Photo : (c) USAF - Deux HH-60G Pave Hawk et des militaires américains s'entraînent à une mission CSAR à Nellis.
Le 24 Décembre 2014, au cours d'une mission dans la région syrienne de Racca, un pilote de chasse jordanien s'est éjecté non loin de la ville syrienne qui porte le même nom que la région. Quelques minutes après le crash de son F-16C, qui proviendrait d'une défaillance du réacteur, et non en raison du tir d'un missile sol-air tiré par les jihadistes de l'Etat Islamique, ces derniers ont capturé le pilote.
Gardé en captivité pendant plusieurs semaines, dont on n'ose pas imagier les conditions de détention, et après des négociations qui ont échoué entre la Jordanie et les jihadistes, ces derniers ont sauvagement assassiné le pilote en le brûlant vif, enfermé dans une cage en fer, et tout cela mis en scène dans une vidéo d'une dizaine de minutes.
A la suite de ce crash donc, les Emirats Arabes Unis et le Maroc (bien que la participation de ce pays n'a jamais été officielle) ont décidé de stopper leurs missions aériennes au-dessus du territoire irakien et syrien.
En effet, selon l'information révélée par le célèbre quotidien américain New-York Times, le gouvernement émirati et marocain a pris la décision de stopper ses frappes en raison d'un manque trop important de moyens aériens utilisés dans les missions de recherche et de sauvetage au combat.
Les appareils utilisés pour les missions CSAR (Combat Search And Rescue, en anglais / RESCO, Recherche et Sauvetage au Combat, en français), comme les hélicoptères HH-60G Pave Hawk ou les V-22 Osprey sont tous basés, officiellement, sur des bases au Koweït. Or, la très grande majorité des missions se déroule dans le Nord de l'Irak, là où les jihadistes de l'Etat Islamique sont le plus actif et où ils ont conquis des territoires.
C'est pourquoi, à la suite d'une demande émanant de ces deux pays, et afin d'assurer une meilleure sécurité pour les pilotes de la coalition, les Etats-Unis ont décidé de déployer dans le Nord de l'Irak, à Erbil, des moyens aériens afin de pallier à ce manque. Une source militaire américaine, citée, ici aussi, par le New-York Times, a précisé que le Pentagone est "en train de repositionner des équipes dans le nord de l’Irak". Ce déploiement au plus près des combats permettra "de réduire le temps mis pour atteindre des pilotes éventuellement tombés dans une zone détenue par l'Etat Islamique".
A noter que la Turquie n'a pas accepté que des aéronefs américains soient stationnés sur une de ses bases aériennes dans le cadre de ces missions de recherche et de sauvetage au combat. Selon le Wall Street Journal, "les Etats-Unis ont également cherché à faire stationner des aéronefs en Turquie, mais Ankara a rechigné au fait que Washington puissent utiliser ses bases".
Si certains pays ont désiré suspendre leurs frappes aériennes en raison de ce manque de moyens RESCO, ce n'est certainement pas le cas de la Jordanie, qui vient de mener une vaste opération aérienne qui s'est conclue par la réalisation d'une vingtaine de frappes sur des cibles de l'Etat Islamique en Syrie, avec notamment la destruction de dépôts de munitions, ainsi que des camps d'entraînement. Ces raids des F-16C de la Force Aérienne Royale Jordanienne ont été soutenus par des F-16 et des F-22A de l'US Air Force qui assuraient la protection des aéronefs, et par des ravitailleurs américains, qui étaient là pour allonger le temps des appareils sur zone.
Cette campagne aérienne jordanienne a été l'occasion de montrer aux jihadistes de l'Etat Islamique la détermination de la Jordanie à lutter contre ces terroristes. C'était également l'occasion pour les frères d'armes du pilote jordanien assassiné de venger sa mort, et de l'honorer, encore une fois, en effectuant notamment un passage bas au-dessus de la maison de sa famille, au retour d'une mission de guerre.