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L'opération Chammal au-dessus de l'Irak devrait durer au moins trois ans

L'opération Chammal au-dessus de l'Irak devrait durer au moins trois ans

L'opération Chammal au-dessus de l'Irak devrait durer au moins trois ans

Photo : (c) EMA / Armée de l'Air - Deux Mirage 2000D lors d'une patrouille armée au-dessus de l'Irak.

Depuis le 19 Septembre 2014, la France s'est engagée en Irak, dans le cadre de son opération Chammal, qui a pour objectif de soutenir les forces armées irakiennes et kurdes qui se battent sur le sol irakien face aux jihadistes de l'Etat Islamique, qui ne cessent d'étendre leurs pouvoirs dans de nouvelles régions.

Actuellement, dans cette opération majoritairement aérienne, l'Armée de l'Air et la Marine Nationale mettent en oeuvre six Rafale de l'Escadron de Chasse 3/30 "Lorraine", un ravitailleur C-135FR du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 "Bretagne", ainsi qu'un Atlantique II, depuis la base aérienne 104 d'Al Dhafra, aux Emirats Arabes Unis.

De plus, l'Armée de l'Air a également déployé un détachement de six Mirage 2000D sur la base aérienne de Prince Hassan, en Jordanie, ainsi qu'un E-3F Sentry AWACS de l'Escadron de Détection et de Contrôle Aéroporté (EDCA) 0/36 "Berry", qui opère à intervalles réguliers depuis une base aérienne au Qatar.

Ces différents moyens aériens, sans oublier la participation du porte-avions Charles de Gaulle et de son groupe aéronaval, ont accumulé pas moins de 900 sorties aérienne au-dessus du territoire irakien uniquement, puisque la France refuse de frapper l'Etat Islamique en Syrie afin d'éviter de renforcer le pouvoir de Bachar El-Assad.

Au cours de ces différentes sorties, que ce soit pour des missions de reconnaissance en profondeur, des missions de reconnaissance armées, ou des missions de frappes planifiées, les Rafale et les Mirage 2000D ont effectué 150 frappes aériennes, qui ont permis de détruire plus de 205 objectifs, selon l'Etat-Major des Armées.

Et ces premiers bilans ne sont que les premiers puisque cette opération, et cela était prévisible depuis le départ, va être amenée à durer dans le temps, et ce, sur plusieurs années.

En effet, lors d'une audition du général Pierre de Villiers, Chef d'Etat-Major des Armées (CEMA), par les sénateurs de la commission des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, ce dernier a indiqué que l'opération Chammal est une opération qui "faut inscrire dans le temps long", puisque "nous n'en sommes qu'au 9ème mois d'une campagne qui doit durer au moins 3 ans" !

Le CEMA a détaillé son propos en expliquant qu'il a coutume de dire "qu'il faut quinze ans pour résoudre une crise", en prenant exemple sur la guerre au Kosovo, et en précisant qu'il faut "une approche globale, politique, diplomatique et économique, telle qu'elle a été discutée lors de la dernière réunion des ministres des affaires étrangères de la coalition en format « small group »".

Enfin, il a également ajouté que "les forces disponibles au sol sont encore insuffisantes face à Daech [Etat Islamique, NDLR]" et que des unités de l'Armée de Terre et des Forces Spéciales forment "les Peshmergas à Erbil et les forces irakiennes à Bagdad".

Il y a environ une semaine de cela, le général Denis Mercier, Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'Air, a déclaré devant des journalistes qu'il "faudrait davantage frapper les centres de commandement du groupe Etat islamique, en notant que la tâche est compliquée par leur présence surtout en Syrie".

Le général Denis Mercier expliquait alors "qu'en Libye [opération Harmattan, en 2011, NDLR] on est allé chercher les centres de gravité de Kadhafi (centres de commandement, points de regroupement...). C'est en attaquant ces centres qu'on a fait basculer Kadhafi, pas en allant tirer 150 pick-up par jour. Là, on y serait encore".

Aujourd'hui, dans l'opération Chammal, le CEMAA explique que "c'est exactement le même problème. On tire beaucoup sur la ligne de front mais derrière il faudrait qu'on se concentre plus sur les centres de gravité. Le problème c'est qu'ils ne sont pas forcément en Irak", mais en Syrie.

Or, de nombreux pays de la coalition internationale refusent de s'engager dans des frappes aériennes au-dessus du territoire syrien, pour ne pas renforcer les forces armées qui sont loyales à Bachar El-Assad. Outre les pays arabes, sur la dizaine de pays occidentaux qui réalisent des frappes en Irak, seul deux pays, le Canada et les Etats-Unis, se sont aussi engagés en Syrie.