par la DSCA le Mardi 10 Novembre 2015, sous l'autorité du Département d'Etat des Etats-Unis, ce contrat prévoit la vente de deux C-130J Super Hercules et de deux KC-130J Super Hercules, ainsi que le soutien logistique et un ensemble de pièces de rechange qui vont avec (turbopropulseurs, GPS, radios, systèmes de navigation inertielle, détecteurs de départ missile, etc...). Le montant total de ce contrat est estimé aux alentours de 650 millions de dollars, soit environ 605 millions d'euros.

Dans ce document, l'Agence déclare que «cette vente proposée va contribuer à la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis en améliorant la capacité d'un allié de l'OTAN. Il est vital pour les intérêts nationaux américains d'aider l'Armée de l'Air française afin de développer son transport aérien, ses capacités de ravitaillement en vol, et de parachutage. Ces appareils fourniront ces capacités et seront utilisés pour soutenir les opérations nationales, celles de l'OTAN, des Nations Unies, et d'autres coalitions. La livraison de ces appareils à l'Armée de l'Air française permettra d'accroître considérablement l'interopérabilité entre l'US Air Force et l'Armée de l'Air française».

Outre les deux C-130J qui pourront être utilisés pour des missions de transport tactiques, avec notamment les Forces Spéciales déployées dans le Sahel, les deux autres KC-130J serviront à ravitailler en vol les hélicoptères Caracal de l'Armée de l'Air, eux aussi sollicités régulièrement pour mener des missions avec le Commandement des Opérations Spéciales. Le communiqué états-unien précise à ce titre que «les KC-130J fourniront la capacité cruciale du ravitaillement en vol pour les avions de combat, les avions de transport léger, et les hélicoptères français».

Photo : (c) EMA - Ravitaillement en vol d'un Caracal par un KC-130J américain dans la BSS.
Photo : (c) EMA - Ravitaillement en vol d'un Caracal par un KC-130J américain dans la BSS.
  • Un achat qui n'était pas vraiment prévu...

L'acquisition de ces quatre Super Hercules démontre publiquement l'incapacité pour l'A400M Atlas d'Airbus Defence & Space à pouvoir mener des missions qui étaient pourtant prévues dans le cahier des charges, lors de sa conception, ce qui oblige donc l'Armée de l'Air à faire cet achat.

La première de ces missions est celle du ravitaillement en vol des hélicoptères. Elles sont indispensables dans des opérations comme dans la bande sahélo-saharienne (BSS, opération Barkhane), où les distances obligent les hélicoptères Caracal, seuls hélicoptères français ravitaillables en vol, à se poser pour pouvoir se ravitailler, alors qu'ils pourraient le faire par les airs, ce qui est un gain de temps, une sécurité avec l'absence du risque d'attaques pendant l'avitaillement au sol, une discrétion accrue pour les opérations spéciales, et il n'y a pas besoin d'organiser et de mettre en place un convoi militaire et une zone d'atterrissage sure pour cela.

Pour rappel, l'apport d'un ravitaillement en vol sur un hélicoptère Caracal permet à l'appareil de voler pendant dix heures environ, alors qu'il a une autonomie de 4h45 avec ses réservoirs internes.

En outre, ces avions de transport pourront aussi être utilisés pour mener des missions tactiques. Si l'A400M semble efficace dans des missions stratégiques, quant est-il dans des missions tactiques, notamment dans le cadre des missions du Commandement des Opérations Spéciales, qui exigent souvent des posés d'assauts ?