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Alors que les équipages et les aviateurs des Forces Aériennes Stratégiques (FAS) sont déployés sur plusieurs fronts en même temps, que ce soit dans le Sahel (Barkhane), au Moyen-Orient (Chammal), ou en France (permanence opérationnelle et dissuasion nucléaire), l'Armée de l'Air et les escadrons des FAS ont réussi à mettre en place un exercice important et mobilisant plusieurs moyens aériens, appelé Minotaure.
Cet exercice est la simulation d'un raid nucléaire avec des aéronefs des Forces Aériennes Stratégiques, accompagnés par des chasseurs des forces conventionnelles, qui assurent la protection du raid contre des aéronefs ennemis et qui ouvrent le chemin aux chasseurs porteurs du missile air-sol ASMP-A.
Selon une source de confiance et bien renseignée, un raid nucléaire de ce type, qui se différencie de l'exercice Poker par le fait que ce dernier se déroule uniquement sur le territoire national et donc dans l'espace aérien français, a été organisé le Lundi 07 Septembre 2015.
Celui-ci a vu la mise en place d'un raid composé de trois Rafale B de l'Escadron de Chasse 1/91 "Gascogne", de trois Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 "Cigognes", et de deux ravitailleurs C-135FR du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 "Bretagne".
Dans le cadre de cet exercice, les Mirage 2000-5F de la 2ème escadre ont décollé de la base aérienne 116 de Luxeuil, les Rafale de la 4ème escadre de la BA 113 de Saint-Dizier, et enfin, les deux ravitailleurs ont décollé depuis la BA 125 d'Istres. Un ravitailleur s'occupait du ravitaillement des Rafale B des FAS, alors que le second gérait le ravitaillement des Mirage 2000-5F conventionnels.
L'ensemble de ce raid et de ses différentes étapes s'accompagnent généralement d'un scénario de transmission de l'ordre ultime.
Selon les informations disponibles, après le décollage, les différents aéronefs se sont rejoints afin de débuter le raid nucléaire et ont survolé la Mer Méditerranée le plus longtemps possible, de façon à être totalement indépendant, et à ne pas avoir à survoler un espace aérien d'un pays qui borde cette mer.
Par la suite, afin de rallier la base aérienne 104 d'Al Dhafra, point d'arrivée des aéronefs, le raid a dû emprunter deux chemins différents. Mais ces deux chemins ne sont pas connus, donc les deux propositions détaillées qui vont suivre ne sont que des hypothèses, étant donné que le SIRPA Air n'a pas souhaité répondre à notre demande.
Dans un premier temps, le raid aurait pu traverser une petite partie de l'Egypte, avec l'accord de cette dernière pour que des aéronefs français pénètrent son espace aérien. Une fois l'Egypte traversée, le raid aurait alors survolé la Mer Rouge et contourné le Yémen et Oman par la Sud, pour ensuite rejoindre Al Dhafra. Si l'exécution de ce plan de vol comporte un avantage évident à ne pas avoir à demander des demandes de survol des territoires des pays du Moyen-Orient, celui-ci a le désavantage de ne pas pouvoir utiliser le suivi de terrain qui se trouve dans l'avionique des Rafale B en raison du survol d'un espace maritime.
Dans un second temps, le raid aurait pu choisir de traverser encore une fois l'espace aérien égyptien, mais au lieu de continuer le survol de la Mer Rouge, ce dernier traversait d'Ouest en Est cette même mer, et entrait alors, avec l'autorisation du pays, dans l'espace aérien de l'Arabie Saoudite. L'avantage de cette deuxième option permet aux équipages des Forces Aériennes Stratégiques de pouvoir s'entraîner en utilisant leur radar de suivi de terrain au-dessus d'une zone désertique.
Dans ce cas là, accepter le survol de son territoire par des aéronefs français, même si c'est un pays allié, n'est pas une décision facile à prendre étant donné la nature de l'exercice qui se joue. Même si les missiles ASMP-A ne sont évidemment pas armés de leur tête nucléaire, ce genre de mission permet à la France et son gouvernement de mettre en valeur la capacité de ses Forces Aériennes Stratégiques à mener un raid nucléaire dans n'importe quel endroit du globe. Approuver le survol de ce type de mission revient donc à soutenir la France dans sa politique de la dissuasion nucléaire.
Il est possible, mais cela n'est pas confirmé non plus, que cet exercice ait également permis d'assurer une relève des pilotes et des appareils stationnés sur la base aérienne 104 d'Al Dhafra, qui sont engagés dans l'opération Chammal au-dessus de l'Irak et, dorénavant, en Syrie.