Le Lundi 04 Mai 2015, à Doha, le Qatar, la France avec son Président de la République François Hollande, et le GIE Rafale (Dassault Aviation, Thales, Snecma, MBDA) ont signé un contrat d'environ 6,3 milliards d'euros portant sur la livraison de vingt-quatre Rafale à la Force Aérienne Qatarie.
Cette signature intervenait seulement quelques jours après la publication d'un communiqué de presse de l'Elysée qui indiquait alors que Cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, Emir du Qatar, «a confirmé son souhait de voir son pays acquérir 24 avions de combat Rafale». Par ailleurs, outre ces vingt-quatre appareils, le Qatar a également posé une option pour douze Rafale supplémentaires qui pourraient être commandés dans quelques années si le pays en ressent le besoin opérationnel.
Mais depuis la signature de ce contrat, Doha n'avait toujours pas envoyé le premier acompte du contrat passé avec Paris permettant de débuter la construction des premiers Rafale qataris.
C'est désormais chose faite puisque Dassault Aviation a déclaré dans un communiqué de presse publié hier Jeudi 17 Décembre 2015 que «le contrat portant sur l’acquisition de 24 Rafale par le Qatar est entré en vigueur ce jour».
Ce premier paiement annoncé par l'avionneur français vient donc confirmer les informations parues dans la presse française, et plus précisément dans le journal Les Echos dans un premier temps, et plus tard dans un article du site La Tribune. Ce dernier écrit notamment «qu'il n'y avait pas plus d'inquiétudes que cela en France aussi bien chez les industriels qu'au plus haut niveau de l'État même si Doha a mis huit mois environ à payer cet acompte».
Avec le contrat en Egypte, celui au Qatar, et bientôt celui en Inde lorsqu'il sera officiellement signé, Dassault Aviation et les 500 entreprises du programme Rafale ont dû augmenter leurs capacités de production afin de pouvoir tenir la cadence et de livrer les premiers appareils dans les temps.
Le Qatar devrait réceptionner ses premiers Rafale à partir de 2018, et la livraison des autres appareils devrait s'étaler dans le temps avec la sortie des chaînes d'assemblage d'un exemplaire par mois, ce qui porte le nombre à onze unités par an, et non douze.
Comme avec les pilotes de chasse et les mécaniciens au sol de la Force Aérienne Égyptienne, l'Armée de l'Air française devra aussi former les aviateurs de la Force Aérienne Qatarie.
Selon La Tribune, «la France, qui a conclu le 22 septembre un contrat sur la formation opérationnelle des pilotes qataris, a également reçu un premier chèque». Cette formation revêt un caractère nouveau puisque Doha paiera la formation de l'ensemble de ses aviateurs, soit trente-six pilotes et une centaine de mécaniciens, directement à l'Armée de l'Air, «qui aurait été conseillée sur ce dossier par l'Agence du patrimoine immatériel de l'État (APIE)».
Enfin, toujours selon le même quotidien, toujours très bien renseigné, «l'imputation se fera sur le budget opérationnel de programme (BOP) 178 de l'armée de l'air en vertu d'un décret de 2009».
Le contrat de 6,3 milliards d'euros prévoit la livraison de dix-huit Rafale monoplaces, aux côtés de six biplaces. Outre les chasseurs, le contrat prévoit également la livraison des missiles air-air MICA IR, MICA EM, et Meteor (lorsque leur intégration sera officialisée), du missile de croisière air-sol SCALP-EG, ainsi que des bombes air-sol GBU à guidage laser et AASM.
Extrait d'un article (exclusif) publié le 03 Juin 2015.
Mais outre ces armements, le contrat prévoit également l'intégration de la nacelle de désignation laser Sniper, de l'avionneur américain Lockheed Martin. En effet, selon plusieurs sources concordantes et avec l'appui d'une image d'illustration diffusée par Dassault Aviation, les Rafale qataris seront équipés de la nacelle Sniper.
Il y a quelques années maintenant, et cela est connu par les connaisseurs du dossier et ceux qui suivent l'actualité aéronautique depuis quelques années, le Qatar avait déjà demandé à Dassault Aviation que cette nacelle soit intégrée sur ses Mirage 2000-5EDA/DDA. Cependant, lorsque Doha a pris la décision d'acheter du Rafale et d'entrer en négociation avec Dassault Aviation, cette demande n'a pas abouti.
Par ailleurs, l'avionneur Lockheed Martin et le français Dassault Aviation ont déjà échangé à plusieurs reprises au sujet de l'intégration de cette nacelle de désignation laser et de reconnaissance sur les Rafale, en lieu et place de la nacelle Damocles du français Thales.
Ces échanges ont été engagés à la suite d'une demande de la part des Emirats-Arabes-Unis qui estimaient que l'emport de la nacelle Sniper était un point primordial pour la conclusion d'une possible vente de Rafale aux Emirats Arabes Unis, ce qui ne s'est finalement pas fait (pour l'instant ?).
Cependant, cette demande n'avait pas non plus abouti en raison, selon un article du magazine Air & Cosmos, et daté de Janvier 2012, de «l'incapacité pour la nacelle américaine de tenir les chocs liés à l'appontage et au catapultage dans sa configuration actuelle» ainsi que dans «un souci de préserver la filière industrielle».
Si ces deux pays ont demandé que la nacelle Sniper soit montée sur ses avions de chasse, c'est parce que la nacelle française Damocles souffre d'une qualité d'image qui n'est pas excellente, et d'un certain retard technologique face à sa rivale américaine. Une source n'hésite pas à qualifier la nacelle Damocles comme étant une «épine dans le pied du Rafale pour une offre franco-française».
Si plusieurs sources évoquent donc l'intégration du Sniper sur les Rafale destinés au Qatar, la communication de Dassault Aviation n'a pas véritablement caché cette intégration puisque lors de la signature du contrat, Dassault a diffusé des images de synthèse, destinées aux médias, où l'on peut y voir un Rafale équipé d'une nacelle de désignation laser. Si peu de personnes l'avaient peut-être remarqué, ce n'est pas la nacelle de désignation laser Damocles, et encore moins son évolution, le Pod de Désignation Laser Nouvelle Génération TALIOS (PDL-NG TALIOS). C'est bel et bien la nacelle américaine Sniper de Lockheed Martin, et ce n'est pas, indique-t-on, une erreur lors de la conception du dessin.