Avec toutes les inconséquentes coupes budgétaires que subissent les forces armées françaises, outre la diminution des effectifs militaires et la suppression de régiments et de bases, on entend souvent parler du seuil minimum d'heures de vol pour les pilotes de chasse, de transport ou d'hélicoptères, qu'ils soient dans l'Armée de l'Air, de Terre, ou au sein de la Marine Nationale.
Par exemple, alors que l'OTAN a établi un quota minimum de 180 heures de vol par an, et par pilotes de chasse, afin de préserver la sécurité des vols et la qualification opérationnelle des forces, en 2014, les aviateurs issus de l'Armée de l'Air ne peuvent voler que 150 heures de vol, alors que la loi des finances en prévoyait 160 pour la même année. C'est trente heures de moins que la norme exigée par l'OTAN. Du côté des pilotes de l'aéronavale, cette situation s'est aussi dégradée, puisque comme le rappelle La Tribune dans un article, les pilotes ont effectué en 2013, en moyenne, 175 heures de vol. En 2014, cette moyenne a chuté à 150 heures de vol.
Les pilotes de transport et d'hélicoptères également font face au même problème, avec une situation qui est pire que celle des pilotes de chasse. Concernant les pilotes de transport, les heures de vol sont "clairement en baisse constante depuis 2011". En 2013, une moyenne est établie à 280 heures de vol, alors que l'OTAN en recommande 400. "Soit toute de même 120 heures au-dessous de la norme OTAN", comme le rappelle justement La Tribune.
Pour ce qui est des pilotes d'hélicoptères, au sein de l'Armée de Terre, il y a 156 heures, contre 180 pour la norme OTAN, dans l'Armée de l'Air, 160 contre 200 heures de vol, et enfin, dans la Marine Nationale, 180 heures de vol en moyenne, contre 220.
Toutes ces baisses s'expliquent par, d'un côté, la diminution des crédits alloués au Ministère de la Défense, et d'un autre côté, par le fait que la France est engagée dans de grosses opérations extérieures, qui mobilisent beaucoup de moyens, en terme de personnels, et de machines.
Mais dans tout cela, certains pilotes arrivent quand même à tirer leur épingle du jeu. En effet, les pilotes de transport de l'Escadron de Transport 3/61 "Poitou", équipé de C-160 Transall et de C-130 Hercules, et intégré au sein du Commandement des Opérations Spéciales, volent en moyenne, 600 heures par an. 200 heures de plus que le quota fixé par l'OTAN. Enfin un chiffre positif !
Cette moyenne très élevée provient du fait que les forces spéciales françaises sont très demandées et constamment sollicitées au sein de la bande sahélo-saharienne (mais pas seulement...) afin de lutter contre les jihadistes. Leur activité est loin d'être terminée, même après l'Opération Serval, puisque des convois, provenant du sud de la Libye, sont régulièrement détruits, et des individus sont "neutralisés", pour reprendre le langage si particulier de l'Etat-Major des Armées.
Cependant, il y a un "revers de la médaille" dans ce chiffre. Si les pilotes des forces spéciales sont sollicités, c'est également le cas pour leur appareil. Or, cette situation est très préoccupante au sein du COS.
Les C-160 Transall, entrés en service dans les années 65, vieillissent et l'inquiétude grandit sur l'avenir du transport des forces spéciales, qui désirent conserver des avions de transport d'un gabarit moyen, bien moins important et plus souple d'emploi que l'A400M.
L'idée d'acheter des C-160 Transall à l'Allemagne aurait pu voir le jour, puisque cette dernière dispose d'appareils qui ont été livrés quelques années après la France. Seulement, les Transall de la Luftwaffe n'ont pas les mêmes spécialités et ont une conception différente par rapport à ses frères français, ce qui limite l'achat. Le COS s'inquiète aussi sur le récent appel d'offres lancé par la Direction Générale de l'Armement. Cette rénovation ne prévoit pas l'intégration d'une capacité de frappe, que ce soit via le système Gerfaut, ou en version Gunship, équipé d'un 30mm.
Photo : (c) Armée de l'Air - Un pilote de transport de l'ET 3/61 "Poitou", équipé de jumelles de vision nocturne. (Cliquez sur l'image pour l'agrandir).