Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Defens'Aero
Defens'Aero
Menu
Le Ministère russe de la Défense lance une enquête après une série de sept crashs

Le Ministère russe de la Défense lance une enquête après une série de sept crashs

Le Ministère russe de la Défense lance une enquête après une série de sept crashs

Photo : © B. Vinot - Prefontaine / Armée de l'Air - Un Mig-29 russe lors d'un vol en compagnie d'un Mirage F1 de l'Armée de l'Air française pendant un exercice franco-russe.

En Février 2014, lorsque la crise de Crimée éclate et que celle-ci devient officiellement, un mois plus tard, un nouveau territoire russe, l'OTAN et d'autres pays estiment que cette annexion est illégitime et contraire au droit international. De ce fait, les tensions entres ces pays et la Russie vont progresser et l'OTAN va, afin de montrer son soutien et de répondre aux demandes des pays de l'Est, envoyer sur place des forces armées.

Ces mesures dites de "ré-assurances" envers ces anciens pays de l'ex-URSS vont notamment se traduire par la montée en puissance de la mission Baltic Air Policing, qui vise à protéger et à faire respecter la souveraineté de l'espace aérien de la Lituanie, de la Lettonie, et de l'Estonie, avec le déploiement de plusieurs plots de chasseurs de l'OTAN qui assurent cette permanence opérationnelle.

Pour contrer ces mesures, la Russie va alors intensifier ses vols au sein de l'espace aérien international, à proximité d'espaces aériens nationaux, voire même à pénétrer certains d'entres-eux illégalement. Mais ces missions aériennes effectuées par les avions de chasse et les bombardiers à long rayon d'action de l'Armée de l'Air russe, outre le fait de montrer sa présence et sa puissance face aux pays de l'OTAN, a pour effet néfaste d'installer une suractivité au sein des escadrons russes, ainsi qu'une augmentation du nombre de crashs.

En effet, depuis maintenant le début du mois de Juin 2015, l'Armée de l'Air russe est confrontée à la perte de pas moins de sept appareils, tous types confondus, ainsi qu'à la mort de cinq pilotes, décédés dans le crash de leur aéronef.

Rappel des accidents implicant un appariel militaire russe depuis Juin 2015 :

 

Date Aéronef impliqué Conséquence Origine de l'accident
04 Juin 2015 Mig-29UB "Fulcrum" Ejection du pilote et du navigateur.

Problème au niveau des réacteurs.

Le Mig-29UB aurait explosé en vol.

04 Juin 2015 Su-34 "Fullback" Blessures mineures pour le pilote et le navigateur.

Impossibilité pour l'appareil de s'arrêter.

Retournement lors de l'atterrissage.

08 Juin 2015 Tu-95 "Bear" Mort d'un pilote. Un turbopropulseur a pris feu lors du décollage.
03 Juillet 2015 Mig-29 "Fulcrum" Ejection du pilote. Un réacteur aurait pris feu en vol.
06 Juillet 2015 Su-24M "Fencer" Mort du pilote et du navigateur.

Cause inconnue, mais peut-être un problème des réacteurs.

L'appareil s'est écrasé peu de temps après le décollage.

14 Juillet 2015 Tu-95 "Bear"

Deux membres de l'équipage sont morts.

Les autres ont sauté en parachute.

Une valve aurait empêché l'arrivée du carburant dans les turbopropulseurs.
17 Juillet 2015 An-12 "Cub" Aucun décès lors de l'atterrissage d'urgence. La foudre aurait provoqué l'arrêt de deux des quatre turbopropulseurs. 
Accidents aériens après le 17 Juillet 2015 :
02 Août 2015 Mil Mi-28N "Havoc" Un pilote est décédé, et un second a été blessé. Un problème hydraulique serait la cause du crash, survenu lors d'une démonstration aérienne.

 

Cette série noire qui touche l'ensemble des corps de l'Armée de l'Air russe, que ce soit la chasse, l'aviation de transport, ou la flotte des bombardiers à long rayon d'action est, pour l'instant, difficilement explicable avec la prise en compte de plusieurs facteurs.

Les causes précises de ces accidents trouveront leurs réponses lors de la publication des rapports officiels qui résultent de l'enquête qui est ouverte après chaque crash aérien. Par ailleurs, outre ces nombreuses enquêtes, le Ministère russe de la Défense a décidé de lancer une "grande enquête" afin d'apporter d'autres réponses.

En effet, Sergueï Choïgou, le Ministre russe de la Défense, a ordonné le début d'une enquête qui vise à apporter des réponses à cette série de sept accidents aériens, causant la mort de cinq aviateurs.

Ce dernier a notamment indiqué que "le taux d'accidents au sein de l'aviation militaire continue d'être l'un des problèmes les plus aigus auxquels sont confrontés les militaires". L'agence de presse russe Ria Novosti rapporte notamment que le Ministre russe a déclaré que la Russie a "besoin de bien comprendre les causes de ces accidents et d'identifier les mesures spécifiques pour améliorer la situation".

Au moins deux facteurs pourraient expliquer ces accidents :

- Le premier facteur se rapporte à l'âge des aéronefs impliqués.

En effet, outre le Su-34 "Fullback" qui est un chasseur-bombardier relativement récent puisqu'il est entré en service en Mars 2014, l'âge des autres aéronefs est beaucoup plus ancien. C'est notamment le cas du Mig-29 "Fulcrum", des Su-24 "Fencer", et des bombardiers à long rayon d'action Tu-95 "Bear". Ces trois type d'aéronef sont entrés en service lorsque l'URSS était encore en place, de ce fait, certaines cellules sont âgées et ont accumulé de nombreuses heures de vol.

Toutefois, cette question de l'âge doit être nuancée car ces trois appareils ont reçu diverses modifications qui ont amélioré leurs avioniques, qui les ont modernisés, et surtout, certaines anciennes cellules ont pu être retirées et remplacées par des nouvelles, qui peuvent encore voler pendant plusieurs centaines d'heures de vol.

De plus, la production de certains appareils s'est arrêtée longtemps après leur entée en service, ce qui a permis au constructeur d'améliorer les cellules et leur fiabilité, et à l'Armée de l'Air russe, de recevoir des appareils neufs, alors que certains ont déjà plusieurs centaines d'heures de vol.

- Le second facteur, et celui ci est, sans doute, à plus prendre à compte que celui de l'âge, intervient au niveau de la suractivité pour faire face à l'aviation de l'OTAN.

En effet, depuis l'annexion de la Crimée, la Russie a grandement augmenté sa présence militaire et ses vols aux abords des espaces aériens des pays européens et des côtes des Etats-Unis.

Cette augmentation des vols doit être obligatoirement suivie d'un excellent travail au sol de remise en condition des appareils qui rentrent de mission. Or, avec l'augmentation de celles-ci, il se pourrait que les mécaniciens n'aient plus le temps de pouvoir entretenir en profondeur les aéronefs, réalisant alors une maintenance rapide, sans aller dans la profondeur, et en négligeant peut-être certains aspects. Le manque d'argent pourrait aussi jouer dans le fait que certaines pièces usagées ou abîmées pourraient ne pas être remplacées, ou si c'est le cas, par des pièces contrefaites.

Ce second facteur ne semble pas être totalement faux car sur les sept accidents aériens, au moins cinq sont directement dus à problème technique survenu au niveau des réacteurs ou des turbopropulseurs de l'appareil incriminé.