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Visualisation des aéronefs sur les radars virtuels, comment cela fonctionne ?

Visualisation des aéronefs sur les radars virtuels, comment cela fonctionne ?

Photo : Capture d'écran du site flightradar24.com

 

Article rédigé par un expert en réglementation aéronautique.

Les sites de visualisation des aéronefs fleurissent sur Internet. Parmi eux, on retrouve radarvirtuel.com, flightradar24.com, planefinder.net, ou encore radar-toulouse.fr, qui nous apportent une cartographie Google Maps sur laquelle sont insérés tout un tas d’aéronefs se déplaçant en quasi-temps réel.

Si un aéronef est sélectionné, une fenêtre s’ouvre, nous donnant ainsi un certain nombre d’informations comme son indicatif de vol, le type d’aéronef (et souvent sa photo), l'aérodrome de départ et d’arrivée, son cap, sa vitesse, son altitude, …. Sa trajectoire passée est aussi visible, ainsi qu'un historique de ses derniers vols.

  • Comment cela est-il possible ?

Il faut tout d’abord savoir que les radars civils (et militaires) ne sont bien sûr pas connectés à Internet. Les informations sont donc récupérées d’une autre manière, et ceci par monsieur tout le monde moyennant l’achat d’un matériel léger et pas cher (un dongle USB relié à un PC et à une petite antenne, le tout coûtant quelques dizaines d’Euros).

Ces informations sont donc émises volontairement par les avions, on parle de détection « coopérative », grâce à leurs transpondeurs, équipement obligatoire pour pouvoir travailler avec les contrôleurs aériens.

  • Ces transpondeurs peuvent être de trois types :

- le transpondeur classique mode A/C, qui émet un code à 4 chiffres, code demandé par le contrôleur pour pouvoir identifier l’aéronef, ainsi que son altitude ;

- le transpondeur mode S, modèle largement plus évolué que le transpondeur classique, qui émet de nombreux paramètres (indicatif de vol, altitude, vitesse, cap, vitesse verticale). Chaque transpondeur mode S possède un identifiant unique parmi 16 000 000 de codes possibles.

- le transpondeur mode S « ES » (Extended Squitter) qui a la particularité d’émettre sa position GPS à des intervalles de temps courts et réguliers. Cette technologie est appelée « ADS-B » (Automatic Dependant Surveillance Broadcast). Ce système émet aussi d’autres informations telles que les aérodromes de départ et de destination.

Les émissions des transpondeurs mode S « ES » (ADS-B) peuvent donc être captées très facilement, et mises en ligne directement sur les sites de radars virtuels. Les aéronefs équipés de ce matériel représentent la majeure partie de ceux que l’on peut y observer.

Les transpondeurs mode A/C et mode S ne transmettent pas leurs positions. Pour cela, un radar appelé « radar secondaire monopulse », comme ceux utilisés sur les aéroports, est nécessaire. Ils ne sont donc pas visibles sur les radars virtuels. Cependant, les émissions des transpondeurs mode S sont tout de même captées.

L’internaute pourra donc savoir qu’un certain type d’aéronef « mode S » est présent (ainsi que son indicatif/vitesse/altitude/…), mais ne pourra pas savoir où il est (il n'apparaîtra pas sur la carte). Il est néanmoins possible de savoir dans quelle région il se trouve grâce à la position du capteur au sol qui reçoit ces données.

Il est donc fort dommage de ne pas pouvoir visualiser les transpondeurs mode S… Rien n’étant impossible, il existe quand même un moyen de pouvoir les visualiser. Comment ? par la Multilatération (MLAT).

La MLAT repose sur le principe de la triangulation temporelle : si un même transpondeur mode S (via son identifiant unique) est repéré par au moins 3 stations de radars virtuels au sol, sa position peut être déterminée (ainsi que son historique de trajectoire). Plus il y a de stations sol recevant le même transpondeur, plus la position sera précise.

Enfin, il existe une dernière technologie permettant de visualiser certains types d’aéronefs sur les radars virtuels (les planeurs, les avions légers et ULM). Ceux-ci peuvent être équipés d’un dispositif appelé « FLARM », permettant en quelque sorte une « anti-collision » entre eux. Le FLARM est en fait un GPS couplé à une radio UHF qui va émettre à intervalles réguliers (comme l’ADS-B) sa position/altitude et son indicatif. Si deux aéronefs équipés sont trop proches l’un de l’autre, des alarmes sonores d’alerte seront générées en cockpit. Le FLARM donnera aussi la position estimée de l’autre aéronef (azimut et site).

Ces émissions sont donc également captées par les stations sol de radars virtuels et sont présentées sur la cartographie Google-Maps. Il faut cependant être conscient que les émissions FLARM sont de faible puissance, et ne sont pas forcément captées.

  • Alors que peut-on voir sur les radars virtuels ?

Les aéronefs civils :

- la quasi-totalité des avions des ligne équipés ADS-B ;

- certains hélicoptères équipés ADS-B ;

- les planeurs et ULM équipés FLARM ;

- les avions d’aéroclub, les hélicoptères, les avions de ligne, ainsi que les ballons, équipés Mode S, à la condition d’êtres captés en MLAT.

Les aéronefs d’Etat :

- la quasi-totalité des avions de transport stratégiques équipés ADS-B : ravitailleurs C-135, Airbus A-310/A-340/A-330, A-400M Atlas, Falcon ;

- les avions de transport tactiques équipés Mode S (C-160 Transall, C-130 Hercules, CN235 Casa), à la condition d’êtres captés en MLAT ;

- pas mal d’hélicoptères équipés Mode S, à la condition d’êtres captés en MLAT ;

- les autres aéronefs équipés mode S et captés en MLAT (Alpha Jet, drone nEUROn, certains Rafale, E-3F Sentry AWACS).