Comme cela était prévu depuis l'annonce des premières missions de reconnaissance au-dessus de la Syrie par les Rafale et l'Atlantique II depuis le 08 Septembre 2015, l'Armée de l'Air et la Marine Nationale viennent de participer à leurs premières frappes aériennes sur le territoire syrien, contre l'Organisation Etat Islamique.
Dans un premier temps, cette information a été délivrée hier matin, Dimanche 27 Septembre, par un simple communiqué de presse de l'Elysée qui annonçait sobrement les premières frappes aériennes en Syrie. Ce même communiqué précisait alors que cette mission a été effectuée "sur la base de renseignements collectés au cours des opérations aériennes engagées depuis plus de deux semaines, dans le respect de notre autonomie d’action, en coordination avec nos partenaires de la coalition".
Enfin, il y est aussi précisé que la France frappera "à chaque fois que [sa] sécurité nationale sera en jeu". Cependant, aucunes indications ne sont apportées concernant ces frappes : lieu, date, heure, aéronefs engagés, objectifs, résultats, etc...
Dans cette déclaration, les mots sont importants puisque la France n'est pas intégrée officiellement dans cette coalition internationale, même si elle y participe. En effet, afin de garder son autonomie et sa liberté d'action et de manœuvre, Paris et l'Etat-Major des Armées choisissent eux-mêmes leurs propres cibles, le jour de la frappe, etc... Cependant, le renseignement collectés par la nacelle RECO-NG sur Rafale, ou par l'Atlantique II et les Transall Gabriel sont eux partagés avec le reste des pays engagés dans l'opération "Inherent Resolve".
Plus tard dans la journée, ce n'est pas devant les français mais plutôt devant les membres des Nations Unies que le Président de la République François Hollande a donné des précisions sur cette mission, où c'est la première fois que la France effectue des bombardements dans un pays où la supériorité aérienne n'est pas acquise.
Si l'on se réfère à la déclaration publiée par le Ministère français de la Défense et son Etat-Major des Armées (EMA), ce premier raid aérien, qui a débuté dans la nuit du Samedi 26 au Dimanche 27, a mis en oeuvre cinq Rafale (alors que l'on en voit que trois sur les photos et la vidéo), un avion de patrouille maritime Atlantique II, ainsi qu'un ravitailleur C-135FR.
A ce titre, l'EMA indique donc que "les aéronefs de l’opération Chammal ont mené un raid aérien contre un camp d’entraînement de Daech situé dans la vallée de l’Euphrate, au Sud de Deir Ez Zor". Ce dernier ajoute également qu'il s'agit ici "d’une frappe délibérée sur un objectif reconnu préalablement. Nos renseignements recoupés avec ceux de la coalition ont clairement établi que ce camp est occupé et actif".
Pour cette mission, les cinq Rafale étaient chacun équipés de six bombes air-sol AASM guidées laser (18 au total), de trois nacelle de désignation laser Damocles, et enfin, de deux missiles air-air MICA IR chacun, à des fins d'autoprotection. Toutes les bombes n'ont pas été larguées, selon un comptage, entre huit et douze AASM sont tombées sur le sol syrien.
L'EMA précise que "ce raid a été mené depuis les deux bases aériennes de l’opération Chammal situées en Jordanie [Prince Hassan, NDLR] et dans le Golfe Arabo-Persique [BA 104 d'Al Dhafra, Emirats-Arabes-Unis, NDLR]".
Il semblerait, selon les photographies et la vidéo communiquées par l'EMA, que l'ensemble des appareils aient décollé d'Al Dhafra pour effectuer leur raid, et que c'est à la suite de ces frappes que les avions ont atterri sur la base aérienne de Prince Hassan, en Jordanie.
Les premières frappes ont été portées à 6h30 (heure française), et l'ensemble de cette mission a duré "pendant environ cinq heures", avec l'objectif ciblé qui "a été détruit".
Malheureusement, avec le peu de moyens que la France met en oeuvre dans le cadre de cette opération Chammal (parce qu'elle n'a tout simplement pas les moyens de faire plus), l'ensemble de ces raids ne suffiront pas sans une réelle volonté politique et un engagement plus important, alors que les armées françaises sont déjà fortement sollicitées dans la bande sahélo-saharienne, contre les groupes terroristes de la région, et en France, dans l'opération Sentinelle (Vigipirate).