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Joe "Hoser" Satrapa : Une légende de l'US Navy

Joe "Hoser" Satrapa : Une légende de l'US Navy

Joe Satrapa - nom de guerre "Hoser" - est un pilote de l'US Navy qui a marqué toutes les personnes qui ont pu le rencontrer. En effet, ce pilote était un fou furieux dans son domaine de prédilection, le dogfight. Avec un caractère bien trempé, toujours prêt à défier ses supérieurs, Hoser a effectué plus de 160 missions de guerre au Vietnam, et un nombre d'appontage qui avoisine les 500. Dans sa phénoménale carrière, ce pilote a volé sur F-8 Crusader, F-14 Tomcat, A-4 Skyhawk ainsi que F/A-18 Hornet. Satrapa arriva à l'incroyable total de 6.000 heures de vol, dont 4.000 sur F-14.

Hoser est connu pour ses phrases bien trempées comme "les missiles, c'est pour les fillettes", mais aussi, "il faut s'approcher et viser la verrière, car si tu ne tues pas le pilote, il reviendra pour te tuer".

Outre ses phrases et sa carrière impressionnante, l'ancien instructeur à Top Gun est également célèbre pour ses combats en dogfight sur F-14 Tomcat, ou ses aventures, aussi folles les unes que les autres. En voici quelques unes, extraites du forum Checksix :

Joe "Hoser" Satrapa : Une légende de l'US Navy
Dogfight entre deux F-14 et deux F-15 :

Entre 1974 et 1978, l'USAF et l'US Navy ont organisé une compétition entre F-14 Tomcat et F-15 Eagle à Nellis, dans le Nevada, appelée ACEVAL/AIMEVAL.

L'objectif était d'évaluer les capacités air-air de ces avions contre les F-5 Tiger II de Nellis. Ordre avait été donnée aux pilotes de l'Air Force de ne jamais se confronter directement, en combat, aux F-14. Autant dire que cela laissait Hoser parfaitement insatisfait, d'autant que l'ambiance s'était progressivement détériorée entre les pilotes de Tomcat et d'Eagle au cours de la campagne.

Chacun rêvait d'en découdre, à tel point que vers la fin de la compétition, Hoser réussit à arranger un combat en douce avec des moniteurs du 415th Flight Test Flight, volant sur F-15.

Le vol consistait en un 2vs2 (deux contre deux), canon uniquement, pas de fox one, ni de fox two. Arrivés sur zone, les deux marins sur Tomcat initient un large crochet avec un split à 10.000 ft, un avion haut et un avion bas, et une accroche radar à 25 nautiques. Le combat dérive immédiatement en deux 1V1, provoqué par le split précédent, un F-14 combattant haut et Hoser entraînant son opposant en basse altitude, à faible vitesse. Hoser annonce un gunkill à une distance de 250 ft (presque 77m.) tandis que son ailier réalise le même travail un poil plus haut.

De retour à la base, sentant le coup fourré des photographes de Nellis, les deux compères envoient les cassettes des guncams à Grumman. Le lendemain, un général de l'Air Force, furieux, débarque dans les locaux où sont installés les pilotes de l'US Navy et réclame les films sur le champ.

En fait, ce combat avait fait son petit effet car les Japonais, sur le point d'acheter des F-15, avaient eu vent du fiasco de l'Air Force et réclamaient une évaluation du F-14. Au Pentagone, certains voulaient la tête des deux marins impliqués. L'affaire se termine sans trop de sang, tout le monde faisant profil bas et les cassettes repartant entre les mains du général. Le Japon achète des F-15 et l'affaire n'a donc jamais eu lieu.
Sauf que Hoser avait des copies... Desquelles il a tiré un cadre qu'il a installé chez lui...

Photo : Capture d'image du gunkill réalisé par le F-14 sur le F-15, à 250 ft.

Joe "Hoser" Satrapa : Une légende de l'US Navy
Un bang supersonique sur F-14... avec un seul réacteur :

A l'arrivée de Hoser au RAG (Replacement Air Group) de Miramar sur F-14 Tomcat (VF-124), notre pilote a, un soir, effectué un vol de nuit.

Après s'être éloigné de la côte, il revint longer le littoral en supersonique à basse altitude et réveilla toute la Californie, semant son bang de San Diego, jusqu'à Los Angeles. Détail important : il accomplit son forfait avec un seul moteur en post-combustion. Puis il revint se poser.
La matin suivant, les gradés faisaient la chasse au foutu pilote de F-8 Crusader (monorécateur) qui avait brisé toutes les vitres de l'État...

Hoser sur F-14 4 / 0 pour les F-15 :

Hoser, alors capitaine de corvette et instructeur sur la base aéronavale d'Oceana (Virginia Beach) à la VF-101, est programmé avec un étudiant dans un autre F-14, pour un 2vs2 contre des F-15 de la base aérienne de Langley.

Problème : sur le tarmac, son ailier connait des problèmes mécaniques et doit annuler son vol. Qu'à cela ne tienne, Hoser décolle quand même pour ce qui devient un 1vs2... sauf que les F-15 ne le savent pas.

Pendant toute la durée du trajet jusqu'au lieu du combat, Hoser discute à la fréquence avec son navigateur (en place arrière), écoutée aussi par les F-15, pour faire croire à une patrouille de deux avions. Il échange ainsi, avec le type assis trois mètres derrière lui, des séparations, des états de carburant, des changements de cap et de formation... Il s'annonce même comme un «*flight*» de deux avions au contrôleur de la zone.

Le combat commence. Au merge, les deux F-15 repèrent un F-14 et se mettent à la recherche de l'autre, la tête montée sur pivot. Entre temps, Hoser a fait sa petite cuisine, amenant tout le monde en basse vitesse, pile-poil dans le domaine de compétences du F-14. Il tourne alors dans un mouchoir de poche, les ailes à flèche minimale, à forte incidence et épuise les F-15 et leurs grandes ailes. Il aligne deux kills sans trop transpirer.

C'est le moment que les pilotes des deux F-15, un colonel et un lieutenant-colonel, choisissent pour réaliser la supercherie, eux qui avaient mené leur affaire pour se défendre d'un second Tomcat. Très en colère, ils réclament une revanche, sauf que cette fois, le 1vs2 est clairement établi et que les deux larrons ont une furieuse envie de bouffer du F-14. Hoser hausse les épaules, recommence sa cuisine et descend ses deux opposants.

De retour à leur base, les deux pilotes d'Eagles, un brin hallucinés par la branlée majestueuse qu'ils venaient de prendre, appellent la VF-101 pour connaître le nom du type qui "fait ces trucs incroyables". Le commandant de la flottille, interloqué, réclame des détails. On lui donne l'heure du combat et l'indicatif du Tomcat. Le skipper jette un œil sur le tableau de service, hausse un sourcil en lisant le nom de Hoser et redirige ses interlocuteurs sur le téléphone personnel de Hoser, non sans l'avoir auparavant prévenu. Hoser prend la ligne avec le pilote de F-15 en gueulant, dans un style réglementaire, "sous-lieutenant Satrapa, à vos ordres mon colonel !"... Imaginez la tête du colonel qui croit s'être fait farcir de plomb par un stagiaire... !

Joe "Hoser" Satrapa : Une légende de l'US Navy
Éteindre les réacteurs pour échapper à un missile :

Alors qu'il était à la flottille de test VX-4, Hoser faisait partie de l'équipe chargée de tester la capacité de tir frontale de l'AIM-9L. Cette version était capable, selon son fabriquant Raytheon, de trouver une cible par le quart avant, sans avoir à manœuvrer.

Le pilote n'avait qu'à obtenir la tonalité, ce fameux bourdonnement grave du Sidewinder qui a flairé une source de chaleur, et lâcher son missile sans chercher à se placer sur l'arrière de l'adversaire. Les essais montraient effectivement une bonne sensibilité de la technologie... sauf que, quand Hoser servait de cible, le AIM-9L ne parvenait pas à l'accrocher. Jamais.

A Point Mugu, une base de l'aéronavale en Californie, certains flairaient le vice. Plus Hoser servait de cible, plus le kill-ratio du missile chutait.

On interrogea donc Hoser sur sa technique, lequel ne demandait que ça :

"Ok. D'abord, il te faut un maximum de badin (= anémomètre, qui permet de mesurer la vitesse), mais alors, un truc bien joufflu, hein. Ensuite, à 10 nautiques, tu coupes tout. Quand je dis que tu coupes, te ne les mets pas au ralenti hein, tu ARRETES les moteurs, tu tournes cette putain de clé, point barre ! A deux nautiques, tu rallumes les réacteurs, t'as encore 400 kts (environ 740 km/h) au merge et tu peux manœuvrer sur le plan vertical."
Jamais la Navy n'a voulu mettre cette technique dans ses manuels...