Photo : (c) RSAF - Formation en vol de deux F-15 de la Force Aérienne Royale Saoudienne.
Depuis le Mercredi 25 Mars, l'Arabie Saoudite a constitué une coalition arabe qui comprend l'Egypte, la Jordanie, le Soudan, le Maroc, le Qatar, le Pakistan, le Koweït, Bahreïn, ainsi que les Emirats Arabes Unis. Cette importante coalition, majoritairement aérienne avec une centaine d'avions de chasse, a pour objectif de frapper des cibles appartenant aux milices chiites, soutenues par l'Iran, qui ont pris Sanaa, la capitale du Yémen, et qui ont progressé vers le Sud du pays afin de s'emparer du pouvoir.
Si les pays occidentaux, comme la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et bien d'autres encore, limitent leurs frappes pour ne pas blesser ou tuer des civils lors des affrontements, on l'a vu notamment en Afghanistan, en Libye, et aujourd'hui en Irak, d'autres pays ont tendance à être, disons, moins regardant sur les dommages collatéraux qu'ils peuvent occasionner lors de leurs frappes aériennes.
C'est le cas actuellement au Yémen, où en douze jours de combats incessants, les frappes aériennes des différents pays de la coalition ont coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes, à diverses reprises, et dans différentes régions du pays.
De nombreuses organisations humanitaires qui ont des bénévoles sur le terrain ont affirmé, à plusieurs reprises, que le nombre de morts et de blessés avait considérablement augmenté depuis le début des opérations aériennes au-dessus du Yémen.
A titre d'exemple, Lundi 30 Mars, et selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), au moins quarante personnes ont été tuées et deux cents autre blessées au sein du camp de déplacés de Mazraq, dans le Nord-Ouest du Yémen. Dounia Dekhili, directrice de programme à Médecins Sans Frontières (MSF), a déclaré que "l’hôpital d’Harad, où nous intervenons, a reçu 34 blessés et 29 morts, dont des femmes et des enfants".
De plus, selon un communiqué d'Amnesty International, "le marché d’Al Kitaf, près de la base militaire d’Al Kitaf, a par ailleurs été pris pour cible Vendredi 27 mars". Ici aussi, vingt personnes, dont trois enfants, ont été tués, et seize ont été blessés.
A la suite de ces nombreux tirs sur des lieux abritant des civils, "des agences humanitaires, telles que le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et Médecins sans frontières, ont condamné l’attaque ayant visé al Mazraq, et demandé à toutes les parties au conflit armé au Yémen de respecter la neutralité des établissements et personnels médicaux et de permettre que les blessés puissent bénéficier sans restriction d’une assistance médicale".
Samedi 04 Avril, la Russie a déposé un projet de résolution devant les Nations Unies, appelant à une pause dans la campagne aérienne menée depuis le 25 Mars par la coalition arabe contre les milices chiites. Moscou a exprimé une "grande inquiétude face à la détérioration importante et rapide de la situation humanitaire au Yémen, en particulier les conditions terribles des civils y compris le personnel diplomatique et consulaire et les autres étrangers".
Ce projet de résolution appelle à l'arrêt et à une pause des frappes aériennes le temps de permettre l'évacuation des étrangers, sans pour autant fixer une durée précise de cette pause. De nombreux pays évacuent leurs ressortissants qui étaient encore sur place, comme la Russie via sa Marine, ou encore la Russie avec deux avions. La France a également fait de même, hier Dimanche 05 Avril, avec son Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Dixmude, puisqu'elle a évacué quarante-quatre ressortissants étrangers, dont plusieurs français, au port de Balhaf, dans l’Est du Yémen.