Du Vendredi 22 Mai au Vendredi 05 Juin 2015, et pour la deuxième édition, l'OTAN a organisé un vaste exercice, appelé "Arctic Challenge Exercise 2015" (ACE-15) qui s'est déroulé dans le Nord de l'Europe, et qui était réparti entre différentes bases aériennes norvégiennes, finlandaises, et suédoises.
Retour sur cet exercice d'ampleur qui a rassemblé pas moins de 120 avions de combat, de transport et de renseignement, avec la présence d'environ 4 000 militaires.
Objectifs de l'ACE-15 :
Cet exercice, qui rassemble neuf nations dont certaines sont intégrées au sein de l'OTAN, a plusieurs objectifs, qui rappellent les autres missions qui sont accomplies dans d'autres exercices durant l'année.
Le premier objectif est de rassembler un maximum de forces aériennes autour d'une même région afin que celles ci puissent s'entraîner ensemble dans des missions complexes, et qui demandent une coopération sans faille entre les différents participants. Ces missions sont représentatives des situations que certains pays et leurs militaires sont amenés à rencontrer en opération extérieure, comme ce fut le cas en 2011 au-dessus du ciel libyen avec l'opération Unified Protector, ou actuellement, avec l'opération Inherent Resolve au-dessus de l'Irak et de la Syrie, contre l'Etat Islamique.
Le deuxième objectif est d'entraîner et de perfectionner chaque forces aériennes participantes à des missions biens précises et qui répondent aux besoins qu'elles demandent. Au sein du centre de commandent de cet exercice, chaque nation participante dispose d'un officier qui rend compte des besoins du détachement de se perfectionner sur tel ou tel point spécifique du combat aérien moderne.
Enfin, le troisième objectif est aussi politique, puisqu'il permet à l'OTAN et aux nations qui le composent de montrer à la Russie leurs capacités à s'organiser afin de mettre en oeuvre une importante coalition aérienne et à coopérer ensemble. Depuis maintenant plusieurs mois, à la suite de l'annexion de la Crimée par la Russie, les tensions entre l'OTAN et la Russie se sont renforcées et chaque belligérant, lorsqu'il en a l'occasion, expose sa puissance militaire.
Scénario dans lequel s'est inscrit cet exercice "otanien" :
Si, pour les personnes lambda, cet exercice s'est déroulé dans le Nord de l'Europe et plus précisément dans une grande partie de l'espace aérien suédois, et dans une moindre mesure, dans l'espace aérien norvégien et finlandais, pour les militaires des neuf nations, cet exercice s'est déroulé dans le Middleton et dans le Woodland, deux états fictifs et ennemis, créés spécialement pour l'occasion.
Voici le scénario exposé par le Ministère suédois de la Défense et qui a fait office de ligne de route tout au long de cet exercice :
Nous nous trouvons dans le Middleton. Dans le nord, il y a un autre pays appelé Woodland. La frontière entre Middleton et Woodland va d'Est en Ouest, et se trouve à environ 1 600 kilomètres au Sud de l'autoroute 97. Dans la région, il existe depuis quelques temps un vieux conflit frontalier qui vient de resurgir. La région a beaucoup de ressources naturelles, y compris des métaux précieux.
Pour protéger les civils dans la région, l'ONU (Conseil de sécurité) a initié une résolution.
Cela a conduit à la création d'une force de protection militaire appelée MNTF (Multinational Task Force), composée de pays de l'OTAN et de certains de ses pays partenaires (Suède, Finlande et Suisse). MNTF commence à partir de Middleton, depuis la ville Luleå, et a pour objectif d'établir une supériorité aérienne dans la région et de sécuriser la frontière avec Woodland.
Les forces militaires de Woodland ont, ces derniers jours, mené des raids aériens sur Middleton. En outre, Woodland a également déplacé des forces terrestres le long de l'autoroute 45 et a renforcé ses bataillons.
Woodland dispose d'un équipement relativement moderne ainsi qu'une bonne formation de la part de ses unités militaires. Mais dès le départ, Woodland n'a pas su correctement gérer la gestion, la coordination et les communications entre les différentes unités sur le terrain et le commandement à l'arrière Woodland.
Participants et moyens militaires mis en oeuvre :
Le cas des moyens aériens de la France :
Dans le cadre de cet exercice, la France a déployé six avions de chasse ainsi que 108 aviateurs sur la base aérienne de Rovaniemi, en Laponie finlandaise.
Ce détachement est composé de quatre Mirage 2000-5F du Groupe de Chasse 1/2 "Cigognes", habituellement basés sur la base aérienne 116 de Luxeuil, ainsi que d'un Mirage 2000C et d'un Mirage 2000B de l'Escadron de Chasse 2/5 "Ile de France", stationnés sur la base aérienne 115 d'Orange.
Outre ces appareils, l'Armée de l'Air indique dans son article du 03 Juin 2015 que le détachement français, dirigé par le Lieutenant-Colonel Isaac (éjecté d'un 2000-5F le 12 Mai 2014, pour la seconde fois), est également "composé de spécialistes de l’Escadron de Programmation et d'Instruction de Guerre Electronique (EPIGE) de Mont-de-Marsan, de commandos de l’air, du personnel médical, et de techniciens des systèmes d’information et de communications aéronautiques".
Déroulement de l'exercice :
Durant les matinées, trois exercices avaient lieu dans trois secteurs différents, l'un en Norvège, l'un en Suède, et le dernier en Finlande et ces exercices différents regroupaient les escadrons des forces aériennes d'un secteur donné pour un exercice commun, sans qu'il y ait des missions de coopération avec les autres escadrons des autres secteurs.
A contrario, dans l'après-midi, toutes les nations participantes se retrouvaient autour d'un grand, unique et même scénario complexe dans un espace aérien beaucoup plus vaste que celui de la matinée.
Toutes ces sorties aériennes avaient différents objectifs, qui comprenaient des missions d'appui aérien rapproché, d'évitement face à des systèmes sol-air SA-6 "Gainful" et SA-8 "Gecko" d'origine russe mais utilisés par l'armée de terre allemande, d'interception, d'escorte, de combat aérien au-delà de la portée visuelle, et des dogfight.
Enfin, la troisième et dernière sortie de la journée permettait, selon l'Armée de l'Air, "aux avions français d’optimiser leur entraînement. Les pilotes de Mirage 2000 de Luxeuil et d’Orange se confrontent alors dans des configurations d’entraînement diverses et variées".